Ami de Françoise Sagan, figure du Saint-Trop’ des années 1960, Jacques Cordier était aussi l’époux de Simone Ducktein, la propriétaire du mythique hôtel La Ponche. Après une exposition à Nice, ses œuvres normandes sont exposées au musée de Trouville.
Françoise Sagan trouvait ses peintures « gaies et poétiques ». Elle aimait sa peinture « sensible » et « pleine de rêves ». Elle aimait aussi l’artiste qui était un ami. Si ses tableaux étaient « fidèles aux couleurs de Saint-Tropez » ; était fidèle à son esprit. À Saint-Tropez, son nom évoque encore aujourd’hui le ciel bleu infini et les lumières scintillantes du soir qui ont longtemps recouvert les murs de l’hôtel La Ponche. L’établissement dirigé par son épouse Simone Duckstein était un petit Saint-Germain-des-Prés sur mer. Boris Vian y avait ouvert un club, où se côtoyaient dans le même esprit fou et insouciant des artistes populaires : Juliette Greco, Roger Vadim et Françoise Sagan évidemment.
L’âme du lieu était Simone Duckstein. Son mari Jacques travaillait du matin au soir dans son atelier au pied de la citadelle, où le couple tenait également une petite galerie de peinture. « Jacques Cordier a fait ses débuts à Montmartre dans les années 1950, il tient sa vocation de son arrière-grand-oncle Charles Cordier, sculpteur connu sous Napoléon III », raconte l’historienne de l’art Marie-Isabelle Pinet, qui lui a consacré un catalogue raisonné. D’abord dessinateur, il se consacre ensuite à la peinture figurative et s’épanouit avec les paysages de Provence et de Normandie. « Avec les variations de lumière et les reflets changeants de l’eau, il suit la grande tradition des impressionnistes. »
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Une mort tragique
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Jacques Cordier dans son atelier.
©DR
En 1975, alors qu’il s’apprêtait à publier une série d’aquarelles avec des textes de Jean d’Ormesson, il décède dans un accident de voiture. Il n’a que 38 ans et a déjà une œuvre importante derrière lui. Sa veuve se consacrera à faire sortir son œuvre du cocon tropézien vers le monde redoutable et redouté de l’art. Après avoir vendu l’hôtel La Ponche, elle crée un fonds de dotation et fait appel à l’experte en art Marie-Isabelle Pinet. Une première exposition consacrée aux lumières de Provence est présentée en 2023 au musée Masséna de Nice. Un deuxième volet consacré au gris normand, comprenant de nombreuses nouveautés, est présenté cet automne à Trouville-sur-Mer. Autre ambiance, autres tons, autres lumières. L’occasion aussi de découvrir des tableaux simples et beaux et une figure méconnue d’une époque heureuse.
« De Trouville à Saint-Tropez : patrimoine et contraste » du 19 octobre 2024 au 5 janvier 2025 au musée de la Villa Montebello à Trouville-sur-Mer.
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