Après la récession vient le temps de faire l’inventaire et de quantifier les dégâts. À Coubon, Vorey-sur-Arzon et Lavoûte-sur-Loire, les maires constatent l’ampleur des efforts à déployer pour effacer les traces de cette montée des eaux dévastatrice. Ce mardi 22 octobre, ces trois élus ont reçu Nathalie Cencic, secrétaire générale de la préfecture de la Haute-Loire, pour faire le point sur les dégâts de la crue.
L’épisode cévenol qui a touché la Haute-Loire jeudi 18 octobre a provoqué des dégâts considérables sur les bords de Loire et du Lignon avec des inondations dévastatrices. Lorsque les eaux se sont retirées le lendemain, les habitants n’ont pu que constater l’ampleur des dégâts. Toute la semaine, la secrétaire générale de la préfecture, Nathalie Cencic, se déplace dans plusieurs communes touchées pour faire le point avec les élus.
Coubon
La Loire est sortie de son lit à Coubon et elle n’a pas fait semblant. De l’ancienne usine de la Darne au moulin de Charentus, les berges n’ont pas été épargnées par la brusque montée des eaux. Sous le pont qui enjambe la rivière, le mur de soutènement en gabions du parking a été entièrement détruit par la seule force du courant. Plusieurs centaines de milliers d’euros seront nécessaires à sa reconstruction.
Le pont a également été touché. « Plusieurs témoins expliquent avoir vu un arbre et des rochers se briser sur les piles du pont », indique la maire Christelle Valantin. Une fissure est en effet apparue sur le mur qui supporte le tablier côté ville. « Nous ne sommes pas sûrs à 100 % que cela soit dû à l’inondation, mais c’est en tout cas récent. » Mais l’élu se veut rassurant, il n’y a pas de risque concret, « la route n’a pas de fissures ».L’aire d’accueil camping-car Charentus à Coubon est aujourd’hui un champ de boue. Nouveau-Mexique
Le chemin d’accès au lac, entre le village et le moulin de Charentus, a également été défiguré lors des inondations. En partie asphalté jusqu’au camping, le chemin sera à rénover. Le revêtement a été avalé par l’eau à plusieurs endroits. Dans la zone, les conduites de gaz, le réseau électrique et les installations sanitaires ont été lourdement endommagés en quelques heures seulement.
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Comme nous l’expliquions dans notre édition du samedi 18 octobre, le village de Charentus a été défiguré par la crue. Le lit de la Loire a doublé de volume, créant au passage une falaise d’une dizaine de mètres de hauteur. Le gué de Charentus, qui était jusqu’alors un point de passage apprécié des promeneurs, se trouve aujourd’hui à une vingtaine de mètres du bord. La toute nouvelle aire d’accueil des camping-cars et l’aire de pique-nique ont été réduites à une mare de boue.A proximité de l’usine de la Darne à Coubon, le lit de la rivière n’est plus le même. Nouveau-Mexique
A quelques mètres de là, la Loire a « coupé l’angle » et raclé dangereusement les berges, s’approchant trop près d’une maison. Ses propriétaires seront bientôt expropriés. Un arrangement à l’amiable devrait être trouvé. La question de l’accès aux autres habitations va se poser dans les mois et années à venir avec une rivière qui ronge de plus en plus de terres… « Les dégâts sont énormes. Nous avions fait une première estimation à chaud, mais depuis, elle augmente chaque jour », déplore Christelle Valentin.
Lavoûte-sur-Loire
Après une crue « très rapide », selon les mots du maire Jean-Pierre Beaumel, il est temps d’évaluer les dégâts. Et ils sont nombreux. Situé à côté de la place de la mairie, le cabinet de psychologie de Frédérique Chambaud en a fait l’expérience. Cette dernière était recouverte par plus de 1,8 m d’eau. A l’étage, les abris ont été épargnés, mais c’est passé de justesse. « Nous avons eu de la chance car l’eau s’arrêtait juste en dessous du compteur électrique. On a juste des dégâts matériels», relativise Florence Bonthoux, propriétaire des gîtes.À Lavoûte-sur-Loire, les cicatrices de la montée des eaux sont encore bien présentes. CG
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Couvertes de nombreux arbres, les berges devront être nettoyées. En outre, un tronçon de route doit également être sécurisé. «Je pense qu’un arbre a heurté un des blocs de pierre qui soutiennent la route et cela l’a fragilisée», explique Jean-Pierre Beaumel. Une portion sur laquelle il sera urgent d’agir puisque c’est la seule route qui permet aux habitants du hameau de Tolhance de rejoindre la commune. Une route qui était d’ailleurs complètement submergée lors de l’inondation, bloquant les riverains jusqu’à samedi matin.
Dans le village, les dégâts ne se sont pas arrêtés là. Une maison de plain-pied a été submergée jusqu’au plafond et les réseaux téléphoniques et électriques ont été emportés par les eaux. « La cité des Longes est restée un jour et demi sans téléphone ni électricité », ajoute le maire. Des dégâts importants, mais qui auraient pu être plus importants selon Jean-Pierre Beaumel qui trouve quand même un avantage à cette inondation : « Cela nous permettra de mieux comprendre le Plan Local d’Urbanisme… »
Vorey-sur-Arzon
En aval du fleuve, à Vorey-sur-Arzon, les cicatrices de la crue étaient encore bien visibles ce mardi après-midi lors de la visite de Nathalie Cencic. L’eau est montée presque jusqu’au niveau de la route départementale qui traverse la commune. Les caves de la pharmacie et de la boucherie ont été inondées. Tout comme les rez-de-chaussée et plusieurs sous-sols des maisons situées face à la place en contrebas. « Le mur anti-inondation ne suffisait pas, l’eau passait par-dessus. Il faudra le valoriser», explique la maire Cécile Gallien.
Un peu plus bas, les locaux des services techniques et de la Croix-Rouge ont également été inondés. Mais les plus gros dégâts furent à déplorer à « Vorey-plage », à l’embouchure de l’Arzon. De nombreux arbres tombés et déracinés témoignent de la violence du phénomène. Le lit de la rivière est jonché d’arbres et de rochers de toutes tailles, emportés par le courant. « Il faudra « scarifier » l’île et la presqu’île pour faciliter la progression de l’eau. Tout a été coupé et mis à nu il y a six ans, mais depuis, tout a repoussé. »
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Populaires auprès des locaux et des touristes, les banques sont aujourd’hui en mauvais état. « Avant, il y avait de l’herbe puis du sable. Désormais, on ne voit plus que de l’herbe et de l’eau », poursuit Cécile Gallien. Un peu plus loin, le chemin menant au fort est désormais jonché de galets drainés par le courant. Au niveau de la pompe de relevage, l’enrochement a été diablement perturbé lors de la crue. Le chemin n’est plus du tout reconnaissable et un grand trou se trouve au milieu des rochers. « Il faudra enlever un maximum de végétation morte et protéger les berges. L’eau doit être envoyée sur l’autre rive. Les canaux de crue ont été très utiles et continueront de l’être pour évacuer les futurs excès d’eau. »
Pour le maire de Vorey, l’urgence est avant tout de rétablir la liaison entre la commune et les villages de Nant et Le Chambon. A l’heure actuelle, la route n’est plus praticable, tout le goudron a disparu avec la récession. « Nous aimerions faire quelque chose de substantiel pour consolider l’accès une fois pour toutes. Pour le moment, les habitants doivent faire un détour pour venir à Vorey. »
Et maintenant ?
Avec l’arrivée du secrétaire général de la préfecture, dans leurs communes, les maires ont pu constater les dégâts et surtout recevoir de précieuses informations sur la marche à suivre. Des déclarations de catastrophe naturelle sont déjà à l’étude. La procédure a été accélérée. Par la suite, un long travail d’inventaire et de chiffrage devra être réalisé par les communes. Travaux de réhabilitation des bâtiments publics, de la voirie, de l’assainissement, etc. la Direction Départementale des Territoires (DDT), l’État apportera son soutien aux communes concernées. Outre la reconnaissance d’une catastrophe naturelle, un dossier d’allocation de solidarité doit être rapidement envoyé à Paris pour débloquer une enveloppe pour de futurs travaux. « Il ne faut pas attendre la déclaration d’une catastrophe naturelle pour commencer à l’enregistrer et à la quantifier », conseille Nathalie Cencic.
De son côté, la DDT lancera très prochainement plusieurs études. « La priorité sera d’évaluer les impacts afin de réaliser les travaux les plus urgents » ; comme l’érosion ou la vitesse d’écoulement. « Des études hydrauliques seront également réalisées pour analyser le comportement de la Loire lors de la crue et enrichir les modèles de prévision », conclut Christophe Merlin, directeur adjoint de la DDT de Haute-Loire.
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Texte et photos Nathan Marliac & Guillaume Chorin
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