« Partiellement », « globalement déséquilibrée » et « ne répondant pas aux exigences d’équilibre et d’équité ». C’est ainsi que les déclarations du conseiller fédéral Ueli Maurer ont été jugées, en avril 2022, lors d’un des traditionnels discours précédant un vote, en l’occurrence celui sur Schengen et Frontex, par l’Autorité indépendante d’examen des plaintes concernant les émissions. de la RSS, qui a accepté la plainte d’un citoyen contre cette propagande. La RSS l’avait contesté devant le Tribunal fédéral et vient de gagner. Le TF a statué jeudi que la plainte aurait dû être rejetée.
La RSS, en tant que service public, a un devoir d’équilibre, notamment dans les semaines précédant un vote. Mais le Conseil fédéral, c’est autre chose, a-t-on jugé. «En raison de la nature particulière des discours du Conseil fédéral, il n’est pas justifié d’appliquer le principe de pluralité aussi strictement que pour d’autres émissions ayant un lien avec un vote», écrit la TF. Il rappelle que la loi oblige le Conseil fédéral à informer la population avant une élection. Il présente les enjeux puis donne sa recommandation. En revanche, il ignore généralement les arguments des opposants.
Ueli Maurer, dans son discours sur Frontex, a à peine évoqué un argument contre le texte en une seule phrase, au cours d’un discours de quatre minutes. «Le discours a toutefois été intégré au programme RSS dans un rapport au contenu étendu et diversifié sur le projet Frontex», précise le Tribunal fédéral. Pour les juges, il faut aussi reconnaître que la population n’est pas dupe. Elle sait que le Conseil fédéral fait sa propagande et le reconnaît comme tel, cela ne lui enlève pas sa liberté de formuler son opinion.
« Il ne s’agit pas d’émissions de vote au sens classique du terme. Les discours ne sont pas produits par la RSS et cette dernière n’est pas elle-même responsable de leur contenu », affirme enfin la TF.
La population pas trop dérangée
Les discours du Conseil fédéral sont connus «depuis longtemps», note le TF. Elles sont diffusées à la radio et à la télévision depuis 1971. Elles ne semblent pas trop déranger la population. Une initiative populaire voulait interdire au gouvernement de prendre position sur les sujets soumis au vote dès la fin des débats parlementaires. Il a été soumis à la Suisse le 1er juin 2008. Seule l’UDC l’a soutenu. Le peuple a rejeté catégoriquement le texte par 75,2% des voix. Les Vaudois ont été les plus favorables aux discours du Conseil fédéral: 86,3% d’entre eux ont refusé de les interdire.
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