Le club des garçons n’est plus ce qu’il était

Même si l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) compte désormais 16 % de femmes ingénieures et candidates à la profession, comparativement à 4 % en 1989, les efforts se poursuivent pour attirer davantage de femmes. Mais déjà, une petite révolution a eu lieu sur le terrain. LE club de garçons n’est plus ce qu’elle était.

Hélène Brisebois, ingénieure en structure et présidente de SDK, en sait quelque chose. Diplômée de Polytechnique Montréal en 1987, elle trouve rapidement un emploi en génie-conseil chez SDK, dont elle devient actionnaire après deux ans.

« Les réunions qui commençaient à 16 heures avec les promoteurs immobiliers étaient courantes », se souvient celle qui est devenue présidente en 2007. De toute façon, nous travaillions souvent jusqu’à 20 ou 21 heures : on nous apportait des pizzas. ou du poulet. Nous sommes également retournés au bureau dimanche. »

Hélène Brisebois, qui a travaillé notamment sur le campus MIL de l’Université de Montréal, a eu ses enfants au début de sa carrière. «J’avais une nounou», explique-t-elle. Heureusement, mon copain avait un travail plus facile à concilier avec la famille en termes d’horaires. C’était comme ça à l’époque. Aujourd’hui, personne n’accepterait cela ! Les gars partent aussi à 16h pour aller à la garderie. La société a évolué, dans le bon sens. »

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

La construction de l’hôpital de Vaudreuil-Soulanges, un projet de 2 milliards de dollars dirigé par Hélène Brisebois

Chez SDK, les femmes représentent environ le tiers des 60 employés, mais environ 20 % des ingénieurs, précise Hélène Brisebois, qui travaille maintenant entre autres à l’hôpital de Vaudreuil-Soulanges, un projet de 2 milliards de dollars. Même s’il reste encore du chemin à parcourir, elle note que la situation a beaucoup changé depuis ses années à l’université.

Nous n’avions pas de modèles. Je n’avais jamais rencontré de femme ingénieur avant d’entrer à Polytechnique.

Hélène Brisebois, president of SDK

Il y a désormais davantage de femmes en ingénierie occupant des postes de direction. Certains sont à la tête de sociétés d’ingénierie. De plus, les deux grandes écoles de la ville, Polytechnique Montréal et l’École de technologie supérieure (ETS), sont désormais dirigées par des femmes, respectivement Maud Cohen et Kathy Baig, deux anciennes présidentes de l’Ordre.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE ARCHIVES

Sophie Larivière-Mantha, présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec

« Les femmes ont besoin de modèles et de mentors lorsqu’elles choisissent un domaine », affirme Sophie Larivière-Mantha, présidente de l’Ordre.

-

Modèles et pratiques inclusifs

Offrir des modèles aux jeunes constitue l’une des principales stratégies de l’Ordre pour convaincre davantage de filles de choisir le génie. «Nos ambassadeurs vont les voir dès le secondaire, car c’est là qu’ils font les choix de cours essentiels pour pouvoir se diriger vers l’ingénierie», explique Sophie Larivière-Mantha.

À la suite d’un sondage réalisé en 2019 auprès des femmes qui révélait que 45 % des ingénieurs disaient avoir déjà subi de la discrimination dans leur carrière, l’Ordre a également réalisé des guides pour sensibiliser les employeurs à l’importance d’avoir des pratiques inclusives.

Chez BBA, une firme de génie-conseil comptant 1 500 employés au Canada qui estime compter 20 à 23 % de femmes parmi ses ingénieurs et techniciens, des efforts sont faits en ce sens depuis plusieurs années. La responsable des talents et du développement durable, Renée-Claude Turgeon, mentionne que chaque employé doit suivre une formation sur les préjugés inconscients. Ensuite, toute l’équipe d’acquisition de talents a été formée à la diversité, l’équité, l’inclusion et un comité a été créé sur le sujet.

« L’objectif est d’être un lieu de travail inclusif », explique-t-elle. Cela signifie qu’une personne peut être qui elle est, partager ses idées, se sentir entendue et sentir que même si elle appartient à un groupe minoritaire, elle a les mêmes opportunités que les autres. Si nous disposons de cette base, nous pouvons travailler pour attirer davantage de femmes. Sinon, nous n’y arriverons jamais. »

Parmi les changements apportés, elle mentionne que son équipe d’acquisition de talents s’assure toujours que ses efforts de dépistage incluent des femmes. De plus, le panel qui mène les entretiens d’embauche est diversifié.

Le candidat au poste doit se reconnaître parmi les personnes qui passeront l’entrevue.

Renée-Claude Turgeon, responsable des talents et du développement durable, BBA

Ces dernières années, des efforts ont également été faits pour avoir des femmes au conseil d’administration (33 %) et dans l’équipe de direction (26 %). « Plusieurs femmes ont également été promues associées, précise Renée-Claude Turgeon. Nous proposons également différents programmes de leadership pour aider les gens à progresser et nous veillons toujours à ce qu’un bon pourcentage de femmes y participent. »

Des équipes plus diversifiées

Qu’est-ce que change, concrètement, l’arrivée des femmes dans ces clubs de garçons d’antan ?

«Dans la construction, il y a beaucoup de stress, il y a beaucoup d’argent en jeu», raconte Hélène Brisebois. Depuis qu’il y a plus de femmes, la façon dont les gens s’adressent aux autres lors des réunions s’est adoucie. Il y a aussi moins de déchets. Une politesse s’est instaurée. »

Il y a aussi un impact sur les solutions trouvées. « C’est prouvé, quand il y a de la diversité dans un groupe, il y a de la diversité dans les idées, indique Renée-Claude Turgeon. Dans une entreprise inclusive, les équipes sont riches. Chaque projet en profite. »

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

-

PREV Découvrez l’intégralité de la collection Hotwheels F1, ses prix et sa date de sortie
NEXT Semaine mitigée pour les clubs français en coupes d’Europe, qui voient les Pays-Bas grignoter leur retard