par Redazione , publié le 11/07/2024
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Le grand artiste Daniel Spoerri, pionnier du Nouveau Réalisme et inventeur des tableaux pièges, est décédé à Vienne à l’âge de 94 ans.
Adieu à Daniel Spoerri: le grand artiste suisse d’origine roumaine, connu pour ses contributions à Nouveau réalisme et l’invention de la technique des tableaux-pièges, est décédé à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans. Je donnerai un aperçu des principaux moments de sa vie et de son œuvre. Né comme Daniel Feinstein dans GalataEn Roumanie, le 27 mars 1930, il fut l’un des héritiers les plus marquants de Marcel Duchamp pour l’exploration de la capacité expressive du ready-made, qu’il développa dans une myriade de projets différents. Spoerri a consacré sa carrière artistique à capturer des instants éphémères, transformant des scènes de la vie ordinaire en œuvres d’art éternelles. Sa vision artistique complexe et multiforme a été profondément influencée par ses expériences personnelles et les courants artistiques du XXe siècle.
Daniel Spoerri est né dans une famille d’origine juive et a passé sa petite enfance en Roumanie. Sa famille a été persécutée pendant l’occupation nazie et, en 1942, son père a été arrêté et tué par les nazis. Cet événement tragique marque profondément la vie de Spoerri, et sa mère, avec lui et ses frères et sœurs, parvient à s’enfuir en Suisse, un pays où Spoerri trouvera la stabilité et deviendra sa nouvelle maison. Son éducation et sa formation artistique se déroulent ensuite en Suisse, où il entreprend des études liées à la danse et à la chorégraphie.
Le changement était la devise de Spoerri, qui ne se contentait pas de ce qui était déjà connu et prouvait que pour suivre la puissance de sa curiosité et l’inquiétude fébrile qui le caractérisait, il n’a jamais cessé de créer de nouvelles idées artistiques. Il a été l’initiateur et le directeur de nombreux projets d’expositions environnementales, comme le DyLaby au Stedeliijk Museum, le Cocrodome au Centre Pompidou, et a créé le projet le plus complexe de sa vie Le Jardin de Daniel Spoerri, à Seggiano sur les pentes du Monte Amiata, Toscane.
Carrière de danseur et chorégraphe
La première inclination artistique de Spoerri n’est pas vers l’art visuel, mais vers danse et théâtre. Dans les années 1950, il travaille comme danseur et chorégraphe en Suisse et en France, collaborant avec des personnalités importantes de la scène théâtrale européenne. Durant cette période, Spoerri a développé un focus sur le corps en mouvement et l’importance de la spatialité, des éléments qui influenceront plus tard ses œuvres visuelles. La danse lui a permis d’explorer l’art comme moyen d’exprimer les émotions humaines, et le théâtre l’a mis en contact avec artistes expérimentaux.
Spoerri est également devenu premier danseur à l’Opéra de Berne, assistant à la mise en scène et étudiant à Paris en mime. Ducrot. Dans les années 1950, il était rédacteur en chef d’une revue de poésie concrète (« matière ») : la Édition MAT. Mais sa vocation pour l’art s’est manifestée à Paris dans le lieu mythique, la Chambre n°13 de l’Hôtel Carcasson, rue Moffetard, où Allain Jouffroy et Arturo Schwarz ont pu expérimenter en tant que premiers observateurs le tableaux piegesles peintures-pièges qui semblent défier la loi de la gravité : des planches déjà utilisées sur lesquelles des objets appuyés étaient collés comme des natures mortes en trois dimensions puis accrochés/révélés aux murs comme s’il s’agissait de peintures. C’est pour cela que Spoerri est célèbre et se trouve dans tous les grands musées internationaux.
La transition vers les Arts visuels et le nouveau réalisme
Dans les années 1960, Spoerri s’implique dans le Nouveau réalisme mouvement, un groupe d’artistes qui, comme lui, souhaitaient redéfinir l’art et trouver de nouvelles façons de représenter la réalité. Fondé par le critique Pierre Restany, le Nouveau Réalisme a réuni des artistes comme Arman, César, Tinguely ou Yves Klein, qui ont chacun interprété à leur manière la volonté d’intégrer le quotidien dans l’art.
Un cosignataire du Manifeste des Nouveaux Réalistesécrit par Pierre Restany, avec Yves Klein, Jean Tinguely, Arman, François Dufrêne, Raymond Hains, Martial Raysse et Jacques Villeglé, il a également participé au le mouvement retentissant cérémonie finale en 1970 à Milan en créant le gâteau en forme de Tiare pour Restany au Ristorante Biffi. Comme le nom de Spoerri est également lié à la naissance de ce qu’on appelle Manger L’art, l’art comestible étroitement lié à ses peintures pièges réalisées par les convives de son célèbre restaurant de Düsseldorf (1968) (le « Restaurant Spoerri »), suivi peu après (1970) par la « Eat art-Galerie », la galerie créée le l’étage au-dessus du restaurant pour accueillir une riche programmation d’expositions d’art comestible (Roy Lichtenstein, Dieter Roth, Joseph Beuys, Niki de Saint Phalle et bien d’autres). Ensuite, il y a ses intérêts culinaires comme son traité sur la boulette de viande, l’aliment le plus international que l’on retrouve dans toutes les traditions du monde. Il avait découvert les traditions culinaires au cours de neuf mois passés sur une petite île grecque, Simi, au début des années 1960. Là, il explore la cuisine traditionnelle et les herbes naturelles de l’île et découvre sa nouvelle vocation.
L’invention des tableaux-pièges
Spoerri se distingue par sa technique innovante de tables de piègeune forme d’art qui consiste à « figer » des objets de la vie quotidienne, souvent des scènes de repas ou d’interactions sociales, en les fixant sur une surface verticale comme s’il s’agissait d’un tableau.
Planches pièges sont sans aucun doute La contribution la plus originale de Spoerri à l’histoire de l’art contemporain. L’idée est née lorsque l’artiste a eu l’intuition de fixer sur une toile les restes d’un dîner entre amis. Avec cette technique, Spoerri capture les détails d’une scène quotidienne en congelant assiettes, couverts, verres et autres objets exactement tels qu’ils ont été laissés par les convives. Le résultat est un « piège » pour la mémoire, une représentation figée d’un instant, dans laquelle chaque objet conserve sa propre histoire et son propre contexte. Le tableau devient une sorte de relique du temps, où le désordre, les restes de nourriture et les taches de vin prennent une signification esthétique et symbolique.
Le concept derrière le tables de piège reflète l’intérêt de Spoerri pour le hasard et l’élément éphémère de la vie. Il est fasciné par la possibilité d’arrêter un instant et de le rendre éternel, transformant l’ordinaire en quelque chose d’extraordinaire. Ses tableaux sont à la fois une célébration de la vie quotidienne et une réflexion sur la fugacité du temps.
Œuvres récentes et Jardin de Spoerri
Tout au long de sa longue carrière, Spoerri n’a cessé d’explorer de nouvelles formes d’expression et a élargi sa pratique artistique. L’une de ses dernières créations est le Jardin Daniel Spoerrisitué à Seggiano, en Toscane. Dans ce jardin qui fait office de musée en plein air, l’artiste a installé de nombreuses sculptures et installations, invitant également d’autres artistes à contribuer au projet. Le Jardin de Spoerri est un lieu où nature et art se rencontrent et où les visiteurs peuvent s’immerger dans l’univers créatif de l’artiste.
Daniel Spoerri est arrivé en Toscane comme tous les voyageurs internationaux attirés par cette région et a décidé d’acheter une propriété dans le sud de la Toscane, en Maremme, sur les pentes du Mont Amiata, fasciné par le paysage fantastique de cette région. Le domaine qu’il a acheté est traditionnellement appelé « Le Paradis » en raison de ses qualités naturelles que Spoerri, bien qu’en tant qu’artiste si métropolitain dans sa poétique, reconnaît dans ce lieu, un espace spécial. D’invité admiré, il devient rapidement créateur actif d’un parc de sculptures où il place ses propres œuvres et celles d’amis comme Eva Aeppli, dans une dimension résistante d’un projet collectif qui ressemble à l’album poésie, c’est-à-dire l’album de souvenirs offerts par ceux avec qui il a partagé expériences et amitiés. Aujourd’hui, plus de 100 œuvres d’une cinquantaine d’artistes l’habitent et il représente l’un des jardins d’artistes les plus importants au monde, devenant une immense œuvre d’art environnementale qui raconte les expressions artistiques internationales d’un demi-siècle avec la poétique du ready-made en son centre. Ainsi le Jardin en tant qu’immense œuvre autobiographique immersive est destiné à rester comme un témoignage idéal de la vie et de la poétique du grand maître.
Aujourd’hui, ses œuvres se retrouvent dans d’importantes collections publiques et privées, et son influence est visible dans le travail de nombreux artistes contemporains qui continuent d’explorer la matérialité et la signification des objets du quotidien. Daniel Spoerri, avec sa sensibilité unique et sa capacité à jouer avec le temps et la mémoire, reste un artiste intemporel, capable de bousculer les conventions et de redéfinir le sens de l’art.
Adieu à Daniel Spoerri : le pionnier du Nouveau Réalisme nous quitte. |
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