des barrages hydroélectriques à tout prix ?

des barrages hydroélectriques à tout prix ?
des barrages hydroélectriques à tout prix ?

La Chine vient de donner son feu vert à la construction du plus grand barrage hydroélectrique du monde. Le barrage de Motuo, sur le haut plateau tibétain. Un projet pharaonique qui s’inscrit dans un vaste plan de développement des énergies propres dans la région mais qui a des conséquences sur l’environnement et la population et qui inquiète les populations locales et les pays voisins.

Le barrage de Motuo doit être construit sur la rivière Yarlung Tsangpo qui prend sa source sur le haut plateau tibétain. Le projet vise à détourner une partie du courant vers des turbines, pour le rejeter en contrebas. Il aurait une capacité de 60 Gigawatt, soit trois fois le barrage des Trois Gorges, actuellement le plus puissant au monde, qui représente plus de 35 fois la puissance d’un réacteur nucléaire de dernière génération.

L’objectif est « pour accélérer le développement des énergies propres et lutter contre le changement climatique », explique le ministère chinois des Affaires étrangères. 60 % de l’électricité du pays est encore produite à partir du charbon, l’énergie fossile la plus émettrice de gaz à effet de serre.

Tensions autour des ressources en eau

Sauf qu’en bas, lorsque le fleuve change de nom et devient le Brahmapoutre, il traverse leInde et le Bangladeshpays qui s’inquiètent de voir le Échine prendre le contrôle de cette ressource vitale. La Chine a clairement déclaré que le projet n’aurait pas « pas d’effets négatifs en aval », l’Inde vient de lui faire officiellement part de ses inquiétudes et assure qu’elle « fera le nécessaire pour protéger ses intérêts ».

Surtout, la Chine envisage de construire beaucoup plus de barrages dans cette région selon une étude récente de l’ONG Campagne internationale pour le Tibet (ICT), qui a recensé 193 barrages hydroélectriques prévus ou en cours de construction. Un chiffre sans doute inférieur à la réalité, estime l’ONG, car compte tenu des inquiétudes soulevées par ces projets, la Chine évite de les rendre publiques et certains n’ont pas été répertoriés.

« Le Tibet est la région d’où naissent les plus grands fleuves d’Asie et dont dépendent 1 milliard 800 millions de personnes. », rappelle le chercheur tibétain Dechen Palmo. Et le risque d’instabilité politique n’est pas le seul risque, explique-t-elle. En effet, l’objectif de Pékin est d’exploiter pleinement le potentiel de la région et de produire de l’énergie verte pour non seulement alimenter le pays, mais aussi la revendre à ses voisins. ” 80% de ces barrages sont de grands ou méga-projets « . S’ils sont tous atteints » ils pourraient produire plus de 270 Gigawatts d’énergie hydroélectrique, l’équivalent de la production allemande », selon le rapport ICT.

Impacts sur l’environnement et la population

Pour réaliser ses ambitions, la Chine a mis en place « un projet colossal visant à déplacer la population à travers tout le Tibet. On estime que jusqu’à 1 200 000 personnes sont et seront expulsées de leur logement. », affirme Dechen Palmo. « Il y a tellement de temples, de monuments, de sites sacrés… qui seront détruits pour faire place à ces barrages. On sait aussi qu’ils auront un impact important sur les réserves naturelles protégées, zones riches en biodiversité. De plus, la région du Tibet où les barrages seront construits est hautement sismique. Il existe donc un risque réel de tremblements de terre qui entraîneraient des glissements de terrain et des inondations en aval. », énumère le chercheur.

Les Tibétains exigent donc que la transition énergétique du plus grand émetteur mondial de gaz à effet de serre ne se fasse pas en détruisant leurs communautés, leur culture et leurs moyens de subsistance. Il y a un an, lors d’une manifestation contre l’un de ces barrages à Dege, des manifestants, parmi lesquels des moines bouddhistes, suppliaient à genoux les autorités locales de prendre en considération leurs demandes, mais des centaines de personnes ont été arrêtées et le projet a suivi son cours.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV le suspect a utilisé l’IA générative, dont ChatGPT, pour planifier son acte
NEXT Un retour en arrière sur la taxe avion est-il possible ? La ministre Amélie de Montchalin prend position