Reçu ce mercredi 18 décembre par le chef de l’Otan Mark Rutte à Bruxelles, Volodymyr Zelensky continue de pousser ses alliés à obtenir encore plus d’aide. Dans une longue interview accordée à cinq lecteurs (et quelques journalistes tout de même) du parisienle président ukrainien appelle l’Europe et les États-Unis à continuer d’apporter leur aide à Kyiv. S’il se garde bien de s’aliéner ses deux principaux alliés, soulignant leur importance dans ce conflit, il n’hésite pas non plus à faire pression sur eux. « Pourquoi, dès le début de la guerre, n’avons-nous pas été massivement équipés en armes ? Mon discours peut paraître insolent. Mais j’ai l’impression que tout le monde est terrorisé par la Russie de Poutine.s’agace le chef de l’Etat ukrainien. Tout en n’excluant plus la possibilité d’une négociation avec le président russe : «Nous avons besoin d’une Amérique et d’une Europe fortes pour faire pression sur Poutine et mettre un terme à cette guerre.»
L’élection de Donald Trump change la donne pour l’Ukraine. Dans l’interview, Volodymyr Zelensky tend la main au prochain locataire de la Maison Blanche, alors que les États-Unis sont le principal soutien du pays. « C’est un nouveau président, avec une autre équipe. Des changements sont donc inévitables, le président ukrainien répond sobrement. Il est très important pour nous qu’ils soient favorables à l’Ukraine, et non l’inverse.» Quant à la promesse du milliardaire américain de résoudre le conflit russo-ukrainien en 24 heures, il tempère ses ambitions : « Ce n’est pas facile. Il veut vraiment le faire vite”. En revanche, il ne dit rien de la proximité affichée entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
« La question n’est pas d’adhérer à l’OTAN, mais d’assurer notre sécurité »
Face à l’incertitude américaine, Volodymyr Zelensky multiplie les appels auprès de ses alliés européens. Alors qu’il était présent à la réouverture de la cathédrale Notre-Dame, le 8 décembre, il a rappelé ses liens avec la France et Emmanuel Macron. « Au début de l’invasion à grande échelle, Emmanuel était l’un des rares dirigeants avec qui je parlais pratiquement tous les jours au téléphone, sans intermédiaire ni protocole »révèle-t-il.
Leurs relations n’ont cependant pas toujours été bonnes, la France n’étant que le neuvième pays donateur à l’Ukraine selon l’Institut de Kiel, loin derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni. Politico a également révélé en octobre dernier que la France ne tiendrait pas sa promesse d’accorder jusqu’à 3 milliards d’euros d’aide au pays. “On sera au dessus des 2 milliards d’euros, mais pas à 3 milliards d’euros”a déclaré Sébastien Lecornu devant la commission de défense le 14 octobre.
À l’échelle européenne, l’adhésion de l’Ukraine à l’UE n’est qu’une question de - pour le président ukrainien. En revanche, il est beaucoup moins sûr de l’intégration de l’Ukraine à l’OTAN. « La question n’est pas d’adhérer à l’OTAN, mais d’assurer notre sécurité »croit-il, regrettant de n’avoir que « garanties bilatérales » avec ses alliés.
“Nous devons utiliser les méthodes qu’ils comprennent”
Au-delà des questions diplomatiques, Volodymyr Zelensky a défendu plusieurs de ses décisions critiquées, comme les attaques ukrainiennes sur le sol russe. «La Russie réduit ses frappes contre l’Ukraine lorsque nous commençons à atteindre le territoire russe. Face à des barbares de ce type, nous devons recourir aux méthodes qu’ils connaissent.il a justifié. En avril dernier, l’Ukraine a abaissé l’âge de mobilisation de 27 à 25 ans. « On sait que plus les gens sont jeunes, plus ils sont physiquement vigoureux »estime le président ukrainien, qui prône pourtant une guerre moderne, fondée notamment sur “l’aviation et les drones”. Là encore, un appel à ses partenaires occidentaux.
Face à la gravité des événements en Ukraine, le président Zelensky s’est aussi laissé aller à des questions plus légères, son souhait de passer Noël en famille, l’impact que la guerre a eu sur lui ou encore son envie d’aller au cinéma après la guerre. « Quelque chose de simple, sans garde du corps. Juste de la famille et du pop-corn ». Loin de la guerre qui rythme son quotidien depuis près de trois ans.