Biélorussie | Loukachenko réélu président pour un septième mandat

Biélorussie | Loukachenko réélu président pour un septième mandat
Biélorussie | Loukachenko réélu président pour un septième mandat

(Minsk) Le président de la Biélorussie Alexandre Loukachenko a été réélu dimanche pour cinq ans avec 87,6 % des voix, selon un sondage officiel à la sortie des bureaux de vote, faute d’opposition tolérée dans cette ex-République soviétique qu’il a été dirige une main de fer depuis 1994.

Publié à 9h53

Mis à jour à 12h56

Robin Bjalon avec Vassily Koloskov à Varsovie

Agence -

La chef de file de l’opposition Svetlana Tikhanovskaïa, contrainte à l’exil et dont le mari est emprisonné dans le pays, dénonce depuis Varsovie « une farce », qualifiant la dirigeante de « criminel » et réclamant la libération de tous les prisonniers politiques.

L’UE et des ONG de défense des droits de l’Homme ont également nuancé cette élection organisatrice, la chef de la diplomatie européenne Kaja Kallas estimant samedi que M. Loukhenko n’avait « aucune légitimité ».

“Nous avons une démocratie brutale en Biélorussie”, a déclaré le président de 70 ans lors d’une conférence de presse à Minsk en présence d’un journaliste de l’AFP, après avoir voté pour cette élection sans enjeu.

Le responsable a reconnu que les personnes qui avaient participé aux grandes manifestations inédites contre son pouvoir en 2020 avaient depuis été exclues de certains emplois, affirmant qu’elles pouvaient demander une grâce s’elles reconnaissaient « qu’elles avaient tort ».

“Nous ne continuerons pas tout le monde, mais nous les surveillons”, a-t-il prévenu, alors qu’il s’appuie depuis trois décennies sur le tout-puissant KGB local. “Nous avons un dossier complet avec toutes leurs photos”.

Dimanche, seuls quatre candidats triés sur le volet par le pouvoir ont servi de réserve.

«Pour une Biélorussie libre»

Durant son sixième mandat, Alexandre Loukachenko a complètement étouffé toute dissidence après les grandes manifestations qui avaient suivi l’élection présidentielle de 2020.

Soutenu par Moscou, il avait alors réussi à consolider son pouvoir avec des arrestations, des violences et de longues peines de prison visant des opposants, des journalistes, des employés d’ONG et de simples manifestants.

Selon l’ONU, plus de 300 000 bavards, sur une population de neuf millions d’habitants, ont fui leur pays pour des raisons politiques, notamment en Pologne voisine.

A Varsovie, environ 1000 personnes se sont rassemblées dimanche autour de Svetlana Tikhanovskaïa, pour dénoncer la réélection assurée de la dirigeante.

Photo Sergei parce que, Agence -

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La chef de l’opposition biélorusse en exil, Svetlana Tikhanovskaïa (au centre), et l’opposant biélorusse Pavel Latushko (à sa droite) marchent avec des membres de la diaspora biélorusse lors d’un rassemblement à Varsovie le 26 janvier 2025.

De nombreuses personnes portaient des masques et certaines ont refusé de témoigner auprès de l’AFP, invoquant le fait que parler aux médias pourrait attirer des ennuis à leurs proches encore présents en Biélorussie.

“La Biélorussie a longtemps vécu sous une dictature où la liberté d’expression et les élections sont impossibles”, a déclaré à l’AFP Alexandre Soustchevski, photographe de 25 ans.

Il évoque « une grande tragédie » pour son pays, mais assure : « Nous continuerons à nous battre pour une Biélorussie libre ! »»

Pour Ales, étudiant de 24 ans qui n’a pas voulu donner son nom de famille, Loukachenko est “un homme absolument incompétent, qui ne conserve son pouvoir que grâce au soutien de la Russie”.

Depuis 2020, Alexandre Loukachenko s’est rapproché de Vladimir Poutine – qu’il a qualifié dimanche de « grand frère » – jusqu’à ce que son territoire soit mis à disposition pour envahir l’Ukraine en 2022.

Interrogé par l’AFP sur d’éventuels regrets au vu de l’ampleur du bilan humain de l’invasion russe, il a répondu d’un ton ferme : “Je ne regrette rien”.

Alliance avec Poutine

A Minsk, Irina Lebedeva, une retraitée de 68 ans, a affirmé à l’AFP avoir voté pour lui. « Grâce à notre président, il y a la paix dans le pays », justifie-t-elle.

Nadejda Goujalovskaïa, 74 ans, a également voté pour « Batka », le « père » en biélorusse. Mais elle reconnaît des lèvres tant le sujet est tabou : « Peut-être que tout n’est pas parfait, que nous ne sommes pas en démocratie… ».

Face à la répression, les Occidentaux ont imposé de lourdes sanctions à la Biélorussie, conduisant Alexandre Loukachenko à accélérer son rapprochement avec le Kremlin.

Illustration de cette alliance, l’armée russe a déployé en Biélorussie à l’été 2023 des armes nucléaires tactiques, une menace pour Kiev mais aussi pour les membres de l’Otan limitrophes du pays (Lituanie, Lettonie, Pologne).

M. Loukachenko a répété dimanche qu’elle souhaitait recevoir des missiles balistiques russes sur son terrain « Orechnik ».

Les organisations de défense des droits humains estiment que le pays compte plus de 1 200 prisonniers politiques détenus dans des conditions difficiles.

 
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