La saison cycliste qui s’est essentiellement terminée samedi au bord du lac de Côme, a confirmé la suprématie absolue de Tadej Pogacar et de son équipe des Émirats arabes unis, ce qui contraste avec la chute de la maison Visma.
Quelques courses restent à disputer, dont le Tour du Guangxi en Chine, mais les stars du peloton ont désormais toutes mis leur vélo au garage pour partir en vacances, au terme de ce Tour de Lombardie marqué par une nouvelle démonstration de le phénomène slovène.
Pogacar et Team UAE au firmament
Aucun coureur depuis le grand Eddy Merckx, pas même Bernard Hinault, n’avait réalisé une saison comme celle accomplie par Pogacar. Premier doublé Giro-Tour depuis 1998, augmenté d’un triomphe aux Mondiaux et de deux Monuments (Liège-Bastogne-Liège et Lombardie), la comète de Komenda (26 ans) a remporté 25 victoires, un record pour un sprinteur uniquement atteint par le L’Italien Alessandro au XXIe siècle, en 2005.
Tadej Pogacar en jaune sur un podium du Tour de France, le 17 juillet 2024 à Superdévoluy / Thomas SAMSON / AFP/Archives
Sa domination est à l’image de celle de son équipe, qui a engrangé 81 succès grâce à 20 coureurs différents, loin devant les 73 succès de Quick-Step en 2018. Dotée d’une puissance financière colossale, au budget inconnu, l’équipe émiratie risque de continuer à dominer puisqu’elle ne n’attire que des grands noms (Jhonatan Narvaez) mais aussi les jeunes les plus prometteurs (Pablo Torres).
La chute de l’empire Visma
Le contraste est frappant pour Visma-Lease a bike. Si dominante l’an dernier, lorsqu’elle avait remporté les trois grands Tours, l’équipe néerlandaise est tombée de très haut, à l’image de ses deux stars Jonas Vingegaard, qui a perdu le Tour de France après deux victoires, et Wout Van Aert. Le Norvégien et le Belge ont des circonstances atténuantes, avec des chutes effrayantes au printemps, l’un des grands thèmes de la saison.
Tadej Pogacar (C), Jonas Vingegaard (G) et Remco Evenepoel (D) sur le podium final du Tour de France à Nice le 24 juillet.
Victime de multiples fractures et d’un pneumothorax, Vingegaard a peu couru. Van Aert est bien revenu sur le Tour d’Espagne, où il a empoché trois de ses cinq victoires de l’année, avant de se blesser à nouveau lors d’une chute. Une année sombre, à oublier, comme pour toute l’équipe (pas de Top 10 dans les 5 Monuments !). L’Américain Matteo Jorgenson a été le seul point positif, avec notamment une victoire à Paris-Nice. Une autre superpuissance a connu un flop retentissant : Ineos, seulement 14 succès et un psychodrame pour finir avec Tom Pidcock, non sélectionné pour le Tour de Lombardie.
Evenepoel et Van der Poel, les autres ogres
Si Pogacar a écrasé la saison, il n’a pas tout gagné et deux hommes ont aussi réussi à écrire l’histoire. Le Belge Remco Evenepoel (24 ans) est devenu le premier coureur à réaliser un doublé olympique en remportant le contre-la-montre et la course en ligne à Paris. Il conserve également son titre mondial contre le chrono et prend une belle troisième place à l’issue de son premier Tour de France.
Le Néerlandais Mathieu Van Der lors de sa victoire dans l’édition 2024 de Parix-Roubaix, le 7 avril 2024 / Bernard PAPON/POOL/AFP/Archives
Mathieu van der Poel (29 ans) a semé la terreur au printemps en devenant le premier depuis Fabian Cancellara en 2013 à remporter le Tour des Flandres et Paris-Roubaix la même année. Il a impressionné en s’imposant à Roubaix après un raid de 60 km et avec trois minutes d’avance. Evenepoel, Van der Poel et Pogacar ont remporté à eux deux 12 des 14 derniers Monuments.
Pour le reste, des miettes
Face à la puissance du trio, le reste du peloton a dû se contenter de miettes. Primoz Roglic a cependant encore une fois rendu une copie très présentable en remportant son quatrième Tour d’Espagne et son deuxième Critérium du Dauphiné. Le sprinter belge Jasper Philipsen a brisé la monotonie en remportant Milan-Sanremo, premier Monument de l’année, puis trois étapes du Tour de France.
Le sprinteur érythréen Biniam Girmay avec le maillot vert au départ de la 15e étape du Tour de France, le 14 juillet 2024 à Loudenvielle / Thomas SAMSON / AFP/Archives
L’Érythréen Biniam Girmay a également brillé sur le Tour avec trois étapes et le maillot vert en prime. Le Suisse Marc Hirschi, coéquipier de Pogacar, a été étincelant en fin de saison. Enfin, l’Australien Ben O’Connor a fait preuve d’une belle régularité (4ème du Giro, 2ème de la Vuelta et des Mondiaux) au sein d’une équipe Decathlon-AG2R qui a brillé (30 victoires, 5ème meilleur total de la saison).
Chutes et drame
Photo prise lors d’une chute du Belge Wout Van Aert lors d’une étape du Tour de France, le 10 juillet 2024 vers le Lioran / Anne-Christine POUJOULAT / AFP/Archives
La saison a également été marquée par de nombreuses chutes, souvent graves, qui ont relancé le débat sur la dangerosité d’un sport pratiqué en plein air et qui va de plus en plus vite. Jusqu’au drame où la coureuse suisse Muriel Furrer, 18 ans, est décédée après une sortie de route lors de la course junior des Mondiaux de Zurich fin septembre. Alors qu’une enquête est en cours, les circonstances restent floues concernant cet accident survenu à quelques kilomètres du domicile de la jeune femme. Cela survient un peu plus d’un an après le décès d’un autre coureur suisse, Gino Mader, qui avait déjà sérieusement ébranlé le peloton.
