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les parents de Marwan, décédé après avoir été heurté par un train, convoquent la SNCF pour obtenir des mesures de sécurité

«La SNCF ne nous a même pas présenté ses condoléances…” Près de trois ans après la mort tragique de Marwan, percuté par un TER alors qu’il traversait la voie pour rejoindre son train, en gare de Gauriaguet, non loin de Saint-André-de – Cubzac, en Gironde, la douleur est toujours aussi forte. Peut-être plus encore, sa famille n’avait pas les réponses qu’elle souhaitait, ni même la certitude qu’un tel incident ne pourrait plus se reproduire dans cet endroit. Il a choisi la voie judiciaire pour se faire entendre, en convoquant la SNCF. L’audience aura lieu ce jeudi 28 novembre au tribunal de grande instance de Libourne.

“Il est insupportable pour eux que de tels incidents continuent de se produire chaque année en ”, commente M.e Claire Wurtz, avocate au barreau de Libourne. La compagnie ferroviaire n’a pas été tenue pénalement responsable. L’audience aura lieu devant un tribunal civil. « Pour que Marwan soit enfin reconnu comme victime », murmure son père Jean-Paul. Une démarche qui se veut ouverte sur l’avenir. “Cela ne le ramènera pas.” Mais nous voulons nous assurer que cette station est sûre. S’il y avait eu ne serait-ce qu’une porte, Marwan ne serait pas entré dans le chemin, il serait toujours là. »

brouillard

Il est vers 7h30 le mercredi 26 janvier 2022, le jeune Marsasais se rend à la gare de Gauriaguet. Alors qu’il est encore étudiant, Marwan effectue un stage en entreprise, dans un hôtel de la Bastide Bordelaise. « Il y avait du brouillard ce jour-là, se souvient Jean-Paul. Son train était déjà à quai. Alors qu’il tentait de l’atteindre, il a été percuté par un TER arrivant sur l’autre voie et circulant à 140 km/h. Il ne portait pas d’écouteurs, il ne prenait pas de drogue, il n’était pas ivre, se souvient-il. « C’était un bon garçon, très intelligent, attentionné envers tout le monde… » Il n’avait que 20 ans.


« Il n’y a aucune barrière, ni même un dispositif acoustique, pour avertir de l’arrivée d’un train en gare », précise l’avocat de la famille.

Ph. B.

Heureusement, la famille avait du soutien. « La police a été fantastique, poursuit Jean-Paul. Nous avons découvert tellement de personnes extraordinaires qui étaient là pour nous. On aurait aimé que la SNCF fasse preuve d’un peu plus d’humanité. » L’échec du réaménagement de la gare le dégoûte. « Il ne s’agit pas de demander de l’argent mais de faire en sorte que la SNCF fasse le nécessaire pour que cela ne se reproduise plus. » Aucun dispositif de sécurité supplémentaire n’a été installé après le drame, note la famille. « Ce n’est pas un panel de plus qui va changer les choses. »

« De graves lacunes »

“La gare de Gauriaguet, comme plusieurs centaines d’autres gares en France, est uniquement équipée de pictogrammes lumineux indiquant que les passages sont interdits”, ajoute M.e Wurtz. Il n’y a pas de barrière, ni même de dispositif acoustique, pour avertir de l’arrivée d’un train en gare. Malheureusement, cette tragédie n’est pas isolée et révèle les graves insuffisances des infrastructures des petites stations françaises. Rien qu’en janvier 2024, en France, quatre personnes sont mortes sur des passages piétons destinés à traverser les quais de gare. »

Ce drame révèle les graves insuffisances des infrastructures des petites stations françaises

« Un coût important »

« Nous n’avons pas de haine particulière, poursuit Jean-Paul. Mais la SNCF a le pouvoir de sécuriser des gares comme celle-ci. C’est essentiel. Surtout maintenant que nous encourageons de plus en plus de personnes à prendre le train. » Les choses pourraient-elles changer ? Alain Montangon, maire de Gauriaguet, ne peut que l’espérer. « J’ai eu l’occasion d’en reparler avec un responsable des travaux de SNCF Réseaux, lors d’un débat sur les évolutions liées au TER métropolitain », raconte-t-il.

Mais, insiste-t-il pour dissiper toute ambiguïté, il s’agissait simplement d’un échange, “rien n’est prévu”. « Toutes les gares rurales sont comme ça, rappelle-t-il, comme en 2022. Les grandes, comme Libourne, ont des passerelles mais pas les nôtres. » Il ne veut pas faire preuve d’un optimisme excessif. « Le coût d’un tel accord pour la SNCF est important. Et si la station Gauriaguet est développée, il faudra faire de même avec toutes les autres. » Pour les parents de Marwan, à la veille de l’audience, l’enjeu est encore plus important. « Des vies humaines sont en jeu… »

(1) SNCF Réseaux n’a pas répondu à nos demandes.

865 passages à niveau non aménagés

La problématique des piétons traversant les voies est revenue sur le devant de la scène en janvier 2024 après une sombre série de quatre incidents en quelques jours seulement. Le journal « Le Figaro » a recensé 865 traversées de ce type en France, dans les gares rurales. Selon leur décompte, il en resterait 23 dans le seul département de la Gironde.

 
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