Il existe aujourd’hui en France de nombreuses statues controversées : Colbert, devant l’Assemblée nationale, Gallieni à Saint-Mandé ou encore Belain d’Esnambuc, à Fort-de-France qui a non seulement fait l’objet de polémiques mais aussi été déboulonnée. Cependant, à côté de ces statues en voie de destruction, certaines communes ont fait le pari d’ériger des personnages de l’histoire de France, qui rappellent quelque chose de sa grandeur, d’une part par le grand personnage représenté, et d’autre part grâce à le savoir-faire des sculpteurs français, mis en valeur par ces statues. C’est le cas de la commune de Nice. Christian Estrosi a réaménagé l’espace attenant à l’église Sainte Jeanne d’Arc, construite en béton armé dans les années 1930 et classée monument historique depuis 1992. Pour rendre le quartier plus attractif, un jardin de plus de 2000 mètres carrés a été créé, et, face à l’église, une imposante statue de sainte Jeanne d’Arc a été inaugurée mercredi 23 octobre, en présence de l’équipe de sculpteurs de l’atelier Missor. La statue en bronze mesure 4,5 mètres et pèse 9 tonnes. Malgré une longue polémique, accusant la mairie de Nice de n’avoir pas lancé d’appel d’offres ni de mise en concurrence, Christian Estrosi finit par retirer le drap blanc, découvrant la Pucelle d’Orléans montée sur son cheval et brandissant son épée. Pas question de réinterprétation contemporaine ou abstraite, la statue est fidèle à la représentation traditionnelle de l’héroïne nationale. La statue a coûté 170 000 euros. Le maire de la ville déclare, sur son compte X : « Elle est superbe et c’est tout ce qui compte. » Il poursuit : « Pour Nice, c’est une fierté de disposer enfin d’une statue de Jeanne d’Arc. »
Malgré les protestations, des statues mythiques sont érigées
À Rueil-Malmaison, le 2 août 2024, ce n’est pas un personnage historique mais mythique qui a élu domicile dans le paysage. Les mêmes sculpteurs de l’atelier Missor ont offert à la municipalité, à l’occasion des Jeux Olympiques, une statue en bronze d’Héraclès, portant à bout de bras une torche enflammée. Aux Sables d’Olonne, dans le même champ lexical qu’à Rueil-Malmaison, le sculpteur Charbonnel a créé une statue en bronze d’Ulysse, haute de trois mètres. Posé sur les rochers à marée basse, il semble flotter sur l’eau à marée haute. Ici ce n’est pas l’histoire de France qui est mise en avant mais la culture qui trouve une de ses innombrables racines profondément ancrée dans la littérature de la Grèce antique. A Toul, un autre personnage historique a fait ériger sa statue en toute discrétion jeudi 24 octobre : le général Marcel Bigeard. Cette fois encore, l’idée d’ériger cette statue en bronze de 2,5 mètres de haut n’a pas fait l’unanimité. En effet, certains habitants de Toul ainsi que des associations dont la LDH se sont opposés à ce que la mémoire de ce militaire soit célébrée par une statue, toute proche d’un monument aux morts. En effet, s’il est incontestable que Bigeard fut une figure emblématique de la Résistance pendant l’Occupation, ces associations refusent de le dissocier de la guerre d’Algérie. Malgré cette opposition, les soldats du 516e Le régiment du train de Toul a assuré le retrait de la statue, œuvre du sculpteur Boris Lejeune, sur son socle.
Certains veulent déboulonner nos statues, témoins de notre Histoire. D’autres au contraire, comme l’association Touche pas à ma statue ou des historiens, comme Dimitri Casali, auteur de Ces statues qu’on démolitprendre leur défense. Et puis, il y a ceux qui en érigent de nouvelles à la gloire de nos grandes figures nationales, comme à contre-courant du wokisme ambiant.
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