François Bayrou pourrait être contraint d’accélérer le rythme pour nommer son gouvernement. Le coup de pression d’Emmanuel Macron aura-t-il l’effet escompté ?
Troubles entre l’Elysée et Matignon. “Mon échéance est cette semaine” pour nommer le futur gouvernement, a indiqué François Bayrou depuis Pau, lundi 16 décembre, à l’issue du Conseil municipal qu’il a présidé. “Mais il faut aussi que le président de la République soit là”, a-t-il ajouté. Une remarque qui n’a pas plu au chef de l’Etat, qui n’a pas tardé à réagir.
En laissant entendre que l’agenda d’Emmanuel Macron pourrait être un obstacle au bon déroulement du processus, et pourrait retarder l’annonce du futur exécutif, François Bayrou a peut-être déclenché une première polémique avec le palais. C’est pourquoi le président « attend les propositions » du Premier ministre ce mardi soir, « suite à ses consultations », a indiqué un proche du président à Politico.
Une « architecture startup » déterminée ce mardi ?
François Bayrou s’est lancé dans une série de consultations en recevant, rue de Varenne, les présidents des groupes parlementaires, par ordre d’importance numérique. Marine Le Pen (RN), Gabriel Attal (EPR), Boris Vallaud (PS) et Laurent Wauquiez (LR) ont ouvert le bal lundi. La deuxième salve est prévue ce mardi avec les dirigeants des groupes Écologistes, MoDem, Horizons, LIOT, GDR et UDR. De son côté, LFI a décliné l’invitation.
Ces consultations visent à trouver des compromis pour le Béarnais, là où son prédécesseur a échoué selon le vice-président de l’Assemblée nationale, Roland Lescure : “Michel Barnier a voulu aller vite, ce qui a été insuffisamment travaillé”, juge-t-il au micro de RTL. Des compromis, oui, mais pour quand ? Alors que le locataire de Matignon avait donné l’impression de vouloir prendre son -, tout pourrait s’accélérer.
Ce mardi 17 décembre, le président du groupe Les Démocrates à l’Assemblée nationale, Marc Fesneau, a déclaré à la presse qu’Emmanuel Macron et François Bayrou devaient se rencontrer cet après-midi pour discuter d’une « architecture start-up ». Que peut-on espérer des prénoms dans la journée ? C’est en tout cas le souhait du président de la République, pressé, et peut-être légèrement agacé. Toutefois, l’entourage du Premier ministre a confirmé ce mardi que le Béarnais prononcera sa déclaration de politique générale (DPG) le 14 janvier 2025. Une date relativement lointaine, qui pourrait à l’inverse laisser penser que les négociations pourraient se poursuivre. L’annonce du futur gouvernement serait alors retardée.
Un gouvernement de ténors, serré et trans-partisan
En coulisses, les négociations battent leur plein. Dans une optique d’ouverture, François Bayrou ratisse large pour former son « gouvernement réunissant des hommes et des femmes d’expérience qui connaissent le quotidien des Français », comme le précise La Tribune Dimanche. Selon les informations de L’Opinion, le socialiste Jérôme Guedj a été pressenti pour le ministère de la Santé. Les noms de Pierre Moscovici et de l’ancien maire socialiste de Dijon, François Rebsamen reviennent également avec insistance. « S’il me le demandait, je serais prêt. Mais je ne veux pas être le seul garant de gauche de ce gouvernement», a expliqué le second cité dans les colonnes du Figaro. Avec ce type de profil, il s’agirait d’une potentielle équipe transpartisane, chargée de surmonter les divisions et de travailler à un accord de non-censure.
Parallèlement, le Premier ministre souhaite également voir des dirigeants macronistes figurer dans l’organigramme de son exécutif. C’est pourquoi Gérald Darmanin pourrait bien faire son retour. Sébastien Lecornu (Armées), Rachida Dati (Culture) et Catherine Vautrin sont en bonne position pour conserver leur place. Selon les informations du Figaro, François Bayrou a également « beaucoup échangé » avec Elisabeth Borne, ancienne Première ministre. Elle avait même « refusé le portefeuille de l’Armée en début d’année, lot de consolation que lui a offert Emmanuel Macron en l’éloignant de Matignon », rapporte le quotidien. Selon un proche du député du Calvados, « il est probable qu’elle accepte » un poste dans le nouvel exécutif de Bayrou. Reste désormais à connaître le nom du portefeuille ciblé, espéré et/ou accordé.
A droite, c’est plutôt soupe aux grimaces en début de semaine. Les Républicains attendent leur participation au gouvernement Bayrou. Après la rencontre avec des responsables LR à Matignon, ce lundi, le patron des députés Les Républicains, Laurent Wauquiez, a déclaré conditionner sa participation à un “projet qui lui convient sur le fond”. “Notre participation n’est pas certaine, il y a trop de flou à ce stade pour trancher”, a-t-il répété lors d’une réunion de groupe mardi. “Nous avons besoin de plus de précisions de la part du Premier ministre lors d’une nouvelle réunion avec une seule question à laquelle nous demandons des réponses : pour faire quoi ?”, a-t-il exigé selon les informations de BFMTV. Selon Politico, François Bayrou devrait limiter son gouvernement à 25 ministres et « donner un tiers des postes à des personnalités de droite, un tiers aux macronistes, un tiers à gauche ». Ce qui n’enchante absolument pas le camp LR.