► Quelles sont les causes de l’incendie ?
Selon les premiers éléments de l’enquête, l’incendie qui a ravagé mardi 21 janvier l’hôtel Grand Kartal, dans la station de ski de Kartalkaya (près de la mer Noire), est parti des cuisines, situées au 4ème étage de l’immeuble qui a 12. Les flammes se sont ensuite propagées aux étages inférieurs, peut-être favorisées par le revêtement extérieur en bois. Certains clients des étages supérieurs, coincés, sont morts en sautant par la fenêtre. D’autres ont utilisé des draps pour s’échapper par le côté du bâtiment. Le bilan provisoire, annoncé par le ministère de l’Intérieur, est de 76 morts, dont 14 membres d’une même famille, selon la presse turque, et 51 blessés. Vingt patients restent hospitalisés à Bolu. En raison de la neige et de l’éloignement de l’hôtel du centre-ville, les pompiers ont mis plus d’une heure pour arriver sur les lieux de l’incendie.
► L’hôtel était-il équipé du matériel réglementaire de lutte contre l’incendie ?
La propriété a été inspectée pour la dernière fois en 2024 et, selon le ministre du Tourisme, il n’y avait eu aucune inquiétude quant à sa sécurité incendie avant la catastrophe de mardi. Cependant, selon l’Union des chambres des ingénieurs et architectes turcs (TMMOB), conformément à la réglementation, un système d’extinction automatique d’incendie est nécessaire. Or, « sur les photos publiées sur le site Internet de l’hôtel, on voit que le système d’arrosage automatique, qui devait être installé en 2008, n’a pas été installé »note le syndicat dans un communiqué.
Il n’est pas clair si d’autres réglementations ont été violées, ajoute le syndicat, mais sur la base des déclarations des survivants, « Il est entendu que les systèmes de détection de fumée et d’alarme incendie, les portes coupe-feu n’ont pas fonctionné et que les issues de secours n’ont pas pu être déterminées ». Le ministre du Tourisme a toutefois nié l’absence d’escaliers de secours, affirmant que l’hôtel en possédait deux.
-► Pourquoi le drame prend-il une tournure très politique ?
Les montagnes de Bolu sont populaires auprès des skieurs d’Istanbul et de la capitale turque Ankara, située à environ 170 km, et l’hôtel fonctionnait à pleine capacité au début des deux semaines de vacances scolaires. Des personnalités connues du monde sportif, comme une championne de natation de 10 ans et sa mère, mais aussi du monde de l’entreprise et de l’université, y ont séjourné et font partie des victimes. Huit proches d’un ancien député de l’AKP, le parti du président, sont également morts dans les flammes. « Il n’y a aucune excuse pour de tels décès en 2025 »a lancé mardi soir Özgür Özel, le leader du CHP, principal parti d’opposition.
Le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé que les auteurs de la négligence ayant conduit à l’incendie «serait tenu responsable ». À ce moment-là, neuf personnes ont été arrêtées, dont le directeur de l’hôtel. Un jour de deuil national a été déclaré et le drapeau turc a été mis en berne mercredi jusqu’au coucher du soleil.
