La célébration de la grève de la sardine de 1924 comprend également une exposition dans la salle de la mairie de Douarnenez. L’artiste textile de Rospordin, Claudine Janik, réalise des broderies qu’elle dépose dans des boîtes de sardines. Elle en a fait 100 pour rendre hommage aux femmes d’usine qui se sont mises en grève il y a 100 ans. Le titre de son exposition « Kant boest a vo » fait référence au slogan proclamé par les grévistes en 1924 « Pemp real a vo » (« cinq centimes il y en aura »). Ici, « 100 boîtes il y aura », 100 boîtes de sardines pour les 100 années qui viennent de s’écouler. « Ce qui me touche dans ce combat, c’est que ce sont des femmes. Des femmes qui vivaient dans la pauvreté. Des femmes qui ont osé et des femmes qui ont gagné. Cela fait écho à la situation actuelle de certaines femmes dans certains pays. S’ils le pouvaient, s’ils l’osaient… mais il y a des pays où ils ne peuvent même pas oser », regrette-t-elle.
100 boîtes de sardines décorées de délicates broderies
Claudine Janik avoue n’avoir eu aucune idée de cette page de l’histoire douarneniste jusqu’en 2019. Cette année-là, elle découvre, par hasard lors d’un concert, une chanson de Gabiers d’Artimon sur la révolte des sardines. « Heureusement, je les enregistrais déjà quand ils ont commencé à chanter. Je n’ai jamais été aussi ému par une chanson. Pendant plusieurs mois, chaque soir, je l’ai écoutée et j’ai retrouvé cette émotion. J’ai ensuite fait des recherches sur le sujet et en 2023, j’ai découvert le livre d’Anne Crignon, « Une belle grève des femmes ». L’émotion est revenue. C’est à ce moment-là que je me suis dit qu’il fallait que je crée une œuvre artistique sur ce thème », raconte celle qui n’avait jamais fait de broderie mais qui a choisi cette technique pour raconter sa vision de l’histoire.
Après 13 mois de travail, ces 100 coffrets bordés de délicates broderies rappelant le costume breton ont été créés. Habituellement, son outil préféré est le shibori, une technique japonaise de teinture par résistance par ligature sur tissu. Certaines de ses œuvres empruntes à cet art japonais et liées à la révolte de 1924 sont également exposées.
Je rock et je rends hommage
Un décor centenaire pour un projet collaboratif
Face aux boîtes de sardines, on retrouve une œuvre collaborative de l’artiste visuelle textile Lopérec Paulette Patout. « En septembre 2023, j’ai exposé au Livraisemblable et les visiteurs ont eu la possibilité de participer. Ils ont choisi un tissu et découpé une sardine. Ces sardines étaient si précieuses que j’ai eu envie de les mettre en conserve. J’avais trop de sardines alors j’ai fait un deuxième montage, version banc de poissons, qui sera au fond de la scène de l’auditorium du Port-Musée où auront lieu les conférences sur la grève”, raconte-t-elle.
Issue d’une lignée de travailleurs attachés à la défense de leur dignité, elle cherche, à travers son art, à « dénoncer les choses qui ne vont pas ». «Je rock et je rends hommage», a-t-elle déclaré. Le fond utilisé pour son œuvre exposée à la mairie est centenaire. Il s’agit d’un couvre-matelas sur lequel dormaient les gens de bas statut de l’époque : du chanvre mélangé à de la balle d’avoine. “Comme les souris raffolent de l’avoine, la toile comporte des reprises d’époque que j’ai voulu respecter.” Pour le patron, elle s’est inspirée d’une célèbre affiche d’Alain Le Quernec « avec son autorisation », précise-t-elle.
Pratique
Du lundi au vendredi de 8h30 à midi et de 13h30 à 17h30, et tous les samedis de 8h30 à midi jusqu’au 6 janvier à la salle des fêtes de Douarnenez. Inauguration à 11h ce samedi 16 novembre.
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