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Le marché du blé est haussier, selon Patricia Le Cadre

Quelles tendances de prix se dessinent sur le marché du blé ?

Quand on regarde les douze mois de campagne, nous sommes en moyenne assez proche de l’année dernière mais supérieure à ce que nous avons connu ces dix dernières années : nous étions autour de 210 €/t en moyenne et nous sommes aujourd’hui autour de 225 €. /t. Je suis plutôt optimiste sur le prix du blépour plusieurs raisons.

On se concentre beaucoup sur l’offre, mais elle est finalement plus ou moins établie, du moins dans la première partie de la campagne avec ce qui est disponible dans l’hémisphère nord. L’hémisphère sud arrivera dans la deuxième partie de la campagne, avec beaucoup de choses qui peuvent arriver, notamment en termes de météo, de géopolitique, etc.

Ce dont on parle peu, c’est de la demande. Il me semble que c’est complètement sous-estimé dans les différentes évaluations, on a même des évaluations où l’on réduit l’utilisation mondiale du blé, d’autres où l’on progresse mais assez timidement. Cependant, il existe de nombreuses raisons de dire quenous sous-estimons cette demande.

La première est que nous avons un augmentation de la population : comme il y a environ 80 millions de personnes supplémentaires chaque année, nous avons encore besoin de 8 à 10 Mt de blé supplémentaires par an. Alors quand quelqu’un me dit qu’on va diminuer de 3 Mt ou n’augmenter que de 5 Mt, cela me semble un peu juste.

Au-delà de cette croissance démographique, quels éléments militent pour une augmentation de la demande ?

Nous avons également des variations dans les usages alimentaires : nous passons souvent du riz au blé. Et il y a une pénurie de riz sur le marché mondialet c’est de pire en pire. On ne peut pas dire de manière générale qu’on va réduire la consommation de riz et qu’on va aussi réduire celle de blé : à un moment donné, il faut encore nourrir les gens !

Troisième chose : une tonne de blé sur cinq dans le monde est destinée à l’alimentation animale. Cependant, il continue de faire de forts progrès partout dans le monde. Nous avons par exemple des pays comme l’Indonésie, un gros importateur, qui utilise beaucoup de blé pour nourrir ses poulets. La limite de cet exercice est la possibilité que les épizooties réduisent la demande au niveau mondial.

Ce qu’on a aussi tendance à oublier, c’est que les grands pays importateurs sont des pays qui achètent à crédit. Là-bas, ils étaient relativement limités dans leurs achats car les taux d’intérêt étaient très élevés. Mais nous entrons dans un cycle de baisse des taux. Cela signifie que cela réduira le fardeau de la dette d’un certain nombre de pays.

Cette baisse des taux entraînera sans aucun doute une baisse du dollar. Et lorsque l’on abaisse le taux de change du dollar par rapport aux autres monnaies, cela fait monter tout à fait mécaniquement les prix du dollar sur le marché de Chicago.

En termes de demande, bien d’autres éléments entrent en jeu, notamment de la part alimentation animale : le rapport de prix entre le blé et le maïs est très important à observer. Au niveau mondial, pour l’instant on n’est pas tellement favorable au blé, mais on sait que nous avons beaucoup de blé de pas très bonne qualité : il faudra qu’il trouve un débouché dans l’alimentation animale.

Qu’en est-il de l’offre globale ?

Chose importante concernant l’offre : on sait que dans la première partie de la campagne, c’est l’hémisphère nord qui arrive sur le marché. On sait qu’entre la baisse (de la production) en Russie, en Ukraine et dans l’Union européenne, et la hausse aux Etats-Unis et au Canada, on va perdre environ 11 Mt.

Ce que nous ne savons pas très bien et ce qu’il faut vraiment regarder, c’est le timing, c’est-à-dire la vitesse à laquelle la Russie, voire l’Ukraine, mettent leurs disponibilités sur le marché. Mais cela va très vite : en deux mois, les deux pays ont dépassé leurs objectifs de 20 %c’est énorme.

On peut avoir deux campagnes avec le même prix moyen, mais la cinétique ne sera pas du tout la même qu’en 2023/24.

Je pense que nous allons être beaucoup plus proches de ce qui s’est passé en 2021/22 : nous avons eu un début de campagne relativement bas, puis nous avons commencé à progresser, et puis après nous avons eu une accélération de la hausse des prix sur le marché. deuxième partie de campagne. Je voyais bien la campagne céréalière prendre forme sous cette forme.

Qu’en est-il du marché français ?

Si on ne regarde que la , on peut imaginer que nous sommes dans un marché un peu haussier, puisque nous avons une baisse de récolte. Mais il ne faut pas oublier que nous avons eu une augmentation des stocks de report, notamment parce que les prix n’étaient pas rémunérateurs pour les agriculteurs et qu’ils gardaient beaucoup de marchandises en fin de campagne.

La question qui se pose est : « est-ce qu’on attend un peu, Mise-t-on sur une hausse des prix ? sur la deuxième partie de campagne, et peut-on garder un peu plus notre blé sachant qu’on a un peu plus d’espace, ou pas ? « .

Il faut savoir que le maïs arrivera aussi, même s’il est un peu tard. Et pour le maïs on est globalement sur un marché français plutôt très convenable et qui sera un peu plus tendu au niveau mondial, mais en tout cas pas en début de campagne. Il y a toujours cette compétition entre le blé et le maïs qu’il est important de suivre.

Sur le blé, en France nous avons qualités qui ne sont pas très bonnes et qui vont obliger les organismes de stockage à faire un gros travail de répartition, de mixage, etc. Cela coûte de l’argent.

On peut aussi comprendre que l’on s’attend à un prix un peu plus rémunérateur, donc on est adeptes. Nous avons une parité eurodollar qui ne nous aide pas beaucoup. Je pense que beaucoup de choses peuvent changer après les élections américaines, notamment en termes de taux de change. Nous pouvons jouer pour gagner du temps.

 
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