Le Canada sera-t-il moins attractif pour les investisseurs européens ?

Un point d’entrée sur le marché nord-américain. C’est l’un des atouts du Canada pour attirer les entreprises étrangères, notamment européennes. Cette position enviable pourrait soudainement devenir moins attractive en fonction des politiques commerciales mises en œuvre par la prochaine administration américaine.

Le Canada se trouve dans une position unique puisqu’il a à la fois un accord de libre-échange avec l’Union européenne et un autre traité avec ses voisins nord-américains.

Ainsi, environ 1 200 entreprises françaises étaient implantées sur le sol canadien en 2022, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques.

Selon Sam Ayoub, président de la Chambre économique Canada-Europe, le pays est aussi plus attractif que les États-Unis acquérir les services d’une main d’œuvre qualifiée, implanter des bureaux, disposer d’un plan d’achat et d’approvisionnementcompte tenu de la faiblesse de sa monnaie par rapport au dollar américain.

Mais cette position enviable pourrait être menacée par l’imposition probable de droits de douane par l’administration Trump, après la prestation de serment du 47e président le 20 janvier.

Les détails entourant ces éventuelles barrières tarifaires restent inconnus, mais ces dernières semaines, Donald Trump a évoqué des droits de douane de 25 % contre le Canada et le Mexique, tandis que le pourcentage de 10 % a été évoqué pour le reste du monde, y compris l’Europe.

Une porte d’entrée sur le marché nord-américain

25%, c’est dissuasif, très dissuasifnote Elvire Fabry, chercheuse senior en géopolitique commerciale à l’Institut Jacques Delors.

Selon l’expert, si les problèmes liés aux passages illégaux et au trafic de drogue aux frontières nord et sud des Etats-Unis ont été évoqués pour justifier de tels tarifs douaniers, d’autres raisons se cachent derrière cette volonté affichée du prochain président.

C’est la fermeture de la porte dérobée du marché américainexplains Elvire Fabry.

Le Mexique, par exemple, a été pointé du doigt comme étant une porte d’entrée vers le continent nord-américain pour les importations chinoises. Le pays est devenu une porte d’entrée pour les voitures, pièces automobiles et autres produits chinois vers les marchés canadien et américain» a déclaré le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, faisant écho aux commentaires entendus aux États-Unis.

Des employés au travail dans une usine de production de pièces automobiles Bosch à San Luis Potos, au Mexique (photo d’archives)

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Photo : Getty Images / PEDRO PARDO / AFP

Les tarifs douaniers réduisent fortement l’attractivité de l’accès au marché américain via le Canada et le Mexique.

Une citation de Elvire Fabry, chercheuse à l’Institut Jacques Delors

Un rapatriement de la production aux Etats-Unis ?

Si elle se confirme, cette nouvelle réalité commerciale pourra-t-elle freiner les entreprises européennes déjà implantées au Canada ou envisageant de s’y implanter ?

Luc Chavany, président de LC Consultantqui conseille les entreprises basées en Normandie, a pris le pouls de certains de ses membres.

Deux de ses membres, des multinationales ayant des centres au Canada et aux États-Unis, lui ont dit qu’elles étaient prêtes à produire plus ou à assembler davantage, selon ce qui donnerait plus de valeur à leurs produits en fonction de la réglementation qui sera mise en place.

Tout cela va inévitablement rapatrier la production aux Etats-Unisprédit Luc Chavany.

Malgré tout, certains de ses membres ont confirmé vouloir créer des filiales au Canada, compte tenu des avantages de l’accord de libre-échange avec l’Union européenne. Ces sociétés je le ferai quoi qu’il arrive.

Sam Ayoub, de la Chambre économique Canada-Europe, appelle également à la prudence face à des tarifs douaniers qui n’ont toujours pas été annoncés. Ce n’est pas avec des déclarations et tweets qu’il faut réagir prématurémentdit-il.

Quand on fait des investissements importants dans un pays, dans une région, on ne le fait pas sur un an, deux ans, c’est dans une perspective à moyen ou long terme. Cela va au-delà du mandat d’un président américain. Il n’y a donc aucune véritable raison structurelle de modifier les plans d’investissement stratégiques au Canada.

Une citation de Sam Ayoub, président de la Chambre économique Canada-Europe

Pour l’instant, l’incertitude persiste quant à ce qui attend le Canada sur le front commercial. Réponse dès lundi.

 
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