Qui héritera des ruines ? C’est la question qui se pose depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu à Gaza, le 19 janvier 2025. Cet accord en plusieurs phases, visant la libération des otages israéliens et le retrait de l’État hébreu, reste flou sur l’administration de l’enclave. “Il n’y a aucun détail sur la période d’après-guerre dans l’accord de cessez-le-feu”, souligne Khalil Sayegh, un analyste politique gazaoui vivant aux États-Unis depuis trois ans, qui rappelle : « Israël n’a jamais été clair quant à la future gouvernance de Gaza. »
En effet, concentré sur ses opérations militaires, le Premier ministre israélien n’a guère proposé de solution politique pour le lendemain. Certains de ses généraux, ainsi que Yoav Gallant, ministre de la Défense jusqu’au début novembre 2024, ont proposé de confier l’administration de Gaza à Majed Faraj, chef des services de sécurité de l’Autorité palestinienne (appelé le Fermez-la« autorité » en arabe) basée à Ramallah, en Cisjordanie. “Je m’oppose fermement au remplacement du Hamastan par le Fatahstan” » avait répondu Benyamin Netanyahu en mai 2024, en faisant référence au Fatah, le parti à la tête de la Sulta.
Hostile par principe à tout État palestinien, le Premier ministre souhaite maintenir la division entre la bande de Gaza, tenue par le Hamas depuis 2007, et la Cisjordanie. Pour empêcher le retour de Sulta, il a tenté de racheter le clan Doghmouch, une puissante famille gazaouie autrefois liée à al-Qaïda, puis à Daesh. Mais l’assassinat d’un de ses dirigeants par le Hamas en mars 2024 a coupé court à la manœuvre.
« Cet épisode est révélateur de la vision de la droite israélienne, Remarque Khalil Sayegh. Ils sont convaincus que les Palestiniens ne constituent pas un peuple, mais un ensemble de tribus qui pourraient être divisées sans difficulté. » Le ministre des Finances nationaliste religieux, Bezalel Smotrich, a pour sa part proposé de réduire “moitié” la population de Gaza
