Publié le 13 novembre 2024 à 13h19mis à jour sur 13 novembre 2024 à 13h29
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Le ministre de la Fonction publique Guillaume Kasbarian a félicité Elon Musk, chargé par Donald Trump de « démanteler la bureaucratie américaine ». Il dit vouloir partager des « bonnes pratiques » avec le milliardaire américain. Une déclaration qui suscite la polémique.
Un ministre de la République ne devrait pas dire ça. D’ailleurs, au début, on croyait même qu’il s’agissait d’une fausse nouvelle. Trop gros pour être vrai. Et puis, oui, il l’avait dit. Guillaume Kasbarian, chargé de la Fonction publique dans le gouvernement de Michel Barnier, s’est empressé de “féliciter” Elon Musk sur X (que possède le milliardaire) pour sa nomination au poste de ministre de l’Efficacité du gouvernement de Donald Trump. Surtout, dans son message de félicitations, Kasbarian a déclaré avoir “j’ai hâte de partager” avec Elon Musk « les bonnes pratiques pour lutter contre la bureaucratie excessive, réduire les formalités administratives et repenser les organisations publiques au profit de l’efficacité des fonctionnaires ».
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Le ministre, qui doit gérer le destin de plus de 5 millions de fonctionnaires français, veut donc partager la responsabilité “pratique” qu’entend mettre en place Musk, l’homme le plus riche du monde, libertaire avoué, roi de la désinformation, qui nourrit une réelle haine contre la fonction publique de son pays ?. Car Elon Musk, l’autre « vice-président » de Donald Trump, ne s’en cache pas, son plan de bataille est clair : il consiste purement et simplement à « démanteler la bureaucratie gouvernementale ». Une mission que le président américain nouvellement élu va même jusqu’à comparer au Plan Manhattan, du nom du programme de recherche américain durant la Seconde Guerre mondiale pour créer la bombe atomique. Oui, c’est de cela qu’il s’agit : « atomiser » les fonctionnaires. Réduisez-les en poudre. C’est donc de ce programme dont Kasbarian veut s’inspirer pour la France ?
Qui est ce ministre qui fait preuve d’une telle irresponsabilité ? Quasi-inconnu du grand public, Guillaume Kasbarian, ancien consultant converti au macronisme, a été élu en 2017. Fidèle au président, il a joué le rôle de chien de garde lors de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Alstom qui menaçait Emmanuel Macron. Puis, en 2023, il revient au gouvernement, comme sous-ministre chargé du Logement. Libéral sûr de lui, se prenant pour une sorte de Don Quichotte – dont il a une gravure dans son bureau, il aime jouer – comme l’écrivait « Le Nouvel Obs » après sa nomination – le redresseur des torts. Mais son peuple opprimé est constitué de propriétaires qui sont plus confrontés à des dettes impayées que des mal-logés. Il est le père de la loi « anti-squat » qui renforce les sanctions contre l’occupation illégale des logements et raccourcit les délais d’expulsion. Ministre, il a également souhaité réformer la loi SRU qui impose aux communes de construire une partie des logements sociaux sur leur territoire. Volontairement provocateur, l’homme, rond et moustachu, avait installé un barbecue dans les locaux de l’Assemblée en hommage au symbole de virilité critiqué par Sandrine Rousseau. Kasbarian n’aime rien de plus que jeter de grosses pierres dans l’étang et voir les effets produits.
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A l’heure où les contraintes budgétaires imposent des coupes dans les finances de l’Etat, est-ce pour cela que Kasbarian a été choisi en septembre par Michel Barnier comme ministre de la Fonction publique ? Le ministre a déjà décidé de geler le point d’indice en 2024, et a proposé un délai de carence de trois jours pour les arrêts maladie des fonctionnaires, s’attirant les foudres des syndicats. FO et la CGT appellent à la grève en décembre. Guillaume Kasbarian démarre fort. Cette fois, en allant jusqu’à féliciter Elon Musk, n’a-t-il pas été trop fort ? « On pensait que le trumpisme en France se limitait à l’extrême droite. Nous avions tort. Nous avons Guillaume Kasbarian», a réagi Olivier Faure, le patron du PS. Ce mercredi, à l’issue du conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, soucieuse de dégonfler la polémique naissante, a précisé que les orientations prônées par Elon Musk « ne sont pas des inspirations pour le gouvernement ». Michel Barnier, obligé de constituer autour de lui une équipe baroque pour tenir compte des alliances politiques, a toujours revendiqué le respect “liberté d’expression” de ses ministres. Mais la liberté ne signifie pas nécessairement le droit de dire ou de raconter n’importe quoi.