Biden ferme la porte à la sidérurgie américaine chez Nippon Steel – 04/01/2025 à 06:28

Usine Edgar Thomson de US Steel à North Braddock (Pennsylvanie), États-Unis, 4 juin 2024 (AFP / Rebecca DROKE)

US Steel et Nippon Steel ont menacé de poursuites judiciaires après que le président Joe Biden a annoncé vendredi qu’il bloquait le projet de rachat par le géant japonais du géant américain de l’acier, une décision aux enjeux politiques et géopolitiques élevés. .

Cette fusion, qui agite les deux pays alliés depuis un an, “placerait l’un des plus grands producteurs d’acier américains sous contrôle étranger et poserait des risques pour notre sécurité nationale et nos chaînes d’approvisionnement essentielles”, a expliqué le président américain.

« Une industrie sidérurgique forte, détenue et exploitée au niveau national, est une priorité clé », a-t-il insisté.

Les États-Unis sont le premier importateur mondial d’acier, un secteur largement dominé par son grand rival, la Chine.

Le ministre japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie Yoji Muto a jugé “incompréhensible et regrettable que le gouvernement Biden ait pris une décision de ce type en invoquant des préoccupations pour la sécurité nationale”, selon un communiqué transmis à l’AFP.

“Ce n’est pas une décision contre le Japon, nous avons été en contact avec eux et avons partagé nos impressions”, a assuré la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, lors d’un point presse. .

« Le président reste convaincu que l’acier américain et les travailleurs américains continueront de croître grâce à ce qu’il a déjà accompli. L’industrie sidérurgique est plus forte qu’elle ne l’a été depuis longtemps », a ajouté le porte-parole.

Le sujet fait l’objet d’un rare consensus sur une scène politique très tendue et divisée, alors que Joe Biden doit remettre les clés de la Maison Blanche au président élu Donald Trump le 20 janvier.

– « Aucune preuve crédible » –


Le président américain Joe Biden lors d’un discours à la Maison Blanche, à Washington, Etats-Unis, le 3 janvier 2025 (AFP / Chris Kleponis)

Le syndicat des métallurgistes de l’USW s’est dit « reconnaissant » de la décision du président sortant de « maintenir une industrie sidérurgique forte dans le pays ».

Dans un communiqué, il a également appelé la direction de US Steel à « prendre les décisions nécessaires pour développer l’entreprise et la maintenir rentable ».

Mais les deux groupes sidérurgiques ont dénoncé cette décision, y voyant « une violation flagrante » de la loi et menaçant de « prendre toutes les mesures appropriées ».

“Le processus a été manipulé pour faire avancer l’agenda politique du président Biden”, ont accusé les deux sociétés dans un communiqué commun.

Selon eux, le président n’a présenté « aucune preuve crédible d’un problème de sécurité nationale ». “Malheureusement, cela refroidira toute entreprise basée dans un pays allié qui envisage d’investir massivement aux États-Unis.”

Grand chantre de la réindustrialisation, le président a également œuvré depuis quatre ans pour relancer les alliances internationales des États-Unis, notamment en Asie.

Il a mené une diplomatie particulièrement active avec le Japon, considéré comme un allié stratégique dans la région. Mais il a donc choisi, dans cette affaire, de donner la priorité aux considérations de politique interne.

Donald Trump, qui a fait campagne sur un message de souveraineté économique et de protectionnisme, a également assuré qu’il empêcherait cette fusion, initialement annoncée en décembre 2023.

– « Menace concurrentielle de la Chine » –


L’usine du géant japonais de l’acier Nippon Steel à Kitakyushu, au Japon, le 16 février 2024 (AFP / Philip FONG)

Un panel chargé d’évaluer les conséquences d’un éventuel rachat sur la sécurité nationale des Etats-Unis a refusé de se prononcer fin décembre, renvoyant la question à Joe Biden, qui avait 15 jours pour se prononcer.

L’opération s’est retrouvée au cœur de la campagne présidentielle, car elle concerne en priorité la Pennsylvanie, Etat stratégique sur le plan électoral et aussi berceau de l’aciérie aux Etats-Unis.

Le groupe japonais s’est efforcé de vaincre les réticences de Joe Biden en proposant de multiples garanties et des conditions attractives.

Il a notamment proposé, selon la presse, que le gouvernement américain dispose d’un droit de veto sur toute réduction potentielle de la production d’acier américain aux Etats-Unis.

Le sidérurgiste japonais s’était également engagé à maintenir l’emploi et avait promis au moins 2,7 milliards de dollars d’investissements dans des sites industriels syndiqués, ainsi qu’une prime de 5 000 dollars pour les salariés de US Steel en cas d’acquisition.

US Steel, de son côté, a également milité pour ce rachat, décrit comme un moyen de « lutter contre la menace concurrentielle de la Chine » et d’assurer la prospérité future de l’entreprise.

Les marchés ont réagi négativement à la décision de Joe Biden, le titre US Steel terminant la séance à Wall Street en baisse de 6,53%, à 30,47 dollars.

 
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