A l’occasion des quarante ans de la chaîne cryptée, le directeur sportif du groupe Canal+ détaille la richesse actuelle de l’offre éditoriale et donne sa vision pour l’avenir.
Arrivé dans le Groupe Canal+ en 2009 en tant que journaliste senior, Thomas Sénécal (49 ans) a depuis gravi les échelons pour devenir responsable des sports en 2022. Ce spécialiste du sport automobile est responsable de l’un des deux piliers de l’offre de contenus du groupe, l’autre étant le cinéma.
LE FIGARO. – Comment résumeriez-vous quarante ans de sport sur Canal+ ?
Thomas SÉNÉCAL. – Avec le mot « passion », car il est partagé chaque jour depuis quarante ans, avec ceux qui font le succès du sport sur nos émissions, c’est-à-dire nos abonnés. Et aussi le mot « innovation », car dès ses débuts, Canal+ a révolutionné la couverture du sport et la production des matchs. Canal+ plus a également noué un lien très fort avec les acteurs du sport, les champions, en les traitant comme des héros de cinéma ou de séries. Canal+ a traité les compétitions comme des films juteux. La chaîne a donné ses lettres de noblesse au sport à la télévision d’aujourd’hui.
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La passion et le goût de l’innovation sont justement deux caractéristiques qui illustrent également le profil des abonnés Canal+….
Bien sûr, les abonnés sont des experts et je le dis parfois à nos équipes, ils sont plus experts que nous sur certains points, sur certains clubs, sur certains pilotes… Pour certains, ils sont fans et grands experts de leur sport favori. D’autres sont plus occasionnels, un peu moins proches de leur sport au quotidien. Il faut donc aussi trouver cette façon de parler aux passionnés et aux moins passionnés. Ce que nous faisons réellement chaque semaine, chaque jour. En ce moment, par exemple, avec les compétitions européennes, il y a un besoin de pédagogie, car la Ligue des Champions a changé de format. Même chose en Formule 1, où on a connu une explosion des audiences entre 2016 et 2022. On a doublé l’audience, accueillant un public plus jeune, plus féminin, peut-être moins expert parfois. Eh bien, notre stratégie a été d’accueillir ces nouveaux abonnés.
« L’âge d’or du sport sur Canal+, c’est maintenant, c’est aujourd’hui, c’est en 2024 et dans les années à venir, car le catalogue de droits avec les exclusivités que nous proposons à nos abonnés, est unique au monde. »
Couverture du football, des sports mécaniques (F1, voile), des Jeux Olympiques 24h/24 et 7j/7, nouveaux documentaires… Canal+ a toujours été un vecteur d’innovation en matière de contenus sportifs. Est-ce toujours une priorité ? L’héritage est-il lourd à porter ? Qu’impose-t-il ?
Nous avons changé d’époque et de dimension en quarante ans mais aujourd’hui tout va plus vite, l’information circule davantage, donc expertise et précision sont plus que jamais nécessaires. Canal Plus était à l’origine une chaîne française, c’est aujourd’hui un groupe, une plateforme internationale qui compte dix millions d’abonnés en France, vingt-six millions dans le monde. L’âge d’or du sport sur Canal+, c’est maintenant, c’est aujourd’hui, c’est en 2024 et dans les années à venir, car le catalogue de droits avec les exclusivités que nous proposons à nos abonnés, est unique au monde. Et voilà, c’est tout ce qui symbolise la maturité du sport sur Canal Plus. Des sports qui, aujourd’hui, portent les audiences à trois millions d’abonnés : les sports mécaniques, le football, le Rugby, le golf, et puis notre capacité aussi à explorer de nouveaux domaines comme les matchs de padel. Samedi dernier, nous avons diffusé un match de rugby féminin Elite. C’était une première. L’héritage n’est pas lourd à porter, dans le sens où il est au contraire un encouragement à innover et à continuer d’explorer de nouveaux domaines pour continuer de surprendre nos abonnés pour les quarante prochaines années.
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Quelles sont les valeurs qui animent aujourd’hui la rédaction sportive de Canal+ ? Comment pensez-vous qu’ils ont évolué au cours de quatre décennies ?
Notre maître mot pour nous à la rédaction sportive est d’emmener nos abonnés en immersion, c’est-à-dire de prendre soin de nos abonnés et aussi de prendre soin des sports que nous diffusons. Nous devons nourrir nos abonnés comme s’il s’agissait d’amis et de membres de la famille, à qui nous expliquons les choses avec le plus grand soin. Et je veux qu’au départ d’une course ou au coup d’envoi d’un match, l’abonné soit notre vingt et unième pilote de Formule 1, notre douzième joueur de D1, notre seizième joueur d’une équipe de Top 14… Et il a toutes les informations nécessaires, comme s’il allait jouer le match. Le stade, la dynamique actuelle d’un club On a la chance dans la rédaction sportive de considérer qu’en fin de compte, on est nous-mêmes une équipe sportive, c’est-à-dire qu’on prépare des événements, on a des délais, on a un devoir pour performer le jour J, au bon moment…
« Le sport n’aime pas les retards… Le sport se vit avant tout en direct. »
Les événements sportifs resteront-ils les derniers points d’ancrage de la télévision linéaire pour les téléspectateurs ?
Les compétitions sportives rassemblent et peuvent être regardées en famille et en direct lors de nombreux événements sportifs. C’est clair, le sport n’aime pas les retards. Le sport se vit avant tout en direct. Canal+ est une plateforme. Notre contenu documentaire y est davantage consommé. Je pense à un documentaire sur Victor Webanyama. C’est l’un des contenus les plus consommés en replay, et cela nous convient très bien. Souvent, c’est un public encore plus jeune qui écoute, qui regarde ce contenu quand il en a envie. C’est pour la partie linéaire en direct, et puis il y a toute l’expérience supplémentaire. Sur MyCanal, qui peut être sur le digital pour être en communauté afin de commenter une réalisation, un objectif ou une action extraordinaire. Qui peut être en mode expert où l’on va plus loin avec des caméras supplémentaires, des classements en temps réel, des données dans le monde du sport automobile comme le MotoGP. Lequel peut être bien sûr sur mycanal en replay, car quand Charles Leclerc remporte le Grand Prix des Etats-Unis, on peut être très heureux, une semaine plus tard, de regarder un documentaire de vingt-six minutes sur lui et de voir vivre une folle expérience. en embarquant à bord d’une rafale de l’Air and Space Force, et même en la pilotant avec beaucoup de sang-froid et de sang-froid. Nous l’avons diffusé dimanche dernier. Avec cinq cent mille spectateurs en direct sur Canal+, c’est un très gros score pour un documentaire.
Quelle est votre vision du sport de demain sur les écrans ?
Le niveau d’expertise des personnes qui suivent le sport est de plus en plus élevé, puisqu’ils sont abreuvés et nourris d’informations sportives. Il sera donc plus que jamais nécessaire de se produire en live. Je pense que le sport sera multimédia et il sera très important de penser à toutes les personnes qui regardent un événement sportif sur leur téléphone, leurs écrans de tous types dans une situation mobile. Je pense que le sport sera aussi plus féminin. Au niveau des concours et dans les équipes éditoriales qui les couvrent. Ce n’est pas un combat, c’est un défi. L’enjeu est de continuer à se ressourcer et, à terme, permettre à tous les passionnés de sport de se sentir accueillis avec pédagogie et expertise.
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Quel sera demain le facteur clé de succès du sport sur Canal+ ?
Notre défi est le rôle de pionnier. Et nous sommes inspirés et motivés par l’esprit pionnier, par l’esprit d’innovation, par la liberté aussi. Canal+ a osé. Nous sommes les dignes successeurs de ces glorieux prédécesseurs. Nous sommes toujours pionniers lorsque nous mettons des micros sur des arbitres ou des rugbymen. Occupons l’espace du numérique où nous avons eu un milliard et demi de vidéos visionnées sur la saison. Et bien voilà, c’est totalement dans l’héritage de ces quarante années de sport sur Canal Plus. Durant les quarante prochaines années, je veux continuer à en être digne, continuer à prendre des risques, à oser. Evidemment à notre manière, avec une autre manière de raconter notre histoire. Il est très important d’aller au-delà de ce que nos abonnés attendent. Pour leur offrir des choses qu’ils n’auraient même pas imaginées. Avec dix mille heures de sport sur les six chaînes. Du sport 24 heures sur 24, 365 jours par an. C’est pourquoi nous sommes convaincus que l’âge d’or du sport est aujourd’hui sur Canal+.