Charles Biétry, ancien journaliste de Canal+ qui a fait sa marque dans le sport, souffre de la maladie de Charcot, une terrible maladie dégénérative qui le prive de sa mobilité et l’empêche désormais de parler. Dans une interview accordée au 7 à 8 sur TF1 avec un usage inédit de l’intelligence artificielle, il se confie sur son combat, sa souffrance mais surtout son amour pour la vie, le rire et les proches.
Il répète vouloir se battre pour « les autres malades », ceux qui ne peuvent pas ou ne peuvent plus. Pour ses proches aussi, qui l’accompagnent au quotidien. C’est un témoignage émouvant et extraordinaire que Charles Biétry, ancien journaliste sportif mythique de Canal+, a livré ce dimanche dans l’émission 7 à 8 sur TF1.
Atteint de la maladie de Charcot – diagnostiquée en 2022 – Charles Biétry marche difficilement avec des béquilles et a du mal à manger. Surtout, il a perdu l’usage de sa voix. Il a donc accepté un dispositif inédit : après avoir reçu par écrit les questions de la rédaction, l’ancien journaliste a envoyé ses réponses, qui ont été enregistrées en audio avec une voix recréée par l’intelligence artificielle.
« Il me reste quelques semaines ou quelques mois à vivre, pourquoi veux-tu que je les gâche ainsi que la vie de mes proches ?
Il raconte sa « torture » dans ce corps qu’il ne contrôle plus totalement : « Une torture, oui c’est à peu près ça. Les mots sont dans ma tête et je n’arrive pas à les sortir. Alors on se recroqueville. et on risque de ne plus avoir de contact avec le monde extérieur. Mais je suis vivant ! Il me reste quelques semaines ou quelques mois à vivre, pourquoi veux-tu que je les gâche ainsi que la vie de mes proches ? profiter et faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider la recherche et les autres patients. Avec ma femme, nous nous aimons depuis 45 ans dans un bonheur extrême et la situation n’est pas facile pour elle. Pourtant, quand on a un coup de blues, c’est elle qui se relève. aplomb avec une phrase devenue légendaire dans la famille : « on rira jusqu’au bout » et ça marche. Elle m’aide simplement en existant.
-« La maladie me donne rendez-vous avec la mort. Je ne suis pas sûr de venir »
Le rire, l’abnégation, le sport le font aussi tenir, pour lui mais surtout pour son entourage et pour les autres patients. « Je m’en sors plutôt bien par rapport à mes amis qui sont en fauteuil roulant. Je n’ai plus d’équilibre mais avec deux cannes anglaises, je fais 200 mètres tous les jours. Et quatre fois par semaine, 30 minutes de vélo pour éviter les chutes qui m’ont déjà conduit sept fois à l’hôpital. Le problème actuel, c’est ma gorge. Non seulement je ne parle plus mais j’ai du mal à manger. Je commence à perdre du poids et je vais être appareillée avec une sonde. abdominale par laquelle on va introduire de la nourriture, moralement c’est un peu dur», dit Charles Biétry, qui réclame l’instauration d’une loi pour avoir le droit de mourir dignement.
«Je suis en guerre contre la maladie», poursuit-il. « Le sport m’aide chaque jour à détester la défaite. Je sais que je perdrai un jour. Mais pour mon entourage, pour les autres malades, je dois me battre. Et les Bretons, c’est vrai, sont un peuple qui ne baisse jamais les bras. […] La maladie me donne rendez-vous avec la mort. Je ne suis pas sûr de venir. Je me battrai à nouveau.
Charles Biétry, aujourd’hui âgé de 81 ans, était directeur des sports à l’AFP en 1980, avant de rejoindre le groupe Canal+. Il occupe les mêmes fonctions à France Télévisions au début des années 2000. En 2012, il est nommé directeur de la chaîne BeIN Sport.