Ils y attendaient depuis plusieurs millénaires. À la fin de l’année, des archéologues de l’Université de Barcelone, en partenariat avec le ministère égyptien du Tourisme, ont exhumé 52 momies sur le site de fouilles archéologiques d’Al-Bahnasa. Si la découverte de momies dans des espaces habités par les hommes durant l’Egypte ancienne est courante, elles présentent néanmoins une particularité surprenante. Treize d’entre eux furent enterrés avec une langue d’or. Une manière, pensent les spécialistes, de préparer les défunts à leur vie future.
L’une des momies exhumées a même été embaumée avec deux langues dorées dans la bouche. Une autre avait des plaques d’or sur les ongles. Bien que ces découvertes soient magistrales en elles-mêmes, elles ne représentent qu’une partie de ce que les archéologues ont découvert sur le site antique.
À Al-Bahnasa, le mélange des cultures grecque et égyptienne se retrouve jusque dans les tombes
A côté de ces momies, les chercheurs ont mis au jour une statue en terre cuite du dieu Harpocrate. Ce dieu enfant de la mythologie grecque est une adaptation d’Horus dans les croyances égyptiennes. Ce mélange de cultures et de religions incarne parfaitement le site d’Al-Bahnasa. Entre 323 et 30 avant JC, la dynastie des Lagides, également appelée dynastie des Ptolémées, régna sur cette partie de l’Égypte. Ses dirigeants, d’origine grecque, imposèrent leurs traditions et les mélangeèrent à celles qui existaient déjà dans l’Egypte ancienne.
Cette triste époque a également laissé des traces dans la manière dont les tombeaux étaient construits et décorés. L’un d’eux, étudié de près à Al-Bahnasa par des archéologues espagnols, contenait quelque 300 momies. Il est composé de trois chambres funéraires, d’un plafond voûté et de murs décorés de personnages de la mythologie égyptienne tels qu’Anubis, Osiris, Atoum et Nout.
Preuve d’un savoir-faire ancestral dans les tombeaux d’Al-Bahnasa
Si les trois chambres funéraires renfermaient plusieurs dizaines de momies, minutieusement placées dans ce qui semble être une organisation rituelle et soumises à des règles précises, les chercheurs ont ensuite découvert un autre espace où était stocké un seul individu. On l’appelait Wen Nefer. Sur l’un des murs, le mort était représenté avec sa famille faisant des offrandes aux dieux et aux déesses. Une fine couche d’or recouvrait le visage de la momie, suggérant qu’il s’agissait d’une personne importante.
C’est la première fois que des traces de représentations de déesses sont retrouvées dans la région d’Al-Bahnasa. Dans un communiqué (en arabe), le Dr Mohamed Ismail Khaled, secrétaire général du Conseil suprême des antiquités d’Egypte, estime que ces découvertes sont « majeur pour l’histoire de la région ».