C’est l’alliance de la grandeur et de la vénérable : la mutuelle québécoise Beneva, la plus grande du genre au Canada, annonce son intention de fusionner avec l’Ontario Gore Mutual, l’une des plus anciennes mutuelles d’assurance au Canada, avec ses plus de 180 années d’histoire.
La nouvelle entité, comptant plus de 6 000 employés et 27 milliards de dollars d’actifs, porterait la marque Beneva. Cette dernière, née il y a à peine cinq ans de la fusion de SSQ et de La Capitale, entend donc accélérer son expansion — cette fois hors des frontières québécoises.
«Aujourd’hui, nous sommes fortement concentrés au Québec», explique Jean-François Chalifoux, PDG de la mutuelle québécoise. Avec l’arrivée de Gore Mutual dans notre portefeuille, nous réduirions le poids du Québec dans nos activités, ce qui augure bien pour faire face aux événements climatiques que nous anticipons dans les prochaines décennies. »
L’arrivée de Gore Mutual dans le giron de Beneva permettrait également, ajoute M. Chalifoux, « d’avoir un meilleur équilibre entre nos portefeuilles d’assurance de personnes et d’assurance de dommages ». A l’issue de la fusion, Beneva passerait à 10e figure au palmarès des assureurs de dommages au Canada.
La mutuelle québécoise compte actuellement 5 600 employés comparativement à environ 600 chez Gore Mutual. « Ce qui est intéressant pour nous, souligne M. Chalifoux, c’est de passer de 400 employés hors Québec, qui sont principalement dans la grande région de Toronto, à 1 000. »
Prélude à l’expansion vers l’ouest
Plusieurs étapes restent à franchir avant de sceller l’alliance des deux assureurs. Il faudra notamment obtenir le consentement des membres mutualistes de chaque organisme, du Bureau de la concurrence et des autorités de régulation, en plus d’attendre l’adoption de projets de loi d’intérêt privé par le Sénat canadien et l’Assemblée nationale du Québec. Il faudra attendre 2026 avant de voir apparaître les couleurs de Beneva sur le territoire actuellement occupé par Gore Mutual, qui possède des bureaux à Cambridge, son siège social, à Toronto et à Vancouver.
Ce désir de fusionner avec la vénérable Ontario Mutual est un prélude à de plus grandes ambitions d’expansion vers l’ouest.
-«Nous pensons qu’il existe encore un certain nombre de petits et moyens acteurs du secteur mutualiste qui gagneraient à prendre de l’ampleur», indique Jean-François Chalifoux. Les petites entreprises doivent faire face aux défis liés au changement climatique et aux fluctuations économiques tout en investissant dans leur croissance. Lorsque leur base de capital est plus petite, la moindre secousse se reflète dans leurs résultats. »
Le PDG de Beneva poursuit avec une liste des nombreux bouleversements qui ont ébranlé les petits assureurs ces dernières années. « Il y a eu des fluctuations des taux d’intérêt, des fluctuations des marchés financiers, des cyberattaques. Je constate au quotidien avec Beneva, à quel point une entreprise plus grande est mieux armée pour affronter les nombreuses tempêtes, qu’elles soient technologiques, économiques ou climatiques. »
Gore Mutual salue la possibilité de fusionner avec Beneva. ” [Cela] nous permettra d’accélérer notre croissance et de garantir l’avenir à long terme de nos organisations», souligne le PDG de la mutuelle ontarienne fondée en 1839, tout en assurant que «Beneva reconnaît et respecte l’importance de [leur] héritage “.
La fusion de Beneva et Gore Mutual, la plus jeune et la plus ancienne mutuelle du pays, “consolide également le mutualisme dans le pays”, se réjouit Jean-François Chalifoux.
« C’est une aspiration que nous avions lorsque nous avons créé Beneva il y a cinq ans. Nous voulions assurer la pérennité du modèle mutualiste au Québec; désormais, nous nous implantons hors de nos frontières pour consolider la mutualité d’assurance ailleurs dans le pays. »
