Delhaize a conclu lundi un accord avec le groupe Louis Delhaize pour acquérir la totalité des actions de Delfood SA. Cette acquisition couvre l’ensemble des 325 magasins et activités Louis Delhaize fournis par Delfood, les services logistiques et le siège social en Belgique, a annoncé Delhaize dans un communiqué.
« Delhaize entend accroître sa position sur le marché belge de la distribution et en particulier dans le segment des magasins de proximité. Grâce à cette acquisition, Delhaize renforcera son réseau de magasins existant », souligne la marque.
Préserver l’avenir de l’entreprise
Pour le groupe Louis Delhaize, la vente de la société Delfood à Delhaize est la meilleure option pour préserver l’avenir de l’entreprise, de son personnel et assurer son développement. Cent cinquante ans après l’ouverture du premier magasin Louis Delhaize en 1875, l’enseigne rejoindra donc le portefeuille des marques et marques Delhaize.
Les craintes du personnel
Côté personnel, cette décision du groupe Louis Delhaize de céder la totalité de sa participation dans Delfood à Delhaize intensifie les craintes des salariés, notamment ceux des sept hypermarchés Cora en Wallonie. Cela pourrait signifier une détérioration des conditions d’emploi ou une incertitude quant à leur avenir professionnel.
Ce retrait progressif du groupe de la grande distribution, après les cessions successives des magasins Match, Smatch et Delitraiteur ces dernières années, suscite en effet des inquiétudes sur l’avenir de l’emploi et la pérennité des activités restantes. Les syndicats, déjà mobilisés pour défendre les droits des travailleurs, craignent des fermetures de magasins, des restructurations ou des suppressions d’emplois dans un contexte de consolidation des marchés.
L’accord doit encore être approuvé par l’autorité belge de la concurrence.
Le groupe Louis Delhaize se « démantèle », les yeux tournés vers Cora
« Le groupe Louis Delhaize est en train d’être démantelé. La famille Bouriez, propriétaire du groupe, est en train de se retirer de ce monde du commerce », analyse Christophe Sancy, rédacteur en chef de Gondola, magazine spécialisé dans le secteur de la distribution.
L’actualité a été particulièrement chargée ces derniers mois dans le secteur de la distribution, et notamment celle concernant le groupe Louis Delhaize. En juillet 2023, Carrefour acquiert pour la première fois les hypermarchés Cora et les supermarchés Match en France. Parallèlement, une annonce a été faite concernant les acquisitions des supermarchés Cora, Match et Smatch au Luxembourg par E.Leclerc.
-Deux mois plus tard, en septembre 2023, Colruyt annonce un accord pour l’acquisition de 28 magasins Match et 29 magasins Smatch en Belgique, qui deviennent Comarché. L’année suivante, le même groupe approuve le rachat de la chaîne de magasins Delitraiteur.
C’est désormais au tour de Delhaize de conclure un accord avec le groupe Louis Delhaize et de reprendre Delfood et les 325 points de vente Louis Delhaize de la structure.
« Il était prévu que Delfood et les points de vente soient repris. La rumeur circulait depuis novembre», souligne M. Sancy. « C’est un concept moderne et il y a quelques pépites dans la liste des points de vente, comme certains magasins dans les stations-service. Il y a un vrai potentiel. Nous avons beaucoup parlé d’une forte concurrence pour les supermarchés, mais nous constatons que les choses changent aussi du côté des commerces de proximité.»
Un « gros coup dur »
Il n’en demeure pas moins que, selon le rédacteur en chef de Gondola, Delhaize “a fait un grand pas”, avec l’acquisition de “nombreux magasins”. Les deux groupes ont confirmé que l’équipe dirigeante et les salariés de Delfood sont maintenus, ainsi que les contrats avec les commerçants affiliés. “Il n’y a pas de volonté affichée de reconvertir les points de vente en Shop & Go”, souligne M. Sancy. Selon ce dernier, il « n’y a pas de menaces particulières pour les magasins ou l’emploi ».
“Delhaize semble l’exclure aujourd’hui”, constate-t-il. Du groupe Louis Delhaize, seule Cora reste en Belgique. Des solutions ont déjà été recherchées mais, pour l’instant, elles restent la propriété du groupe.
« Au moins deux Cora sur les six que compte la Belgique se portent bien », précise Christophe Sancy. « Mais le format hypermarché est un business à part entière et c’est plus compliqué. Leur avenir est un grand point d’interrogation et il est légitime que les salariés se posent des questions. »