Explosion au port de Beyrouth

Explosion au port de Beyrouth
Explosion au port de Beyrouth

(Beyrouth) Le juge libanais Tarek Bitar, chargé d’enquêter sur la gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth, a repris jeudi ses investigations et ouvert des poursuites contre dix nouvelles personnes, a indiqué à l’AFP une source judiciaire.


Publié à 11h31

Mis à jour à 12h22

Le 4 août 2020, l’une des plus grandes explosions non nucléaires de l’histoire a dévasté une grande partie de la capitale libanaise, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6 500.

M. Bitar, juge indépendant, a dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l’hostilité d’une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu’à une série de procédures judiciaires.

La reprise de ses investigations intervient après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam au poste de Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël et la chute de Bachar al-Assad en Syrie.

Aoun et Salam se sont engagés à garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire et à prévenir toute ingérence dans le travail des juges, dans un pays où prévaut la culture de l’impunité.

Une source judiciaire a indiqué à l’AFP, sous couvert d’anonymat, que M. Bitar avait “repris ses investigations sur le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers supérieurs de l’armée, de la sûreté générale et des douanes”.

Il a précisé que les interrogatoires débuteront à partir du 7 février. Des séances d’interrogatoires sont également prévues en mars et avril avec d’autres prévenus, dont d’anciens ministres et députés.

Selon la même source, M. Bitar envisage alors de clôturer l’enquête et de la transmettre au procureur de la République près la Cour de cassation afin qu’il examine le dossier, en vue de formuler un réquisitoire.

” Espoir “

« Les promesses faites par le président et le premier ministre, puis la reprise de l’enquête […] aujourd’hui, donnez-nous l’impression qu’il y a un espoir que les droits des victimes, pour lesquels nous avons continué à lutter, ne soient pas oubliés”, a déclaré Cécile Roukoz, l’une des avocates des familles des victimes, qui a perdu son frère dans le conflit. explosion.

Jeudi, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a appelé à « la reprise d’une enquête indépendante », insistant sur la nécessité que les responsables soient « tenus responsables » et proposant l’aide de son Haut-Commissariat à cet effet.

L’explosion a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées négligemment des tonnes de nitrate d’ammonium, malgré les avertissements répétés des hauts responsables.

Un premier juge chargé de l’enquête en 2020 avait dû jeter l’éponge, après avoir inculpé l’ancien premier ministre Hassan Diab et trois anciens ministres.

Tarek Bitar s’était à son tour attaqué aux dirigeants politiques, mais avait été confronté aux mêmes obstacles et à une demande du Hezbollah de le démettre de ses fonctions.

Il a repris son travail à la surprise générale en janvier 2023, inculpant plusieurs personnalités de haut rang, avant d’être poursuivi pour insubordination par le procureur général, une première dans l’histoire du Liban.

Les proches des victimes et de nombreuses ONG internationales ont demandé à plusieurs reprises la création d’une commission d’enquête internationale, mais se sont heurtées à un refus officiel du Liban.

Dans son premier discours mardi, M. Salam a déclaré qu’il ferait « tout son possible pour rendre justice aux victimes de l’explosion ».

 
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