« Nous allons nous débarrasser des vérificateurs de faits « . Cette déclaration du patron du Meta, Mark Zuckerberg, mardi 7 janvier, a suscité de nombreuses inquiétudes chez les spécialistes de la lutte contre la désinformation. Tandis que certains souhaitent supprimer le fact-checking sur les réseaux, d’autres tentent au contraire de faciliter l’accès aux informations vérifiées. C’est le cas de l’ONG La Response Tech qui a récemment lancé Vera, un robot de vérification conversationnelle.
Utiliser l’intelligence artificielle pour permettre à chacun de vérifier les informations en temps réel. C’est la mission que s’est lancée le collectif citoyen La Response Tech en développant Vera, un agent conversationnel numériqueaccessible 24h/24 et 7j/7. Concrètement, il suffit d’appeler le numéro de téléphone de Vera, le 09 47 99 12 95 ou de lui envoyer un message sur WhatsApp, en lui demandant si cette information est vraie ou fausse.
Pour cet exemple, nous avons volontairement posé une question sur une fausse nouvelle vérifiée par la cellule Informations de vérification de la RFI. Mais cette intelligence artificielle s’appuie sur le travail de plusieurs centaines de sources fiables, sélectionnées par un comité d’experts. et librement consultable.
« Sur la base de la question posée par l’utilisateur, Vera examinera d’abord si des éditoriaux de vérification des faits ont abordé le sujet. Si ce n’est pas le cas, il cherchera la réponse auprès de 300 sites médias reconnus comme fiables, avant d’en faire une synthèse et de la proposer en temps réel. », explique son fondateur, Florian Gauthier. Techniquement parlant, Vera est basée sur le modèle de langage GPT-4, développé par la société américaine Open AI.
Florian Gauthier- Comment fonctionne Vera
Aujourd’hui, Vera est utilisée par environ 700 utilisateurs uniques chaque semaine.
Une IA modélisée pour éviter les erreurs
Comme tout outil basé sur l’IA, Vera n’est pas infaillible. Il existe un risque d’erreur ou de réponse incomplète. Mais contrairement aux chatbots comme ChatGPT, Perplexity ou Claude, Vera n’a pas été conçue pour répondre à tout prix à la question posée. ” Il est totalement interdit à Vera d’imaginer quoi que ce soit. Dès qu’elle formule une réponse, cette réponse a été donnée par une source fiable et toujours citée. Si Vera ne trouve pas la réponse dans sa base de données, ce qui arrive de temps en temps, elle n’essaiera pas de l’inventer. Elle précisera alors simplement qu’elle n’a pas trouvé de réponse à cette question. », explique Florian Gauthier.
Florian Gauthier – Éviter les hallucinations
Une autre limite est que la base de données ne peut pas être exhaustive. Il est donc possible que Vera vous dise qu’elle ne sait pas même si le sujet a déjà été vérifié. Mais selon nos tests, Vera est aujourd’hui le bot conversationnel le plus efficace pour vérifier des informations en temps réel. À l’avenir, ses créateurs prévoient de rendre Vera multilingue et de proposer le service gratuitement sur d’autres plateformes et réseaux sociaux.
Lutte contre les discours complotistes
Au-delà de permettre ce processus de vérification en temps réel, ce type d’agent conversationnel pourrait également limiter, chez certains utilisateurs, l’adhésion aux théories du complot. C’est ce que montre une étude récente publié dans la revue scientifique Nature. « De nombreuses personnes qui croient fermement à des théories du complot apparemment infondées peuvent changer d’avis lorsqu’on leur présente des preuves irréfutables. (…) Les dialogues avec l’IA réduisent durablement les croyances complotistes, même chez les croyants les plus fervents », concluent les chercheurs.
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Pour Florian Gauthier, « L’intelligence artificielle est un formidable outil pour diffuser de fausses informations. Mais l’IA peut aussi être, au contraire, une véritable piste de réponse pour lutter contre la désinformation ».
