“Le projet le plus important de cette époque.” Lors du lancement d’un projet très ambitieux dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), mardi 21 janvier, Donald Trump a été salué par Sam Altman, le créateur d’OpenAI et ChatGPT. Et pour cause : l’entrepreneur de 39 ans, figure majeure du secteur, est l’un des trois principaux investisseurs de ce projet d’envergure, baptisé Stargate.
Cette nouvelle société « construira les infrastructures physiques et virtuelles pour prendre en charge la prochaine génération d’IA »» a félicité le président américain lors d’une conférence de presse, au lendemain de son investiture. Pour cela, “au moins 500 milliards de dollars” (environ 480 milliards d’euros) seront injectés dans les installations technologiques aux Etats-Unis au cours des quatre prochaines années. Franceinfo vous explique en quoi consiste ce projet d’intelligence artificielle d’une ampleur inédite.
Une IA « made in USA » financée par SoftBank, OpenAI et Oracle
Au lendemain de l’annulation d’un décret de Joe Biden réglementant l’IA, Donald Trump n’a fait que peu de secret sur ses intentions concernant Stargate : d’abord « garantir l’avenir de cette technologie »mais surtout, “garde-la” aux États-Unis. Pour bloquer le chemin vers “Chine” et à « autres concurrents »le nouveau président compte s’appuyer sur trois géants de la tech : le spécialiste du nuage (informatique à distance) Oracle, le géant japonais de l’investissement SoftBank et la startup d’IA générative OpenAI. Une déclaration commune souligne que SoftBank tiendra « responsabilité financière » de cette nouvelle entité et qu’OpenAI sera responsable de « responsabilité opérationnelle ».
Le patron de SoftBank, Masayoshi Son, a précisé que le projet débuterait avec un investissement initial de 100 milliards de dollars (95,8 milliards d’euros). « Nous visons un total de 500 milliards d’ici quatre ans »a-t-il expliqué à la Maison Blanche. Peu avant le premier mandat de Donald Trump, en décembre 2016, celui-ci avait promis un investissement similaire de 50 milliards de dollars (47,9 milliards d’euros). Près de dix ans plus tard, Masayoshi Son poursuit sa stratégie : c’est même lui qui reprend la gestion administrative de Stargate.
Il n’est pas le seul à croire en ce nouveau projet : le fonds MGX, soutenu par les Émirats arabes unis, apporte un soutien financier, tout comme Nvidia, leader mondial des semi-conducteurs. Les partenaires veulent s’unir autour de Stargate « entreprises du secteur des infrastructures de centres de données, de la fourniture d’énergie à l’immobilier, à la construction et à l’équipement »selon leur communiqué de presse.
Un vaste réseau de datacenters en construction
Le développement de nuage de l’IA nécessite d’immenses capacités de stockage de données, ce qui va accroître les besoins en centres d’hébergement et de traitement des données, le célèbre centres de données. Selon le président et co-fondateur d’Oracle, Larry Ellison, Stargate s’appuiera donc principalement sur l’implantation de ces datacenters sur le territoire américain. “Les premiers sont déjà en construction au Texas.près d’Abilene, a révélé l’exécutif, faisant référence à « dix bâtiments de 50 000 m2 ». Il a assuré que d’autres seront ensuite installés dans d’autres Etats. OpenAI, leader de l’IA générative, l’a déclaré « évaluait des sites potentiels à travers le pays pour accueillir davantage de campus » dédié à ces activités.
-Stargate marquera aussi un tournant pour la société de Sam Altman, qui s’appuyait jusqu’ici sur les infrastructures de son partenaire Microsoft, et qui pourra désormais compter sur ses propres centres de données. OpenAI a néanmoins pris soin de préciser sur son site qu’il “[poursuivait] son travail avec Microsoft »son actionnaire avec 49%. Dans un rapport publié en septembre, OpenAI avait plaidé auprès du gouvernement américain pour qu’il crée des centres de données géants de cinq gigawatts, dont le coût était estimé à 100 milliards de dollars.
Ce document semble avoir trouvé un écho auprès de Donald Trump. Depuis la Maison Blanche, le républicain a annoncé qu’il déclarerait un “état d’urgence” lever les obstacles qui limitent la création de centres de données, au bilan environnemental critiqué. Il souhaiterait notamment permettre à Stargate de produire sa propre électricité, sans fournir plus de détails sur la manière dont il compte s’y prendre. Le nouveau président américain assuré que toutes les opérations résultant du projet permettront de créer « presque immédiatement plus de 100 000 emplois » aux États-Unis.
Intelligence artificielle générale et médecine au cœur du projet
La question revient de plus en plus souvent dans le débat : peut-on imaginer la création d’une « intelligence générale artificielle » (IAG), dotée de capacités intellectuelles égales ou supérieures à celles de l’humain ? C’est en tout cas l’ambition de Sam Altman qui mise beaucoup sur Stargate pour « élever l’humanité » grâce à l’IA. Concevoir une AGI est infaisable sans le soutien de Donald Trump, a-t-il assuré aux côtés du président américain, rapporte Reuters.
L’autre projet évoqué par Larry Ellison à la conférence de presse concerne les dossiers médicaux électroniques. Grâce à Stargate, affirme-t-il, les médecins pourront consulter les cabinets de leurs confrères, sans être au même endroit. Il a cité comme exemple la possibilité qu’un médecin de la réserve d’Indian River puisse voir comment un collègue du Memorial Sloan Kettering traiterait un patient. D’autres perspectives ont été évoquées, comme la possibilité de détecter de nombreux cancers grâce à des analyses de sang.