Saint-Fraigne : quel avenir pour l’ancien Foyer d’Enfants ?

Saint-Fraigne : quel avenir pour l’ancien Foyer d’Enfants ?
Saint-Fraigne : quel avenir pour l’ancien Foyer d’Enfants ?

SSur le trottoir de l’ancienne maison d’enfants de Saint-Fraigne, ce n’est pas encore la plage mais déjà un peu la forêt. Le lierre grimpe jusqu’au toit de l’ancienne maison du directeur, court sur l’asphalte de la cour et commence à attaquer les murs de l’ancien internat. À l’intérieur, des tas de linge trônent encore au milieu de la pièce entre la bibliothèque et les équipements de la cuisine, comme si la vie s’était arrêtée net en 2020 lors de la fermeture de la structure. « Cela m’attriste de voir ce qu’il en reste aujourd’hui », avoue Élisabeth Riglet, ancienne déléguée du personnel de l’établissement, qui y a travaillé pendant 14 ans, « d’abord comme surveillante de nuit puis comme enseignante. maison » avec les 16 enfants pris en charge.

Une partie du linge et des meubles se trouvent encore à l’intérieur de l’ancien foyer pour enfants.

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« Cette maison est un élément du patrimoine qui accueillait déjà des enfants malades et démunis au XIXème siècle. On le voit se détériorer au fil des années. »

Un état d’esprit partagé par Céline Marcelin et Michel Bonnet, maire et conseiller municipal responsable des travaux à Saint-Fraigne, qui interpellent le Département, toujours propriétaire de l’immeuble. « Cette maison est un élément du patrimoine qui accueillait déjà des enfants pauvres et malades au XIXème siècle.e siècle. On le voit se dégrader au fil des années », regrettent les élus, dans l’incompréhension face au projet du Département de construire une unité de 50 places d’accueil à Esse, en Charente limousine (lire CL du 9 janvier), « pour qu’ici, tout soit abandonné. . Des fenêtres ont également été cassées il y a un peu plus d’un an, obligeant à cadenasser les différents points d’accès.

Des fenêtres ont été cassées il y a un peu plus d’un an, obligeant à cadenasser les différents points d’accès.

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Quel avenir pour cet ensemble immobilier, alors que 45 mesures de placement restent inappliquées en Charente, faute de places d’accueil ? « Nous n’avons rien de concret pour le moment », souligne Nelly Vergez, vice-présidente chargée de l’enfance au Département. Un gros travail est en cours pour clarifier les besoins et les structures disponibles sur le territoire, sachant qu’il faut tenir compte de la superficie de vie des enfants pris en charge et éviter d’augmenter le nombre de déplacements. »

Une renaissance incertaine

Si cela ne ferme pas la porte à une éventuelle renaissance de la Maison d’Enfants Saint-Fraigne, ce n’est pas forcément une priorité. « De nombreuses structures sont déjà présentes dans l’ouest de la Charente, qui n’est donc pas la localisation la plus adaptée », poursuit Nelly Vergez. Manière de répondre aux critiques sur le choix d’Esse. « On sait aussi que les bâtiments de Saint-Fraigne ne peuvent pas être utilisés tels quels. »

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Jusqu’à 2,9 millions d’euros HT. C’est le coût estimé de la réhabilitation des locaux réalisée en 2016. L’ancienne équipe départementale et le Groupement multi-associatif 79-16 (GPA), gestionnaire de l’accueil social d’enfants de Saint-Fraigne, avaient privilégié la construction, de trois petites unités de 5 à 6 enfants à Saint-Fraigne, Aigre et Villefagnan (lire encadré). Un choix alors critiqué par l’ancien maire de Saint-Fraigne Franck Bonnet et encore contesté aujourd’hui par Élisabeth Riglet mais accepté par les décideurs pour des raisons politiques (lire encadré).

« La Maison d’enfants Saint-Fraigne était déjà fermée à notre arrivée. Soit on le réhabilite pour en faire une structure d’accueil, soit on le vend », précise Nelly Vergez, alors que le Conseil général avait acheté l’ensemble immobilier aux Sœurs de Sainte-Anne de la Providence à Saumur en 1972… pour 37 millions de francs !

Trois petites unités au lieu d’une grande : cinq ans après, le choix fait toujours polémique

Le choix de démanteler l’ancien foyer d’enfants de Saint-Fraigne au profit de trois petites unités neuves dispersées entre Saint-Fraigne, Aigre et Villefagnan, ouvertes en 2020, était-il pertinent ? Élisabeth Riglet, ancienne déléguée du personnel CFDT, le juge durement. « Au moins cinq des éducateurs spécialisés historiques ont démissionné suite à la dégradation des conditions de travail. Avant, lorsqu’il y avait un accrochage, deux éducateurs étaient toujours présents en même temps, permettant de réduire la pression, ce n’est plus possible aujourd’hui, accuse celui qui a souffert d’un burn-out à la fermeture de l’école. établissement où 16 enfants ont été pris en charge. Depuis, des intérimaires plus ou moins qualifiés arrivent, même si ces enfants ont besoin de stabilité et de références. »
Elle s’interroge également sur le coût de fonctionnement, “plus important avec trois maisons au lieu d’une seule” : “Nous avons par exemple besoin de trois surveillants de nuit contre un seul avant”. « Un choix politique pour le bien-être des enfants, pas financier », revendique Brigitte Fouré, alors vice-présidente à la protection de l’enfance. Plus on rassemble d’enfants en difficulté, plus c’est explosif : nous avons privilégié un système d’accueil familial de 5 ou 6 enfants, conformément aux recommandations du Conseil national de protection de l’enfance. »
Thierry Roulleau, directeur général de GPA 79-16, l’association gérant les trois unités d’accueil, le confirme. « Trois unités coûtent forcément plus cher à faire fonctionner qu’une seule mais permettent un accompagnement plus qualitatif, en chambres individuelles notamment », précise celui qui ne nie pas les difficultés de recrutement. Le secteur social souffre au niveau national, il est difficile de recruter, notamment dans les zones rurales et dans les centres d’accueil où les travailleurs sociaux sont confrontés à des situations complexes d’enfants. » Quelques intérimaires sont présents dans les équipes. « Mais l’objectif est de réduire leur nombre pour pérenniser les effectifs », poursuit Thierry Roulleau, soulignant les efforts supplémentaires du Département pour former localement avec l’IRTS de Poitiers et s’orienter vers des formations diplômantes. »

 
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