« Les foires ne sont plus ce qu’elles étaient. » C’est avec ce constat que le rapport de Jean Masse, publié dans La Tribune-Le Progrès du mercredi 4 novembre 1964.
Pourtant, au milieu de ces rendez-vous parfois moribondes, il y en a un qui résiste : la foire aux champignons de Saint-Bonnet-le-Froid qui se tenait la veille, dans « ce village placé en sentinelle aux confins du Velay et du Vivarais » .
Loin de l’ambiance des foires d’antan
« Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu une telle abondance », constate notre reporter, tout en soulignant que l’ambiance n’est plus la même. « Autrefois, la foire commençait bien avant le lever du jour et c’était dans les salles des cafés, dans les hangars où s’entassaient les « vautrées », que se déroulaient les transactions. Au petit jour, nous trouvions vendeurs et acheteurs dégustant un bon saucisson chaud ou un morceau de longe avant de reprendre leur route. Plusieurs tonnes de champignons séchés ont alors quitté cette petite ville. »
Néanmoins, le mardi 3 novembre 1964, Saint-Bonnet-le-Froid retrouve les foules des grandes foires. « La récolte semble avoir été bonne cette année », constate notre journaliste.
Une fin d’août généreuse pour les cèpes
Un avis confirmé par Mme Rochedix et Mme Cros, venues de Montregard et de Saint-André-en-Vivarais. « L’année dernière, les principales vendanges ont eu lieu vers la fin du printemps. Cette année, à la même époque, nous n’avions rien. En revanche, une forte poussée a eu lieu fin août et elle n’a duré qu’une quinzaine de jours. »
Des cèpes sains, fermes et non vermifuges, qui ont poussé grâce à quelques tempêtes salvatrices.
Quinze journées particulièrement prolifiques au cours desquelles “tous les cueilleurs de Saint-Bonnet-le-Froid, Montregard, Saint-André-en-Vivarais et Saint-Julien-Molhésabate se sont retrouvés précocement dans les forêts de ce massif des Boutières”.
20 francs le kilo
En contrepartie de cette abondance, le prix s’est un peu effondré : 20 francs le kilo de cèpes séchés. « Le point haut est resté faible par rapport aux années précédentes. La vente manquait d’offres : il y avait à peine plus d’une dizaine d’acheteurs. »
Seuls quelques lots de qualité supplémentaire atteignaient 25 francs le kilo. Et au final, on estime qu’environ une tonne de champignons ont été échangés lors du millésime 1964 de la célèbre foire de Saint-Bonnet-le-Froid.