la paix promise par Trump a un goût amer

Donald Trump réussira-t-il à mettre fin à la guerre, comme il le prétend ?Image : clé de voûte / dr

Volodia, chauffeur dans l’armée ukrainienne, rêve de retrouver sa mère, restée sous occupation russe. Mais à quel prix ? Alors que la perspective d’une trêve se profile, certains militaires craignent qu’elle n’enterre leurs espoirs de reconquête. Des témoignages du cœur d’un Donbass meurtri.

Barbara WOJAZER/AFP

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Volodia, un soldat ukrainien, est déchiré par la perspective d’une trêve entre son pays et la Russie, qui laisserait son village natal et sa mère sous occupation russe. L’insistance du président élu américain Donald Trump sur sa capacité à mettre fin à la guerre inquiète ce pilote de l’armée, avant le retour du milliardaire à la Maison Blanche le 20 janvier. Trump n’a pas présenté de plan, mais est soupçonné de vouloir céder les terres ukrainiennes aux Russes. , en échange de la paix ou d’une trêve.

“Je suis déchiré parce que je veux que nos gars arrêtent de mourir, mais je veux aussi revoir ma mère” qui vit en territoire occupé, dit-il à Kramatorsk, la principale ville du Donbass ukrainien toujours sous le contrôle de Kiev.

“J’aimerais pouvoir entrer sereinement dans mon village sous le drapeau ukrainien, plutôt que sous le drapeau tricolore (russe), pour être et me sentir chez moi”

Le soldat de 26 ans, qui utilise un pseudonyme pour protéger l’identité de sa mère, affirme qu’elle a choisi de rester là-bas pour prendre soin de son propre père affaibli.

Les sentiments contradictoires de Volodia sont partagés par nombre de ses concitoyens, militaires et civils. Suspendre le conflit donnerait un répit à l’armée et à la population, épuisées par près de trois ans de guerre, mais pourrait revenir à céder environ 20 % du territoire ukrainien, Vladimir Poutine affirmant ne vouloir rien de moins.

La dernière courte visite de Volodia dans son village remonte à décembre 2021, trois mois avant l’invasion russe, pour prendre le thé avec sa mère.

Notre paix est finie

«Ma mère fait de très bonnes pommes de terre rissolées. Ça me manque tellement de me réveiller à la maison et d’aller à la cuisine où elle est toujours occupée », raconte le jeune soldat. Il se souvient aussi de ses jeux d’enfance, ou de l’antre où il retrouvait ses amis l’hiver :

« Nous sommes restés assis là du matin au soir, à jouer aux cartes, à manger des graines de tournesol et des crackers, et à parler de tout et de rien. »

Cette nostalgie est partagée par Ioury, officier du bataillon Aidar, âgé de 35 ans. Il se souvient des terrils noirs du Donbass, le bassin minier de l’Est. Ces amas de roches issues des mines sont « comme des montagnes qui s’élèvent partout à l’horizon », explique l’ancien électricien.

« Il y avait des prairies fleuries, des abeilles volaient. Et puis les roquettes sont tombées partout et notre paix a pris fin », dit-il. Sa ville natale, Selydové, a été conquise par la Russie en octobre 2024 et en grande partie détruite par les combats. Yuriy comprend qu’il sera difficile de reprendre et de reconstruire, mais de refuser de baisser les soutiens-gorge.

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Continuer « notre combat »

Selon lui, ceux qui prônent un cessez-le-feu devraient s’entretenir avec les proches des soldats tués. “Ils seraient mieux à même de dire si nous devons céder 20 % des terres ukrainiennes ou si cela vaut la peine de poursuivre notre lutte au nom de leurs hommes”, juge-t-il.

Certains Ukrainiens se disent prêts à faire des concessions. Ils étaient 38% en décembre, contre 32% en octobre, selon un sondage de l’Institut international de sociologie de Kiev (KIIS).

Oleksandr, commandant d’une unité du bataillon Aidar, âgé de 41 ans, est originaire de Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014. Pour lui, une trêve est synonyme de désastre, car elle permettra au Kremlin de reconstituer ses forces et de puis saisissez encore plus de territoire. “L’appétit vient en mangeant”, dit-il.

“Je l’aime aussi”

Même s’il a rompu les liens avec sa famille pro-Kremlin toujours en Crimée, la première chose qu’il ferait s’il était reconquis serait d’embrasser ses parents.

Volodia en rêve aussi. Il parle quotidiennement avec sa mère au téléphone. Récemment, il a senti que quelque chose n’allait pas :

“Elle essaie toujours de se contrôler, mais je l’ai appelée et j’ai pu entendre ses émotions déborder”

Elle lui a alors raconté que son village avait subi des bombardements ukrainiens répétés. Volodia ne pouvait qu’essayer de lui remonter le moral à distance.

Depuis une conversation particulièrement déchirante juste avant la prise du village par les Russes, leurs appels se terminent toujours de la même manière. « Elle m’a toujours dit qu’elle m’aimait. Maintenant, je lui dis aussi que je l’aime.

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Visages de guerre pour le New York Times.

source : Alexandre Tchekméniev

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