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Pourquoi Israël a-t-il intensifié ses bombardements en Syrie ?

Pourquoi cette escalade et quelles réactions a-t-elle provoquée au sein de « l’axe de la résistance », nom donné par l’Iran à un ensemble de groupes soutenus par Téhéran et ennemis d’Israël ?

– Quelles cibles en Syrie ?

Depuis le 26 septembre, peu après le début de la guerre ouverte au Liban entre l’armée israélienne et le Hezbollah, Israël poursuit ses bombardements en Syrie.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a recensé 86 attaques tuant 39 civils, mais aussi 199 soldats syriens ou combattants de groupes pro-iraniens, dont le Hezbollah ou des factions irakiennes ou palestiniennes.

Le 20 novembre, trois raids sur Palmyre (centre) ont tué 106 combattants, selon l’OSDH, basée au Royaume-Uni et qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie.

Selon l’ONG, il s’agit du plus lourd bilan en une journée dans ce type d’attaque depuis le début du conflit en Syrie en 2011.

Parmi ces morts figurent 73 combattants de groupes syriens, outre 29 combattants non syriens, appartenant en majorité au mouvement irakien al-Noujaba, et quatre Libanais du Hezbollah, selon l’OSDH.

Lundi soir, Israël a bombardé le poste frontière de Jousseh entre le Liban et la Syrie, le dernier d’une série de raids récents sur plusieurs points de passage.

“Etant donné le nombre élevé de raids, la Syrie est de facto l’un des champs de bataille des guerres israéliennes”, a déclaré à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Les cibles sont les postes frontières, officiels ou informels, les appartements résidentiels, notamment à Damas, les quartiers généraux des factions pro-iraniennes et les entrepôts d’armes du Hezbollah, selon lui.

Depuis le début du conflit syrien, Israël a mené des centaines de frappes en Syrie visant les forces du régime et ses alliés pro-iraniens.

Même en confirmant ponctuellement ses frappes, Israël a martelé son refus de voir la Syrie devenir la tête de pont de Téhéran.

Au cours des deux derniers mois, l’armée israélienne a assuré que son objectif était également d’empêcher le Hezbollah de « transférer » de la Syrie vers le Liban les armes utilisées dans les attaques contre Israël.

Un camion de pompiers après une frappe israélienne dans le quartier Mazzeh de Damas, Syrie, le 14 novembre 2024 PHOTO AFP / LOUAI BESHARA

Lundi, elle a précisé que le bombardement de Joussieh visait à « cibler les voies de transport d’armes du régime syrien » à la frontière.

Avec la guerre au Liban, « l’équilibre de dissuasion » en place entre Israël et le Hezbollah s’est « effondré », indique l’analyste Sam Heller.

Sans « crainte de représailles » de la part du Hezbollah, Israël « bombarde à volonté le Liban, en plus de cibles en Syrie prétendument liées au Hezbollah et à l’Iran », résume-t-il.

Objectif apparent : « affaiblir durablement le Hezbollah » en ciblant ses « chaînes d’approvisionnement logistique via la Syrie ».

Damas a fustigé les « agressions répétées » d’Israël, l’accusant de chercher à « élargir la portée de son agression envers les pays de la région ».

En dehors de ces “condamnations traditionnelles”, explique M. Heller, Damas “n’a pas beaucoup d’autres options : la Syrie est épuisée par plus d’une décennie” de guerre et d’effondrement économique.

“Le rôle de la Syrie n’est pas d’affronter Israël”, a déclaré à l’AFP une Source proche du Hezbollah, soulignant son importance “logistique”.

Ce pays « représente la ligne d’approvisionnement depuis l’Iran, en passant par l’Irak, jusqu’au Hezbollah », a-t-il déclaré.

Cela confirme les craintes de Téhéran et de Bagdad d’être dans le collimateur d’Israël, même en cas de trêve au Liban.

La diplomatie israélienne a également récemment appelé à une « action immédiate » de l’ONU pour que l’Irak mette fin aux attaques des « milices pro-iraniennes », rappelant le droit d’Israël « de prendre toutes les mesures nécessaires pour se protéger ».

Car les groupes armés irakiens formant la « Résistance islamique en Irak » revendiquent quotidiennement des frappes de drones contre Israël, en solidarité avec Gaza et le Liban.

L’armée israélienne annonce avoir abattu l’écrasante majorité de ces projectiles. Début octobre pourtant, un drone a tué deux soldats israéliens dans le secteur du Golan syrien, occupé et annexé par Israël.

Après l’annonce de la diplomatie israélienne, l’Irak a réagi en accusant Israël de chercher des « prétextes » pour « justifier » une « agression planifiée » contre le territoire irakien.

Cependant, Bagdad a également déclaré qu’elle s’efforçait « d’empêcher » que le territoire « soit utilisé pour lancer une quelconque attaque ».

« Depuis plus d’un an, l’Irak a réussi à rester relativement à l’écart de la guerre régionale », confirme l’analyste Renad Mansour, citant l’engagement exercé en ce sens tant par Washington que par Téhéran : « tous deux voulaient la stabilité en Irak ».

Mais « dans cette période de transition entre les présidents américains Biden et Trump, le gouvernement irakien craint que Netanyahou ait encore plus de lest pour attaquer l’ensemble de l’axe de la résistance », résume M. Mansour.

 
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