Le dernier plan de développement nucléaire publié il y a quatre mois aux Etats-Unis prévoit le triplement des capacités de production d’ici 2050 dans le pays. Sera-t-il maintenu tel quel par Donald Trump ? Et quelles conséquences son retour au pouvoir pourrait-il avoir sur la production et les importations d’uranium ?
Républicains et démocrates ont réussi à trouver un terrain d’entente ces dernières années sur les principaux domaines de relance de la production. Le retour de Donald Trump pourrait cependant faciliter un peu la levée des moratoires sur l’exploitation dans certains États, via une baisse des normes environnementales, suggère le dernier rapport publié par l’Observatoire pour la sécurité des flux et des matières énergétiques (Osfme) et coordonné par l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).
Le nouveau président devrait également augmenter les droits de douane de 10 à 20 % sur les importations de minerai radioactif. L’uranium chinois est déjà taxé à 25 % depuis l’année dernière, mais le volume importé n’est pas significatif, explique Teva Meyer, chercheuse associée à l’Iris et co-auteur du rapport, et la mesure est sans conséquence pour ÉTATS-UNIS.
D’importantes capacités de production dormantes
Le pays est le plus gros consommateur d’uranium, mais reste toujours dépendant de l’extérieur pour son approvisionnement, ses principaux fournisseurs étant le Canada (27 %), l’Australie (22 %) et le Kazakhstan (22 %).
Les réacteurs américains absorbent à eux seuls un quart des besoins mondiaux – soit environ 18 000 tonnes. Et le secteur sera encore plus gourmand dans les années à venir, puisque les capacités nucléaires devraient tripler d’ici 2050, selon le plan de développement nucléaire publié en septembre 2024 par le ministère américain de l’Énergie.
La production nationale, qui ne représente que quelques pour cent des besoins actuels, est largement insuffisante. Produire davantage est essentiel pour les États-Unis, notamment dans le secteur de la défense, car l’uranium importé est conditionné pour un usage civil.
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L’uranium importé coûte toujours moins cher
D’où le renouveau du secteur, notable depuis deux ans. Au premier semestre 2024, le pays a produit autant que sur l’ensemble de 2022, selon les données compilées par l’étude Osfme. Près d’une vingtaine de sites d’extraction utilisant la technique ISL disposent déjà de leur licence et attendent d’avoir plus de visibilité sur les besoins à long terme, pour justifier les investissements.
La relance de la production signifie également que le pays pourra moins dépendre de l’uranium russe. En 2023, 12 % de l’approvisionnement en uranium naturel des États-Unis provenait de la société russe Rosatom. Officiellement, ces importations ne sont pas interdites, contrairement à celles d’uranium enrichi.
Peut-être parce que l’uranium naturel importé, que ce soit de Russie, d’Ouzbékistan ou du Canada, coûte toujours moins cher que celui produit aux États-Unis.
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