S’appuyant éternellement sur les peurs et les fantasmes, se moquant, discréditant, humiliant au mépris des faits et de la vérité… Le 5 novembre 2024, la potion trumpienne a fonctionné. Une nouvelle fois, trois ans après avoir quitté le Bureau ovale de la Maison Blanche, Donald Trump a été élu président des 244 millions de citoyens des États-Unis.
Dans ses meetings, face à sa rivale démocrate, Kamala Harris, et sur les réseaux sociaux, l’homme d’affaires utilisait allègrement l’arme de la désinformation. Son discours sur les migrants haïtiens mangeant des animaux domestiques est l’un des exemples les plus frappants et les plus absurdes.
Le projet de Donald Trump de tordre le bras à l’Europe
Lors du débat du 11 septembre, CNN a identifié 33 fausses informations émanant du candidat Trump. La radio américaine NPR en a recensé 162, soit 3 par minute, lors d’une de ses conférences de presse en août dernier. Durant les quatre années de son premier mandat, 30 573 mensonges et déclarations trompeuses ont été prononcés par Donald Trump, selon le Washington Post. Vingt et un par jour !
Arrêtons là les chiffres : le républicain désormais redevenu président est bien un professionnel des fake news, un menteur invétéré, dopé aux algorithmes des réseaux sociaux, qui a commencé sa carrière bien avant d’accéder à la Maison Blanche.
Déluge de désinformation
Mexicains violeurs » et « les criminels » à Kamala Harris qui détournerait l’argent destiné aux victimes de l’ouragan pour héberger des migrants illégaux dans des hôtels de luxe, en passant par de faux chiffres sur les crimes commis par des noirs américains publiés sur Twitter en 2015, des enfants qui subiraient des transitions de genre forcées à l’école à Barack Obama qui ne l’était pas né aux États-Unis, Donald Trump » mensonge sans limite ».
Traduction ? Il ment sans limite, écrit New York Times dans son éditorial du 2 novembre. Et trouve une résonance importante à travers les réseaux sociaux. De fausses informations affirmant que les démocrates auraient fait entrer clandestinement des migrants pour voter à l’élection présidentielle ont été diffusées plus de 3 milliards de fois.
Semi-conducteurs : quelle ligne politique pour Donald Trump ?
Donald Trump aime la fiction, c’est là qu’il est né, sur le petit écran de millions d’Américains. Bien avant de se lancer en politique, il était le héros de sa propre émission de télé-réalité. L’apprentiqui a commencé à diffuser en 2004. Pendant 14 saisons, Donald Trump s’est présenté à sa manière, un homme d’affaires intraitable, un homme de pouvoir, avec le maquillage, la coiffure, il a surjoué l’autorité et a répété, d’épisode en épisode, son fameux « Tu es viré » – tu es viré.
L’homme d’affaires vend son image aux Américains, et les Américains l’achètent. Sa popularité a explosé, un héritage qu’il n’a jamais lâché. ” Il regarde toujours le monde à travers le prisme de la télé-réalité, de la célébrité et d’Hollywood. », explique Ramin Setoodeh, auteur du livre Apprenti au pays des merveilles dans une interview avec Grand Continent.
Théorie du complot
L’acteur de télé-réalité envisage de se lancer en politique à la fin des années 1980. Ce sera chose faite en 2011. Pour son grand baptême, il s’en prend immédiatement à Barack Obama : il propage alors une théorie du complot qui circulait déjà sur sa citoyenneté, une fausse information selon laquelle il n’est pas né aux Etats-Unis, mais au Kenya. .
La mauvaise foi de Trump, ses arguments biaisés trouvent un écho… la méthode fonctionne à merveille. Et peu importe s’il est ridiculisé par Barack Obama lors du dîner des correspondants de la Maison Blanche, Donald Trump, invité à l’événement par le Washington Post compte désormais dans le jeu politique américain.
Attaquer, contre-attaquer, nier les faits, ne rien admettre et continuer de frapper, Trump appliquera toujours tout au long de sa carrière politique la même méthode, apprise il y a moins de trente ans.
Épisode fondateur
En 1973, Donald Trump et son père sont poursuivis par la justice américaine pour discrimination raciale. Leur société immobilière est accusée de mettre un « C » devant les personnes « de couleur » qui souhaiteraient louer un logement. Malgré les preuves du gouvernement, Trump n’abandonnera pas et cherche un avocat pour contre-attaquer. Cet homme sera Roy Cohn, un avocat, ancien conseiller de McCarthy, connu pour son agressivité et sa colère. anti-establishment.
Donald Trump est séduit par l’homme et son discours qui l’incite à ne jamais admettre sa culpabilité, coupable ou non. Ne jamais abandonner. Trump devra finalement accepter un règlement à l’amiable, mais l’essentiel a été appris : l’agressivité paie, et la victoire est toujours possible si vous rejetez les faits et vous retournez contre votre agresseur.
« Le monde est divisé entre ceux qui ont un instinct de tueur et ceux qui n’en ont pas. »
La victoire, pilier de l’histoire familiale de Donald Trump. Un impératif qui doit tout guider. ” Dans la vie, il n’y a qu’un gagnant, tous les autres sont des perdants. Si tu arrête de gagner, tu deviens un perdant », lui a répété son père, Fred Trump. C’est avec lui que Donald apprend le métier, homme d’affaires, promoteur immobilier, il hérite d’une entreprise multimillionnaire.
Avant-dernier de cinq enfants, Donald apprend sa leçon, plus tard lors de ses entretiens face caméra, il adaptera légèrement le mantra familial en répétant : « Le monde est divisé entre ceux qui ont un instinct de tueur et ceux qui n’en ont pas. »
L’Amérique des « faits alternatifs »
La politique est un spectacle et Donald Trump veut en être un, pour rester sous les projecteurs le plus longtemps possible. Dans le bureau ovale de la Maison Blanche, il conseille à ses collègues de traiter chaque journée comme un épisode de télé-réalité. L’apprenti n’est jamais loin.
Lorsqu’il perd face à Joe Biden, il n’admet rien, conteste et attaque à nouveau. L’insurrection du 6 janvier illustre cette détermination, celle de Donald Trump à revendiquer sa vérité et à vivre dans une réalité alternative. Une réalité dans laquelle l’Amérique s’est replongée.