Cette brigade, c’est Emmanuel Macron qui a annoncé sa création en octobre dernier : 5 000 Ukrainiens, formés et équipés par la France. La brigade Anne de Kiev, équipée de chars Léopard et de canons César, devait être la vitrine du projet du gouvernement ukrainien de créer de nouvelles brigades, avec l’aide de ses partenaires occidentaux.
Mais le « coup médiatique » a vite tourné au fiasco : après un entraînement précipité et face au chaos organisationnel de la brigade et de son état-major, 1 700 soldats, selon la presse ukrainienne, ont fait défection dès son déploiement.
Au bord d’un champ, à côté d’un char Léopard, Volodia allume une cigarette entre ses doigts, rouge et séchée par le froid. Au loin, des explosions d’artillerie : nous sommes sur le front, près de la ville de Pokrovsk assaillie par l’armée russe. “Ceux qui ont fait défection, personne ne peut leur en vouloir… C’est entre eux et leur conscienceraconte celui qui dirige une compagnie de pétroliers de la 155e brigade mécanisée Anne de Kiev. La faute revient plutôt au centre de recrutement qui a attrapé les gens en masse, sans les trier, sans se demander qui ils étaient, ce qu’ils faisaient avant, leur âge, leur état psychologique. Ces désertions, bien sûr, elles ont un impact sur notre capacité à combattre…“
Avant sa mobilisation, Volodia, 51 ans, se trouvait dans le bâtiment. Six mois plus tard, il commande une compagnie de pétroliers. Comme 90 % des hommes de la brigade Anne de Kiev, il n’avait aucune expérience du combat. En fait, Volodia, comme ses collègues, n’a bénéficié que d’un mois de formation. Comme lui, il fut en France pour les artilleurs et fantassins, et en Pologne pour les autres. Ensuite, pour tout le monde : le front, immédiatement.
C’est peu, trop peu, admet-il sans enthousiasme. Il ne sert à rien de revenir sur les échecs du lancement de la brigade Anne de Kiev. Les soldats restants tentent d’avancer. Aujourd’hui, il parle comme un soldat : «Au combat, on n’a pas le temps de réfléchir. Vous agissez, c’est tout. C’est après, quand tu rentres du terrain, que tu repenses à ce que tu as fait« .
-Plus loin, derrière les arbres, se trouvent d’anciennes fermes et datchas, où se reposent parfois ses hommes. Sergyi, 31 ans, est l’un des rares à avoir déjà servi dans l’armée : « Un mois d’entraînement, c’est trop peu. Là, aussitôt, nous sommes projetés sur la partie la plus chaude du front. Ceux qui n’y sont pas allés ne peuvent pas comprendre. Les obus explosent, les drones au-dessus de nos têtes. Et les gens qui sont tués. Ce qui manque à notre brigade, ce sont des officiers de carrière, des gens expérimentés au combat.« .
Deux explosions secouent le sol. Deux KAB, bombes planantes russes d’une demi-tonne chacune, viennent de s’abattre sur la mine de charbon voisine. Près de son char, parmi les arbres, le capitaine Volodia allume à nouveau une cigarette. “Tout le monde veut que cette guerre prenne fin. Cela ne profite à personne, ni à l’Ukraine ni à la Russie.dit-il. Avant de glisser : «Mais il faut arrêter ça, parce que ce sont les gens qui meurent« . Dans sa voix, la lassitude. Et un espoir, celui d’un cessez-le-feu, au plus vite.
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