Quel est l’héritage des plus grands économistes de l’Histoire ?

Quel est l’héritage des plus grands économistes de l’Histoire ?
Quel est l’héritage des plus grands économistes de l’Histoire ?

La fin des années 1980 voit naître l’un des jeux télévisés les plus populaires des dernières décennies : « Le juste prix. » Les candidats étaient invités à donner la valeur d’un objet, la plus proche possible de son prix d’achat, pour espérer remporter le prix ultime. Bien qu’inspirée d’un célèbre show américain (comme tout ce qu’il y a de meilleur de cette époque), la notion économique de « juste prix » est bien français !

Cela nous vient de Thomas d’Aquin. Moine dominicain et futur saint, il fonde une vision éthique de l’échange qui repose sur deux formes de justice, qu’il tient d’Aristote : la justice commutative (ce qu’on donne doit être égal à ce qu’on reçoit) et la justice distributive (rendre à chacun ce qui lui est dû). ). Le prix doit être non seulement rentable pour les deux parties, mais aussi bénéfique. Il y a donc un lien entre la vision anthropologique et la vision économique de saint Thomas d’Aquin, comme l’explique Michel Musolino dans Les géants de la pensée économique (Perrin).

De l’idéalisme de Marx à l’éco-anxiété de Malthus

Le professeur d’économie dépoussière l’héritage de dix-sept grands économistes qui ont marqué l’histoire des idées. Car si le niveau des étudiants français en mathématiques et en sciences est inférieur à la moyenne de l’OCDE, leur culture économique ne s’en sort pas beaucoup mieux. Nous pouvons tous nous demander : connaissons-nous les grands économistes ? Tout diplômé du secondaire pourra en citer quelques-uns parmi ceux que l’histoire et la connaissance commune ont reconnu comme tels. Mais que savons-nous vraiment d’Adam Smith et du « principal invisible » ou Léon Walras et sa théorie de l’équilibre général ?

Pour remédier à cette ignorance, Michel Musolino ratisse large : de l’idéalisme de Karl Marx à l’éco-anxiété de Thomas Malthus, en passant par la théorie schumpétérienne de la “l’ouragan perpétuel” ou l’engagement de Joseph Stiglitz pour la gestion des biens communs… Le lecteur comprendra que l’héritage de ces penseurs est omniprésent, et pas seulement lorsqu’ils ont conçu les principes qui régissent les choix de politiques économiques au plus haut sommet de l’État. Michel Musolino rappelle que cet effet « est visible dans les éléments les plus simples de la vie quotidienne : du contrôle technique automobile au barème des impôts ou à la suppression du service militaire. Tout a été pensé, conçu par des économistes. Même la disposition des plats dans les cantines scolaires.

En fait, l’économie a voulu se construire comme une science et établir – comme les mathématiques, dont elle annexait les outils – des lois universelles et des principes absolus. Elle a réussi à s’appuyer sur d’autres disciplines et à les intégrer dans son champ d’investigation. « Née à l’ombre d’autres sphères de la connaissance humaine – comme la religion, qui régit la vie humaine depuis des siècles – l’économie s’est émancipée. Elle est devenue dominante, au point qu’il est aujourd’hui difficile d’imaginer un homme politique se passer des conseils avisés des économistes, surtout s’il est destiné aux plus hautes responsabilités. souligne l’essayiste.

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Mais au-delà de l’histoire, comment penser l’avenir ? Les impératifs actuels et pressants impliquent de dépasser les paradigmes fondateurs de l’économie, affirme Michel Musolino. La discipline reine du comportement humain doit à nouveau se soumettre à une éthique et une morale qui lui sont encore étrangères aujourd’hui. Si on en doute, le professeur nous rassure : « Elle peut le faire. Parce que l’économie n’a jamais été la discipline des fins. Elle était, est et ne sera jamais autre chose que la discipline des moyens. »


Les géants de la pensée économique, de saint Thomas d’Aquin à Paul Romer, de Michel Musolino, 384 pages, 24 euros.

 
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