Il existe deux grands noms du jeu vidéo d’horreur : « Resident Evil » et « Silent Hill ». Ils reposent sur des partis pris diamétralement opposés : là où « Resident Evil » se concentre sur l’action et les jumpscares (ces scènes choquantes qui font sursauter de son siège), « Silent Hill » choisit la menace sourde, l’horreur psychologique, en un mot : l’inconfort.
Et si 2 est considéré comme le meilleur, c’est parce queil n’essaye pas d’expliquer comment Silent Hill est devenue une ville maudite plongé dans un brouillard perpétuel. Il l’utilise comme un révélateur de ce qui se cache dans l’inconscient de ceux qui s’y perdent : traumatismes, culpabilité, pulsions, dépression… La ville ne leur donne que de la chair.
Un scénario totalement indépendant
L’histoire de Silent Hill peut se résumer en une phrase : un homme reçoit une lettre de sa femme.
« Dans mes rêves fiévreux, je vois cette ville. Silent Hill. Tu as promis de m’y ramener un jour. Mais tu ne l’as jamais fait… Je suis seul là-bas maintenant. Dans notre « endroit spécial ». Dans votre attente.”
Le problème est que Mary est décédée il y a trois ans des suites d’une longue maladie. Comment une femme décédée peut-elle envoyer une lettre ? Et pourquoi es-tu venu à Silent Hill de toute façon ? C’est là que se trouvent les reflets de James Sunderland, le regard perdu devant un miroir sale, alors qu’il vient d’arriver dans cette ville vidée de ses habitants mais peuplée de monstres difformes, où il va rencontrer une femme qui ressemble exactement à deux gouttes d’eau à Marie.
Pour visualiser ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d’intérêt.
Gérer mes choix j’autorise
Dans les rues désertes et les logements délabrés de Silent Hill, James croisera d’autres âmes souffrantes (comme Eddie, hanté par des pulsions meurtrières, ou Angela, une jeune femme suicidaire). Lui-même devra choisir entre fuir, affronter ou subir la cruelle vérité qui l’a conduit ici.
Sous forme, le joueur explore la ville, résout des énigmes, tente d’éviter de mourir aux mains d’une créature et se demande s’il a bien fait d’éteindre la lumière avant de jouer. Parce que « Silent Hill 2 » ne vous épargne rien : par exemple, lorsqu’un ennemi est proche, on entend des parasites inquiétants sur la petite radio que porte James (un son qui vient aussi de la manette, dans la version PlayStation 5 du jeu). Et croyez-moi, entendre le danger venir est encore pire que le voir.
Un remake qui remplit le contrat du mieux qu’il peut
S’attaquer à « Silent Hill 2 », jeu tant apprécié de ses joueurs et dont le succès repose sur une alchimie particulièrement subtile, n’est pas une mince affaire. Le remake remplit le contrat du mieux qu’il peut : adapter « Silent Hill 2 » à une nouvelle ère sans (trop) la dénaturer. Visuellement, c’est une réussite, le jeu propose un joli lifting sans trahir l’original (notamment ses créatures qui restent délicieusement dérangeantes). Côté oreilles, le compositeur officiel de la série, Akira Yamaoka, a presque tout recommencé (il affirme avoir composé 9 heures de nouvelle musique). Déroutant pour les fans de la brillante bande originale, mais objectivement, ce paysage sonore plus discret et subtil est très efficace.
Enfin, si le gameplay est largement dépoussiéré, le jeu reste assez rigide dans sa structure : les niveaux ont été entièrement retravaillés mais la progression, basée sur des passages obligatoires assez obscurs, reste de l’époque.
Le studio Bloober Team, à qui Konami a confié son terrifiant bébé, donc traité avec le plus grand respect (peut-être un peu trop). Et vous n’avez plus aucune excuse pour ignorer cette histoire profondément marquante du jeu vidéo. Un cauchemar qui reste, aujourd’hui encore, terriblement venimeux.
???? « SILENT HILL 2 – REFAIRE » – Disponible sur PC et PlayStation 5
Grâce à Delphine Évenou, Hélène Fily et Victor Vasseur pour le doublage vocal