le patron historique de M6 depuis trente-sept ans, Nicolas de Tavernost, prend sa retraite

le patron historique de M6 depuis trente-sept ans, Nicolas de Tavernost, prend sa retraite
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P.doux comme un métronome, il arrive pile à l’heure, distribue des poignées de main à la fois fermes et chaleureuses, et en préambule de deux heures de discussions, précise-t-il, c’est clair : « On va parler du secteur, pas trop une grande partie de moi. »

Ce vendredi 5 avril, Nicolas de Tavernost était invité à un déjeuner de presse organisé à Paris par l’Association des journalistes des médias. Près d’une trentaine de participants : un record. Il faut dire que l’invité du jour, à la tête de M6 depuis sa création il y a trente-sept ans, d’abord comme bras droit de Jean Drucker puis comme patron depuis 2000, est non seulement un acteur central mais une mémoire de l’audiovisuel français. Le dernier, actif, de ces capitaines qui ont façonné le PAF pendant plusieurs décennies. Les Patrick Le Lay, Pierre Lescure…

Libéral

Cet hiver, il a annoncé dans « Le Figaro », à 73 ans, qu’il quitterait la présidence du groupe à l’issue d’une assemblée générale prévue mardi 23 avril. Un tournant dans l’histoire de la chaîne, qu’il a toujours incarné. Au point que certains pensent qu’il en est propriétaire, alors même que M6 est une filiale de Bertelsmann.

En trente-sept ans, l’ancien étudiant de Sciences-Po Bordeaux a transformé la « petite chaîne montante », créée en 1987 dans l’incrédulité, en un empire médiatique. Quatre télévisions gratuites (M6, W9, 6ter, Gulli), neuf chaînes payantes, trois radios (RTL, RTL2, Fun Radio), et des sociétés de production, comme SND au cinéma, dont il salue, ce vendredi auprès des journalistes, le succès récents avec les films « Une vie », « Cokarico »… « Nous sommes un groupe qui investit, développe, cherche des ressources avec ses dents » explique-t-il.

Tavernost déplore les « excès de réglementation » qui « fossilisent » les médias audiovisuels français.

Interrogé sur les sujets d’actualité, ce baron du PAF se montre tour à tour drôle et cinglant, défendant inlassablement sa démarche libérale. Il déplore les « excès de réglementation » qui « fossilisent » les médias audiovisuels français. Ou estime que dans un paysage « équilibré », le secteur privé devrait être financé par de l’argent privé, et le public par de l’argent public… donc sans publicité, « comme en Grande-Bretagne ou en Espagne ».

Le Lay « compétiteur coriace »

En trois décennies, deux concurrents l’ont particulièrement impressionné : Patrick Le Lay, “un concurrent coriace mais qui a eu l’intelligence de proposer des accords sur de très gros dossiers”, et Maxime Saada “qui, en dix ans, a complètement relancé Canal à l’international”. La faillite de La Cinq en 1992 l’a « marqué ». « J’ai compris à quel point la distribution, dont on parle rarement, est un paramètre clé du succès d’un média. Berlusconi a investi massivement dans les programmes, la Formule 1, les stars… Mais tout cela n’a pu être vu que par la moitié de la population française ! Donc très difficile à amortir. »

Gestionnaire rigoureux, négociateur redouté, il aurait « un oursin dans son portefeuille et un berger allemand dans le placard » : la phrase l’amuse. Nicolas de Tavernost quitte un groupe prospère. Un demi-milliard d’euros en cash. Mais les audiences de la chaîne phare, la chaîne M6, sont en baisse. 8% ces derniers mois. « M6 est une chaîne dont l’audience baisse, pas les bénéfices. Ils ont choisi de gagner de l’argent, peut-être pas toujours dans l’intérêt principal du téléspectateur», a déclaré fin mars Xavier Niel devant la commission d’enquête sur la TNT, qui avait tenté en vain de voler la sixième fréquence l’année dernière. Il a également salué Nicolas de Tavernost comme « l’une des personnes les plus intelligentes que ce pays ait connu dans le secteur de la télévision ».

Plus solide en stratégie financière qu’innovant en contenu ? Le PDG de M6 se dit « fier » des programmes emblématiques que ses équipes ont pu porter. « Top Chef », « L’amour est dans le pré », « Zone interdite », « Capital »… Ou encore « Loft Story » en 2001. Gros succès, grosse tension. « On innovait, ça nous permettait de bousculer le concurrent [TF1, NDLR], mais je vivais sous protection policière. »

Ses derniers mois à la tête du groupe ont été marqués par un échec, la fusion avec TF1, un véritable coup d’éclat, l’obtention des droits TV des Coupes du monde de football 2026 et 2030, et la montée en puissance sur le streaming. La nouvelle plateforme, M6+, sera dévoilée en mai.

Nouveau PDG basque

Comment voit-il l’avenir de la chaîne ? « Sur deux pattes, linéaire et streaming. Les deux sont indissociables. Prenez « Pékin Express » : nous avons eu deux millions de téléspectateurs le soir de la diffusion, puis un million en replay. Le streaming est un nouvel usage, qui permet de choisir sa programmation. Mais le contenu est le même. »

Ce mardi, il passera le flambeau à David Larramendy, 50 ans, un Parisien ayant grandi dans un Pays basque encore peu connu, parfois même parmi les salariés de M6. D’autres noms circulaient : Régis Ravanas, directeur de RTL, Guillaume Charles, chargé des programmes. David Larramendy dirige la régie publicitaire du groupe depuis fin 2014. « Un chef bien fait, un gars très talentueux, avec une double formation d’ingénieur et de commercial, ayant étudié à Supelec et à l’école américaine Wharton », salue Nicolas de Tavernost. .

Et son avenir ? Il discute d’un éventuel livre avec son neveu, l’écrivain Alexandre des Isnards, et se consacrera sans doute davantage à son château des vallées du Beaujolais, mais ne semble pas envisager de prendre sa retraite de gentleman farmer à plein temps : « Je’ je réfléchis. Il n’est pas impossible que nous nous revoyions un jour… »

Près de vingt ans à la tête des Girondins

Les Girondins ont été la propriété de M6 de 1999 à 2018. Avec la chaîne et Nicolas de Tavernost à sa tête, ils ont considérablement étoffé leur palmarès et participé deux années sur trois à la Coupe d’Europe. Tavernost a géré le club « en bon père de famille » avec Jean-Louis Triaud, et M6 a comblé les déficits. Lorsque les fonds américains General American Capital Partners (GACP) et King Street lui proposent 100 millions d’euros pour racheter le Football Club des Girondins de Bordeaux (FCGB) en 2018, il n’a eu d’autre choix que d’accepter. Une aubaine pour M6 mais une catastrophe pour le club, vendu à des propriétaires qui l’ont mené au bord de la faillite.

 
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