Après avoir disparu des radars pendant 15 ans, Philippe Jeantot, créateur du Vendée Globe, est revenu ce samedi matin aux Sables d’Olonne. Jugé entre 2003 et 2008 pour non-déclaration d’impôts sur le revenu, fraude fiscale et faillite, le marin qui vit désormais en Thaïlande dispose désormais d’un quai qui porte son nom sur le port des Sables.
Il a disparu en 2008, sans laisser de trace. Il est désormais de retour aux Sables d’Olonne, où un quai porte son nom, à Port-Olona. Sans lui, le Vendée Globe n’existerait pas. C’est pourquoi la ville des Sables d’Olonne a décidé de rendre hommage au créateur de cette incroyable course à la voile autour du monde, sans escale et sans assistance.
« C’est évidemment une émotion. Cela me rend très heureux. Je suis ému. Je remercie le maire d’avoir pris cette initiative”, a déclaré Philippe Jeantot au micro de RMC Sport, touché de retrouver des visages qui lui semblaient familiers à l’occasion de cet émouvant retour aux sources.
L’ancien skipper s’était montré très discret ces dernières années. Philippe Jeantot avait échappé aux radars après sa deuxième condamnation pour fraude fiscale (ses démêlés judiciaires avaient débuté en 2003, avec sa mise en examen après la mise en liquidation de la société organisatrice). Il ne veut plus entendre ces histoires.
C’est oublié, et puis… j’ai la mémoire courte
Ouest-France a fini par retrouver sa trace en octobre 2016, en Thaïlande, où il a commencé une nouvelle vie il y a cinq ans.
« Il y avait l’envie de tourner la page, puis de dire que maintenant je commence une nouvelle vie », nous a-t-il confié. « Je cherchais un pays où je pourrais partir avec mon bateau et ensuite vivre dans des conditions faciles et favorables. Quand on souhaite vivre sur un bateau toute l’année, il n’y a pas beaucoup d’endroits au monde où aller. Je voulais éviter les endroits avec des cyclones, des tornades. Me voilà donc en Thaïlande et c’est vraiment une nouvelle vie. Je suis une personne très simple, je n’ai pas une vie compliquée. Je ne suis pas un gros joueur : la mer, la plongée, le bateau, les amis, je suis parfaitement heureux.
Philippe Jeantot : “C’est très, très violent”
Plus de vingt ans après son départ, Philippe Jeantot a visiblement remarqué beaucoup de changements en déambulant dans la ville des Sables-d’Olonne : « Il y a beaucoup d’endroits que je ne connaissais pas. Le port, quand je vois tous ces bateaux, c’est certainement impressionnant, je suis très très surpris. La course elle-même n’a pas grand-chose en commun avec ce qu’elle était au début des années 1990 lors de sa création, imaginée dans un bar de Sydney en 1986.
« D’après ce que j’ai entendu, c’est violent. C’est très, très violent. Avec des sièges où les skippers sont sanglés avec des casques… A mon époque, on était loin de ça. Nous avons passé plus de temps dehors qu’à l’intérieur. C’est vrai que la première fois, on partait vers l’inconnu. Les treize concurrents partis étaient des marins très expérimentés. du monde seul ou en équipage, sur des bateaux, à l’époque révolutionnaires, mais qui aujourd’hui semblent être des reliques Car l’évolution qui a eu lieu en 20 ou 30 ans est extraordinaire. «Nous parcourions de 250 à 500 milles par jour.»
Les marins qui ont fait la légende du Vendée Globe ces dernières années et qui prendront le départ de la 10e édition dans une semaine, Philippe Jeantot le reconnaît sans difficulté, il ne les connaît pas. « Je connais Jean Le Cam, et sinon, je n’en connais pas d’autres. Mais je suis content pour eux, car ce sont des gens qui vont vivre une expérience extraordinaire. Je leur souhaite de franchir la ligne d’arrivée.
« Certains qui ont assisté au départ du premier Vendée Globe me l’ont dit après coup. On part, tous les bateaux de soutien sont là. Ils nous suivent sur 5 ou 10 milles au large. Et à un moment donné, ils se retournent. Et ce jour-là, il y avait un vent d’est glacial, on m’a dit après coup qu’il y avait eu un silence de mort pendant plusieurs minutes. Les gens se demandaient tous : combien vont revenir ? eux, nous allions nous suicider. Cela n’avait jamais été fait. Il y a treize concurrents au départ. Y en a-t-il au moins un qui reviendra ?