Apprenant ce matin qu’Hedi Slimane quitte officiellement Céline, un collègue m’a demandé de façon folle : “Tu crois qu’ils vont remettre l’accent sur le e ?” » Le rebranding de la maison française fondée en 1945 fut l’un des grands faits d’armes d’Hedi Slimane, créateur aussi virtuose que silencieux, qui réussit avec Céline (sans accent donc) la mission pourtant périlleuse de succéder au Anglaise Phoebe Philo, première prêtresse du minimalisme devenue l’héroïne absolue de la mode au début des années 2000. Aujourd’hui, l’homme a la silhouette d’un éternel adolescent, toujours fasciné par les courants créatifs de la jeunesse anglo-saxonne, quitte.
Ce n’est pas une surprise, tant la rumeur était tenace de frictions, malgré le succès phénoménal de la marque, dont les sacs, chaussures et ceintures sont devenus au fil des années la référence absolue des filles à la mode. Car Céline, sans accent, est une marque vraiment populaire. Son fermoir iconique, inspiré de l’architecture de la Place de l’Etoile, est une signature que l’on retrouve dans les rues de Paris comme celles de New York, Londres, Séoul et Abu Dhabi. Le look bourgeois de la femme Céline, le chic Ozempic de son alter ego masculin s’incarnent également dans la haute parfumerie, les objets et le mobilier de boutique. Une vision totale de la marque portée par des campagnes photographiées par Hedi Slimane lui-même, créateur total qui, après six ans, a décidé de dire au revoir à la maison, et donc au groupe LVMH auquel elle appartient.
Le mercato mode reste très fébrile
Ce n’est pas la première fois qu’Hedi Slimane tire sa révérence au sein du numéro un mondial du luxe (son départ de Dior, en 2007, après des années de succès si tonitruant que Karl Lagerfeld lui-même avait décidé de perdre du poids pour porter ses vêtements, avait déjà fait l’effet d’une bombe dans le monde de la mode Alors que les rumeurs vont bon train sur une hypothétique arrivée de Slimane chez Chanel, qui entretient de son côté le mystère sur la succession de Virginie Viard avec un art du secret digne d’un banquier suisse, Céline a pris les devants. Un peu avant 16 heures, la maison a annoncé l’arrivée à la tête du studio de Michael Rider, l’Américain qui travaillait jusqu’ici chez Polo Ralph Lauren. Son nom avait déjà circulé au printemps dernier : voici une rumeur confirmée.
Mais le mercato mode reste très fébrile. Tandis que les paris s’échauffent du côté de la rue Cambon (Hedi Slimane étant, comme Simon Porte Jacquemus, en tête de liste des bookmakers de mode), Haider Ackermann comme Pier Paolo Piccioli sont également sur le marché. Ce n’est plus le cas de l’Italien Alessandro Michele qui vient de rejoindre Valentino. La succession rapide chez Céline ne devrait pas calmer le mercato… Quant à l’accent sur le « e », on verra si Michael Rider – qui a travaillé chez Céline avec Phoebe Philo, ainsi que chez Balenciaga – lui appartiendra désormais pour ressusciter. lui ou pas.
