La Russie et l’Iran sont sur le point de signer un accord de partenariat stratégique global historique. Cette alliance grandissante entend bousculer la scène géopolitique mondiale et contrebalancer l’influence occidentale. Quelles seront les répercussions ?
Dans un contexte de tensions croissantes avec l’Occident, la Russie et l’Iran s’apprêtent à franchir une nouvelle étape dans leur rapprochement stratégique. Selon des sources diplomatiques, les présidents Vladimir Poutine et Massoud Pezeshkian devraient signer ce vendredi un accord de « partenariat stratégique global » en Russie, marquant une étape majeure dans l’alliance grandissante entre Moscou et Téhéran.
Une coopération renforcée face aux sanctions occidentales
Soumis à de lourdes sanctions internationales qui entravent leurs échanges commerciaux, la Russie et l’Iran ont considérablement renforcé leurs liens ces dernières années. Face à une confrontation de plus en plus marquée avec les États-Unis et leurs alliés européens, les deux pays voient dans leur partenariat un moyen de contrebalancer l’influence occidentale sur la scène mondiale.
Pour Abbas Araghchi, chef de la diplomatie iranienne, cet accord s’inscrit dans la volonté de construire « un nouvel ordre mondial plus juste et plus équilibré. Dans un article publié par l’agence de presse russe Ria Novosti, il affirme qu’il s’agit de remplacer « l’hégémonie » occidentale par une « coopération » entre nations souveraines.
Un partenariat multidimensionnel
Selon l’ambassade d’Iran en Russie, le futur traité couvrira une coopération approfondie dans de nombreux domaines stratégiques :
- Énergie
- Environnement
- Défense et sécurité
Côté russe, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a souligné que l’objectif était de « développer les capacités » des deux pays, notamment en termes de « défense fiable ». Il a toutefois tenu à préciser que cet accord était « dirigé contre n’importe qui », écartant les accusations occidentales d’une éventuelle menace russo-iranienne.
Rumeurs d’une alliance militaire
Si les contours exacts de ce partenariat restent à définir, certains observateurs s’interrogent sur une éventuelle dimension militaire, à l’image du traité signé l’année dernière entre Moscou et Pyongyang. Un article de ce texte prévoyait en effet « une aide militaire immédiate » en cas d’agression armée.
Des inquiétudes alimentées par les accusations occidentales sur l’implication de l’Iran et de la Corée du Nord dans le conflit ukrainien aux côtés de la Russie. Des allégations fermement démenties par Téhéran, qui a réfuté tout envoi de drones ou de missiles vers Moscou.
Lors du dernier sommet des BRICS en octobre dernier à Kazan, Vladimir Poutine avait appelé à renforcer la « dynamique positive » de la coopération économique avec l’Iran, citant notamment le projet de corridor logistique Nord-Sud reliant la Russie à l’Iran via l’Azerbaïdjan.
Syrie, Ukraine : un front commun
Au-delà des aspects économiques, Moscou et Téhéran s’accordent sur de nombreuses questions géopolitiques brûlantes. Alliés de longue date du régime syrien de Bachar al-Assad, les deux pays ont activement soutenu Damas contre les rebelles pendant la guerre civile.
Dans le conflit ukrainien, si l’Iran maintient officiellement une position de neutralité, de nombreux experts y voient un soutien tacite aux intérêts russes vis-à-vis de l’Occident.
L’officialisation de ce partenariat stratégique mondial intervient quelques jours avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. L’ancien président américain, architecte d’une politique de « pression maximale » contre l’Iran, pourrait une nouvelle fois durcir le ton face à l’axe Moscou-Téhéran.
Face à ces turbulences géopolitiques, la Russie et l’Iran semblent déterminés à approfondir leur coopération pour exercer davantage d’influence sur la scène mondiale. Reste à savoir si cette alliance sera capable de résister aux pressions et aux aléas d’un monde de plus en plus polarisé.
