Hier après-midi, je pensais que Trump était peut-être un politicien traditionnel après tout. Au moins sur la question des droits de douane.
Depuis novembre, il avait juré de frapper fort dès les premières minutes de sa présidence. Mais hier matin, on a appris qu’il voulait… consulter avant d’imposer des droits de douane.
A court terme, ce seraient des « agences fédérales » qui recevraient le mandat, apprend-on du Journal de Wall Streetpour « évaluer les relations commerciales des États-Unis avec la Chine et ses voisins continentaux ».
Bref, on s’en sort ! «Pour l’instant», du moins, a déclaré Justin Trudeau aux journalistes.
Le Nord épargné
Le Nord semblait épargné par les décisions trumpistes intempestives (et injustifiées). Les décisions vraiment difficiles étaient réservées au Sud.
- Rapatriement forcé depuis le canal de Panama (ce qui pourrait déclencher un affrontement armé).
- Etat d’urgence à la frontière sud, où l’armée sera dépêchée, afin de stopper une prétendue « invasion » en cours.
Peut-être que les efforts de nos élus et de nos hommes d’affaires concernés ont eu ce premier effet bénéfique ?
Danielle Smith, la première ministre de l’Alberta, en direct de Washington, s’est réjouie dans l’après-midi que le Dominion et ses hydrocarbures soient épargnés. Il est temps d’étudier la question plus en profondeur. Nous apprécions la reconnaissance implicite du fait qu’il s’agit d’une question complexe et sensible ayant de graves implications pour les travailleurs, les entreprises et les consommateurs américains et canadiens, compte tenu de l’intégration de nos marchés ainsi que de notre partenariat essentiel en termes d’énergie et de sécurité. »
Cauchemar
Sauf qu’hier soir, en signant une débauche de décrets, Trump a clairement fait savoir que les tarifs douaniers allaient bientôt arriver. A partir du 1er février, ce sera 25%.
-Nous ne serons donc épargnés que quelques jours. Mme Smith avait pris ses souhaits pour réalité.
François Legault l’a bien dit : la menace tarifaire trumpienne pourrait tomber sur nous « dans une semaine, dans un mois », qui sait ?, étant donné l’imprévisibilité du 47e président américain, il fallait continuer à se préparer.
Dès demain, certains messages devront être martelés. À l’image de cette publicité un peu lyrique de l’Ontario « partenaire exemplaire » des États-Unis, diffusée hier sur CNN, entre deux temps forts de cette journée particulière, qui donnait l’impression d’entrer dans une nouvelle ère incertaine.
Il faudra bien préciser que ces droits de douane sont aussi un mal que les États-Unis s’infligent à eux-mêmes. Nous ne pouvons pas, comme Trump, promettre de réduire l’inflation tout en imposant des droits de douane universels.
À bien y penser, il y a peut-être un avantage à cette situation. Les droits de douane sur nos exportations frapperont durement une grande partie de l’économie américaine. Et vite. Comme l’a bien dit la gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, la semaine dernière : ce sera un « cauchemar » pour l’industrie automobile, car les pièces traversent souvent la frontière à plusieurs reprises.
Plutôt que d’attendre les évaluations d’une agence, plutôt que de tenter de négocier, les Québécois et les Canadiens pourront démontrer aux États-Unis les effets délétères de ces décisions. Et face à cela, l’administration Trump décidera peut-être d’abandonner. Comme ils l’ont fait avec les tarifs douaniers sur l’aluminium en 2018. Espérons.