Le prix Goncourt, le plus prestigieux prix littéraire francophone, sera remis ce lundi 4 novembre, à 13 heures, au restaurant Drouant à Paris, comme c’est la tradition depuis l’édition de 1914 du Goncourt.
Le gagnant recevra un chèque symbolique de 10 euros mais sera surtout assuré d’une notoriété et d’une promotion inégalées de son livre dans toutes les librairies.
Cette année, Kamel Daoud (Houris, chez Gallimard), Gaël Faye (Jacarandaat Grasset), Sandrine Collette (Madeleine avant l’aubechez JC Lattès) ou Hélène Gaudy (Archipels chez l’Olivier) sont engagées dans la bataille pour le Prix Goncourt. Mais tous les regards seront tournés vers le face-à-face entre Kamel Daoud et Gaël Faye, deux auteurs explorant les blessures récentes de l’Algérie et les massacres de la « décennie noire » et de l’après-génocide au Rwanda.
Un choix politique
Selon six journalistes littéraires interrogés par Livres Hebdo, Kamel Daoud est le favori. Ils sont cinq à le voir sacré, dont l’un d’entre eux qui laisse entendre que deux jurés « ont récemment changé de camp », en faveur de l’auteur franco-algérien.
Dans le monde de l’édition parisienne, on entend très souvent ce même pronostic revenir. “Kamel Daoud l’aura, pour des raisons non pas littéraires, mais politiques”, a déclaré anonymement un éditeur. La décision de l’Algérie d’interdire les éditions Gallimard au Salon international du livre d’Alger, du 6 au 16 novembre, aurait pu jouer en sa faveur.
Le profil atypique et idéal de Gaël Faye
Selon un autre rédacteur, Gaël Faye aurait « le profil du Goncourt idéal ». A savoir très populaire, auteur d’un best-seller adapté au cinéma (Petit pays), et, ce qui serait une première dans une liste dominée par les écrivains bourgeois d’un certain âge, musicien, chanteur et slameur.
Les deux auteures du dernier carré, Sandrine Collette et Hélène Gaudy, sont des outsiders. «Ils peuvent servir de remède si le jury ne parvient pas à se mettre d’accord. Surtout Sandrine Collette», explique un rédacteur.
Un accélérateur de ventes
Fait important : les deux dernières finales se sont déroulées au maximum en 14 tours, avec cinq voix pour un concurrent et cinq voix pour l’autre. Dans ce cas, la voix du président du jury compte double, en l’occurrence Didier Decoin en 2022 et 2023. Pourtant, ce président a changé.
Philippe Claudel, élu à ce poste en mai, a indiqué en privé qu’il ferait tout son possible pour éviter ce scénario. Il pourrait pousser vers une solution négociée si le premier tour donnait cinq voix à un candidat et cinq voix à un rival.
L’année dernière, le prix Goncourt a récompensé Jean-Baptiste Andrea pour veille sur elle (L’Iconoclaste). 627 180 exemplaires ont été vendus, dont la moitié entre novembre et décembre, après la remise du prix, signe de la force de ce prix.
Le dernier prix Goncourt de Gallimard remonte à 2020, et le dernier de Grasset à 2005, soit la plus longue sécheresse pour cette maison depuis les années 1960.