Selzer, ce sondage dans l’Iowa qui pourrait déboucher sur une large victoire de Kamala Harris

Selzer, ce sondage dans l’Iowa qui pourrait déboucher sur une large victoire de Kamala Harris
Selzer, ce sondage dans l’Iowa qui pourrait déboucher sur une large victoire de Kamala Harris

By Renaud Février

Publié le 5 novembre 2024 à 18h20mis à jour sur 5 novembre 2024 à 18h29

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La candidate démocrate Kamala Harris en Pennsylvanie, le 4 novembre 2024. REBECCA DROKE / AFP

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Données Le sondage donne à Kamala Harris trois points d’avance sur Donald Trump, alors que tous les instituts concurrents prédisent une victoire du républicain. Une aberration ? Pas si sûr…

On pourrait penser – surtout en – qu’il ne s’agit là que d’un sondage de plus, à l’échelle d’un petit État, dans un flot incessant d’enquêtes d’opinion. Autrement dit : une goutte d’eau dans l’océan dans une élection aux enjeux multiples et que tous les sondeurs prédisent comme « » le plus serré de l’histoire »… Sauf que ce n’est pas n’importe quelle enquête. Et pas de n’importe quel institut de sondage.

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En effet, selon ce sondage publié dans le quotidien local de l’Iowa, « Des Moines Register », La vice-présidente Kamala Harris arriverait en tête devant l’ancien président Donald Trump dans cet État, avec 47 % des voix contre 44 %. Or, si cet Etat faisait autrefois partie des fameux « swing states », il est désormais considéré (peut-être à tort) par d’autres sondeurs comme un Etat remporté par Donald Trump. Pour avoir une idée de la situation, il faut comprendre qu’au même moment, Emerson College publiait un sondage auprès de 800 électeurs probables dans l’Iowa, et donnait 53 % pour Trump et 43 % pour Harris. C’est une avance de 10 points pour le Républicain. De plus, l’Etat étant qualifié de républicain, aucun des candidats n’y a mis les pieds depuis l’été dernier… Le premier réflexe serait évidemment de rejeter le sondage réalisé par l’institut Selzer & Co comme étant ridiculement contradictoire.

Sauf que l’institut ne fait pas partie de ceux (car oui, il y en a) dont on peut se moquer. Fondée par J. Ann Selzer, Selzer & Co est considérée comme extrêmement fiable. Avec une note de 2,8 sur 3, elle monte à 12e place au classement des centaines d’instituts du pays par l’agrégateur d’enquêtes Five Thirty Eight, devant, pêle-mêle, Ipsos, le Pew Research Center, Gallup… Saluée par le « New York Times », Ann Selzer a, selon au journal américain de référence, « un parcours professionnel exemplaire ».

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A la veille des élections présidentielles de 2016 et 2020, alors que ses concurrents prédisaient une course serrée (environ 3 points d’avance pour Trump en 2016, 1 point seulement en 2020), Selzer & Co a créé la surprise (et suscité l’inquiétude des démocrates) en prédisant des victoires plus importantes pour le Républicain (7 points d’avance en 2016, tout comme en 2020). Résultat des courses, Trump l’emporte effectivement avec une avance plus que confortable pour cet Etat considéré par le passé comme un swing state : 9 points d’avance en 2016, 8 points d’avance en 2020.

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Autre fait d’armes de l’institut : en 2008, il fut le seul à prédire la victoire, lors des primaires démocrates dans l’Iowa, d’un sénateur inconnu de l’Illinois, un certain Barack Obama, dont on connaît désormais le destin. Vainqueur dans l’État, il crée un élan et remporte la primaire démocrate… et la présidentielle !

Entre 2008 et 2020, le dernier Selzer a toujours donné le bon vainqueur lors des élections présidentielles, avec, la plupart du temps, des écarts d’un ou deux points maximum. Une cohérence qui se vérifie également, selon les commentateurs, pour les élections sénatoriales de 2014, 2020 et 2022 dans l’Etat. Seul accroc dans le pedigree : l’élection du gouverneur de l’Etat en 2018. Selzer prédit une victoire démocrate de deux points et c’est finalement le candidat républicain qui l’emporte avec un peu moins de trois points d’avance…

Que peut-on conclure de cette enquête ?

Ce sondage montre un glissement du candidat républicain vers le candidat démocrate. Le précédent sondage, réalisé à la mi-septembre, donnait à Trump une avance de 4 points, et celui de juin, une avance de 18 points contre celui qui était encore le candidat démocrate, le président Joe Biden, rappellent nos confrères de « Libération ». . “Il est difficile pour quiconque de dire qu’il l’a vu venir.” ce renversement de tendance, commente J. Ann Selzer à propos de son enquête dans le « Des Moines Register ». Le candidat démocrate est « clairement en tête ».

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Mais la vraie surprise est ailleurs : ce sondage met en lumière la force inattendue du vote des femmes de plus de 65 ans et sans affiliation politique particulière, qui se sont déclarées massivement en faveur de Kamala Harris (57% contre 29% pour Donald Trump), influencée par la question. de l’avortement. « L’âge et le sexe sont les deux facteurs les plus dynamiques pour expliquer ces résultats. » explique l’enquêteur. Une population qui n’est pas si rare aux Etats-Unis…

De plus, si le changement que Selzer croit percevoir ne se concrétise pas dans les urnes et que Donald Trump finisse par gagner dans l’Iowa, mais avec une avance moins nette que celle envisagée par les autres sondeurs, cela pourrait signifier que les démocrates feront également beaucoup mieux dans d’autres sondages. États… y compris ceux qualifiés de « swing states » ! En d’autres termes, les sondeurs auraient généralement sous-estimé le vote féminin anti-Trump dans cette dernière ligne droite et, d’un autre côté, surestimé le vote Trump. Un peu comme le vote pour l’extrême droite française dans les années 2010. En extrapolant, certains commentateurs envisagent donc une vague bleue déferlant sur les Etats-Unis, en totale déconnexion du discours général qui imagine au contraire un vote très serré…

Un scénario improbable ?

A lire l’analyse de Joshua Clinton, professeur de sciences politiques à l’université Vanderbilt, c’est plutôt le travail d’autres sondeurs qui semble “incroyable”. « En fait, les sondages d’État montrent non seulement une course extraordinairement serrée, mais aussi une course invraisemblablement serrée. »il explique.

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Dans une étude publiée cette semaine par NBC, ce spécialiste des sondages remet en question la “similarité” Les résultats – à quelques décimales près – des enquêtes d’opinion disponibles suggèrent que ce sont peut-être les sondeurs et non les électeurs qui sont à l’origine de cette quasi-unanimité. « Un sondeur peu enclin au risque et disposant d’une marge de cinq points dans une course serrée peut choisir d’ajuster ses résultats pour les faire correspondre à ceux d’autres sondages, de peur que son sondage particulier ne nuise à sa réputation. »

Et il n’est pas le seul à le penser. Interrogé par l’AFP, W. Joseph Campbell, professeur à l’American University de Washington, s’interroge « si les sondeurs ne maquillent pas un peu trop leurs données, pour s’aligner sur les résultats des autres ».

« C’est un phénomène difficile à prouver mais que l’on soupçonne, on appelle ça l’instinct grégaire. »

Il faut dire que les instituts de sondage sont sur la défensive, face aux coûts financiers et aux difficultés croissantes pour joindre les électeurs, à l’ère des smartphones et de leur filtrage des appels. Et l’expérience des récentes élections présidentielles américaines ne nous amène pas à approuver sans réserve leurs prédictions.

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Les sondeurs s’étaient en effet trompés aussi bien en 2016 (victoire de Donald Trump contre Hillary Clinton) qu’en 2020 (défaite de Donald Trump face à Joe Biden). La première fois, en sous-représentant la catégorie des « des Blancs sans diplôme universitaire » parmi les électeurs qui ont donné la victoire au Républicain. La deuxième fois, malgré les mesures correctives prises, il a encore une fois sous-estimé le vote Trump, tout en surestimant celui de Biden.

Il faudrait une seule de ces erreurs pour que les sept États clés soient remportés ce mardi par Donald Trump ou Kamala Harris, une hypothèse que personne ne peut exclure.

Sur un total de 538 grands électeurs, le républicain en remporterait alors 312, ou le démocrate 319, soit bien au-dessus de la barre fatidique des 270 grands électeurs nécessaires à la victoire.

 
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