Le gouvernement bolivien dénonce la prise « en otage » de 200 soldats par des partisans de l’ancien président Evo Morales qui protestent contre la « persécution judiciaire » de leur leader et réclament la démission du président Luis Arce.
Voici ce que l’on sait de cette “prise d’otage” survenue dans le cadre des barrages initiés le 14 octobre par les partisans de l’ex-président (2006-2019), qui est en concurrence avec son ex-ministre Arce à la candidature de la gauche. à l’élection présidentielle de 2025.
Que sait-on de la « prise d’otages » ?
L’armée a annoncé vendredi la prise par des “groupes armés irréguliers” d’une unité dans le département de Cochabamba (centre), “prenant des soldats en otages” et saisissant “des armes et des munitions”, sans fournir plus de précisions. détails.
Dans l’une des premières vidéos à circuler sur les réseaux sociaux, on voit 16 militaires entourés de paysans armés de bâtons pointus. “Ils nous ont coupé l’eau et l’électricité, ils nous ont pris en otage”, a déclaré un militaire.
©AFP Partisans de l’ancien président bolivien Evo Morales devant la caserne de la Neuvième Division et Régiment d’infanterie 32, Idelfonso Murguía, dans le village de Lauca Ñ, dans le département de Cochabamba, en Bolivie, le 3 novembre 2024. |
Le lendemain, le ministère des Affaires étrangères annonçait que « plus de deux cents soldats » avaient été pris en otages « dans trois unités militaires ».
Le vice-ministre chargé de la Coordination avec les mouvements sociaux, Juan Villca, a indiqué lundi à l’AFP que les trois casernes étaient “toujours occupées”, sans donner plus de précisions sur le sort des militaires.
Otages ou pas otages ?
“Il n’y a pas un seul otage, je pense que le gouvernement exagère et ment”, assure à l’AFP Vicente Choque, leader des fédérations indigènes de Chapare, dans le département de Cochabamba.
Le responsable évoque seulement la présence d’une « vigile » devant la caserne, faisant état de 2 000 à 3 000 personnes « aux portes de la neuvième division de l’armée », une des unités concernées.
Si les soldats souhaitent quitter le régiment, dit-il, « nous nous coordonnons » avec les personnes aux portes et « ils peuvent partir paisiblement ».
Mais Omar Duran, un officier à la retraite, a déclaré à l’AFP que les soldats sont bel et bien « retenus, ils ne sont pas autorisés à partir ».
©AFP Partisans de l’ancien président bolivien Evo Morales devant la caserne de la Neuvième Division et Régiment d’infanterie 32, Idelfonso Murguía, dans le village de Lauca Ñ, dans le département de Cochabamba, Bolivie, le 3 novembre 2024. |
Dans une vidéo de l’AFP, on voit de nombreuses personnes, dont des enfants, devant la caserne, certains assis sous des bâches. Dans l’unité, des soldats semblent monter la garde, tandis que d’autres sont assis sur un banc. Aucun ne semble armé.
Comment cela a-t-il pu arriver ?
M. Duran exprime des doutes sur l’efficacité du renseignement au sein des trois unités, pointant un manque de moyens. « Les forces armées sont abandonnées, elles ne disposent pas de matériel anti-émeute et le peu d’armes dont elles disposent sont des armes de guerre », assure-t-il.
©AFP/Archives Des partisans de l’ancien président bolivien Evo Morales lapident la police à Parotani, dans le département de Cochabamba, le 1er novembre 2024 |
Il suggère en outre que les militaires auraient pu hésiter à intervenir, de peur de ne pas être soutenus par le gouvernement. « Les policiers craignent qu’au premier coup de feu, le gouvernement les abandonne », dit-il.
“Il y aura certainement une enquête approfondie (…) sur les militaires qui ont autorisé (les paysans) à entrer”, a assuré le vice-ministre Villca.
Les trois régiments sont situés dans la région de Chapare, fief politique d’Evo Morales, le premier indigène à diriger la Bolivie.
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