Simone Guillissen-Hoa, grande architecte enfin reconnue

Simone Guillissen-Hoa, grande architecte enfin reconnue
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« Quelle vie incroyable, quelle femme merveilleuse ! »nous avons écrit en novembre lors de sa sortie à Prisme Éditionsd’après l’excellente biographie de l’architecte belge Simone Guillissen-Hoa (1916-1996), par Caroline Mierop, elle-même architecte et qui a dirigé La Cambre de 2003 à 2017.

CIVA a reçu toutes ses archives de son fils, l’architecte Jean-Pierre Hoa, et présente, dans une scénographie très réussie, sa première exposition monographique.

Vue de l’exposition au CIVA ©Photo : Filip Dujardin

Des vitrines horizontales serpentent le long des murs, racontant sa vie, son œuvre et sa postérité, à travers des photographies, des documents, des dessins, des magazines, des lettres, souvent très émouvantes, qui éclairent son parcours. Au mur étaient accrochés des tableaux qu’elle possédait dans son appartement de bureau de la rue Langeveld à Bruxelles qui vient d’être classé par la Région : de Max Bill, Enrico Castellani, Pierre Cordier, Jacques Dupuis, Tapta et Alfred Roth jusqu’à Léon Spilliaert qui a peint son portrait en 1936 !

Eva Giolo&Aglaia Konrad ont réalisé un film Simone sur plusieurs réalisations de Guillissen-Hoa dans leur état actuel. Le film est visible au centre de l’exposition.

La biographie de Simone Guilissen-Hoa

Sa carrière et sa vie personnelle ont constamment défié les limites imposées par les conventions sociales, les normes de genre, les dogmes religieux et les préjugés raciaux. Eurasienne, militante, résistante, mère célibataire, sa vie est épique et elle a utilisé une énergie vitale extraordinaire pour traverser les épreuves.

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Elle a utilisé une énergie vitale extraordinaire pour traverser les épreuves..

À Dachau

La famille Hoa à Pékin, vers 1919 ©Crédit : Civa Collections

Elle est née à Pékin en 1916, d’un père chinois, ingénieur et d’une mère écrivain juive polonaise. Ses parents vivant en Chine, elle se retrouve à 12 ans, seule avec son frère Léon internat dans une école française puis à Bruxelles au lycée Dachsbeck.

Elle décide en 1934 de devenir architecte, une des premières femmes architectes de Belgique, et d’étudier à Bruxelles, à La Cambre qui vient d’ouvrir en 1927 sous la direction d’Henry van de Velde. Elle y côtoie de grands noms du modernisme belge : Victor Bourgeois, Jean-Jules Eggerickx, Huib Hoste.

Elle épouse Jean Guillissen, militant communiste et grand résistant, dont elle se sépare au bout de quelques années. deux étaient en Espagne pour soutenir les Républicains. Jean Guillissen est fusillée par les Allemands en 1942. Résistante pendant la guerre, elle est emprisonnée à Ravensbrück, puis à Dachau. Elle a très peu parlé de ses deux années de captivité.

Avant la guerre, elle avait effectué un stage déterminant pour sa carrière en Suisse auprès d’Alfred Roth. Son architecture sera influencée tout au long de sa vie par l’école moderniste suisse ainsi que celle du Danemark ou de la Finlande.

Simone Guillissen-Hoa, Maison d’Assche, anciennement Drève des Lauriers, Bruxelles 1957 ©Crédit : Collections photos CIVA : Studio Minders

Yaron Pesztat, directeur de Civa, parle de lui, un « un modernisme modéré et certains éléments de langage récurrents dans ses maisons de ville, comme les bandes blanches, les toits noirs et les garde-corps ajourés. Dans ses relations avec ses clients, elle est peu radicale et même très flexible. Elle n’impose pas, comme d’autres architectes de l’époque, hier et encore aujourd’hui, un système fermé à prendre ou à laisser. Au contraire, elle est très attentive au programme qui lui est demandé. »

Les droits des femmes

Après la guerre, elle débute véritablement son activité d’architecte, collaborant avec Jacques Dupuis sur huit projets, et proche des architectes Roger Bastin, Pierre Coulon et Jean-Pierre Blondel. Elle fut l’une des premières femmes belges à créer un bureau d’architecture à son nom.

Elle a conçu de nombreux bâtiments en Belgique, dont la Maison de la Culture à Tournai, le Centre sportif de Jambes, la bijouterie De Greef à Bruxelles (avec Dupuis) ​​ainsi qu’un très grand nombre de maisons particulières dont une splendide à 1962, à Court-Saint-Etienne, la Maison Regniers-La Quinta, à proximité de certaines maisons de Richard Neutra et Frank Lloyd Wright.

Simone Guilissen-Hoa, Maison La Quinta, Baisy-Thy. ©Crédit : Collections CIVA, Photo : Asselberghs & Embo, Yves Auquier, Henri Coomans

Par ailleurs, elle noue des relations profondes et durables avec l’avant-garde suisse et notamment avec des architectes et des artistes tels qu’Alfred Roth et Max Bill.

Dans les années 1950, elle devient membre de l’association Soroptimist, organisation de défense des droits des femmes, et dans les années 1970, elle participe à la création de la section belge de l’Union internationale des femmes architectes. Un vaste programme public sur le féminisme et l’architecture est également proposé à Civa.

Un nouveau contrat de gestion pour la Fondation KANAL et CIVA

Simone Guilissen-Hoa, au CIVA, rue de l’Ermitage 55, 1050 Bruxelles, jusqu’au 22 septembre

 
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