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le tribunal de Pau est le 4ème le plus encombré de

« Je commence vraiment à m’inquiéter du niveau d’activité à cet étage. Nous assistons à une véritable déconnexion entre nos effectifs et notre activité. » Rodolphe Jarry, le procureur de la République de Pau, a pesé ses mots, jeudi 23 janvier, au moment de faire le point sur l’activité du parquet de Pau en 2024.

Les chiffres parlent malheureusement d’eux-mêmes : 16 047 incidents observés (police et gendarmerie) en 2024, contre 15 748 en 2023 et 14 610 en 2022, soit une augmentation de 10 %. Concernant les gardes à vue, “nous avons dépassé le seuil symbolique des 2.000 sur un an”, avec 2.111 en 2024 contre 1.980 en 2023 et 1.550 en 2022.

Autre seuil symbolique avec la barre des 20 000 démarches enregistrées en 2024 à l’état civil, contre 17 180 en 2022 : 25 % de hausse sur deux ans, pour le même effectif. Si l’on regarde les procédures de comparution immédiate, c’est encore pire : dans ce secteur, l’augmentation est de 100 % en deux ans, passant de 116 dossiers en 2022 à 232 en 2024. « Là aussi, tout en gardant le même nombre de greffiers et de procureurs », note le procureur.

«Ça devient physique»

Résultat : les horaires ne sont plus les mêmes pour les procureurs. « Rien que mardi, l’officier de permanence a eu 29 gardes à vue, et mercredi une vingtaine d’autres. Le registre est obligé de demander de l’aide à d’autres personnes pour tout enregistrer, car tout tombe en même temps. Et si c’était seulement le jour, mais il faut aussi compter sur les appels la nuit. Cette accumulation fait qu’elle devient physique pour les magistrats, pour les fonctionnaires aussi. »

Rien que mardi, l’agent de permanence a dû gérer 29 gardes à vue, et mercredi une vingtaine d’autres.

Le procureur et ses services tentent de trouver des solutions à ces hausses exponentielles, en renvoyant à l’audience uniquement les faits les plus graves, en privilégiant « à tout prix » les ordonnances pénales et les comparutions sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC)…

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Cela a pour effet d’engorger ces procédures – augmentation de 164 % des CRPC en deux ans – et d’allonger considérablement les délais. « Il faut 6 mois pour les ordonnances pénales, ce qui n’est pas normal ; pour une convocation devant le tribunal correctionnel, c’est 10 mois alors qu’il devrait être 6 », déplore Rodolphe Jarry.

Priorité aux renforts ?

« On prend le courant », résume-t-il, précisant que ces fortes hausses sont particulièrement perceptibles en Béarn et ne se retrouvent pas partout. Le meilleur témoin de cette situation dégradée du système judiciaire béarnais est sans doute cet outil développé par le ministère de la Justice et dont les chiffres ont été dévoilés fin 2024 : un « score Z » au sein duquel ont été classées les 164 juridictions françaises, du les plus souffrants aux moins exposés.

Dans ce classement, le parquet palois occupe une triste 4ème place. « C’est le signe que les tensions commencent à devenir extrêmement fortes. Cela signifie aussi que nous serons prioritaires pour du personnel supplémentaire», précise Rodolphe Jarry, qui rencontrera dans quelques jours le ministre de la Justice, Gérald Darmanin.

Pau, juridiction déclassifiée

Aujourd’hui, six magistrats se partagent la tâche au parquet de Pau, ce qui représente un ratio de 1,57 magistrats pour 100 000 habitants. C’est nettement en dessous de la moyenne nationale, qui est de 3,2, mais la comparaison avec la moyenne des 46 Etats membres du Conseil de l’Europe – 11,2 magistrats pour 100 000 habitants – est encore plus flagrante.

« Si nous étions dans la moyenne nationale, nous aurions 12 magistrats, et 42 pour la moyenne du Conseil de l’Europe », chiffre Rodolphe Jarry. Qui sait s’appuyer sur une solide équipe de magistrats, greffiers et attachés de justice. « Ils sont super engagés. C’est ce qui nous maintient sur la bonne voie. ” Pendant combien de temps?

 
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