LLes choses sont allées très vite. Le petit parti libéral Neos avait à peine quitté la table des négociations – destiné à former un gouvernement de coalition tripartite au centre avec le Parti populaire conservateur (ÖVP) et les sociaux-démocrates (SPÖ) – que, de manière surprenante, le chancelier conservateur Karl Nehammer a annoncé sa démission. Samedi. Dans le même temps, il a également renoncé à la présidence de son parti.
Ce dimanche matin, la direction du Parti Populaire a donc nommé son secrétaire général, Christian Stocker, pour lui succéder à la tête du parti, selon le Journal de la Couronne. Agé de 64 ans, Christian Stocker devrait assurer le rôle de chef du gouvernement par intérim.
Il a rapidement déclaré qu’il attendait le Parti de la Liberté (FP)Öd’extrême droite), arrivé en tête aux élections législatives de septembre, est chargé de former un gouvernement après l’échec des négociations pour former une coalition centriste. « Si nous sommes invités à ces négociations [de coalition]nous accepterons cette invitation », a-t-il déclaré à la presse.
Des intérêts divergents
Trois mois après les élections du 29 septembre et après des heures et des heures de négociations, les efforts pour trouver une majorité capable de bloquer l’extrême droite se sont donc effondrés. Principale pierre d’achoppement : le nouveau budget. Karl Nehammer a en effet justifié sa démission par le fait qu’il est « impossible de trouver un accord avec les sociaux-démocrates sur des questions de fond ».
Les libéraux ont également critiqué l’incapacité à concilier des intérêts aussi divergents. La ligne très à gauche du SPÖ, qui veut rétablir l’impôt sur la fortune, est en effet difficilement compatible avec le programme des conservateurs et des libéraux. La formation d’une coalition capable de tenir fermement les rênes de ce pays profondément divisé s’annonce plus difficile que jamais.
Pour rappel : lors des élections législatives de septembre, le FPÖ, l’un des partis d’extrême droite les plus radicaux d’Europe, a remporté une victoire incontestable avec 29 % des voix. Pour la première fois depuis la guerre, un parti d’extrême droite est arrivé en tête en Autriche.
A LIRE AUSSI Les affinités russes de l’extrême droite autrichienneUn résultat d’autant plus inquiétant que son leader Herbert Kickl propose un programme particulièrement dur. Celui qui dirige avec succès le parti depuis 2021 veut faire de l’Autriche une « forteresse ». Il dénonce le pacte migratoire de l’Union européenne (UE), veut imposer la « remigration » de certains étrangers et citoyens naturalisés, et rêve d’un retour à « l’homogénéité » de la société autrichienne et à la défense de ses valeurs chrétiennes. . Pro-Poutine, il est favorable à la levée des sanctions de l’Union européenne contre Moscou et à l’arrêt des livraisons d’armes. Un programme qui a séduit un tiers des Autrichiens.
Les conservateurs (ÖVP), avec 26%, et les sociaux-démocrates (SPÖ), avec 21%, qui avaient passé le flambeau depuis la guerre, ont enregistré de lourdes pertes et ont refusé d’envisager de former un gouvernement avec l’extrême droite. Seule une alliance avec les libéraux aurait permis de donner au pays un gouvernement stable.
Devenez le chancelier du peuple
Deux options, aussi insatisfaisantes l’une que l’autre, se présentent désormais. Premièrement, la convocation de nouvelles élections avec tous les risques d’instabilité que cela entraînerait. Deuxièmement – au vu des déclarations de Christian Stocker ce dimanche –les conservateurs pourraient se résoudre à une alliance avec l’extrême droite.
Cependant, le chancelier sortant Karl Nehammer a continué de s’opposer à un tel scénario, déclarant à qui voulait l’entendre qu’il refuserait d’être le partenaire junior d’une coalition dirigée par Herbert Kickl, qu’il qualifie de « risque pour la sécurité » en raison de la Les affinités pro-russes du leader du FPÖ.
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Kangourou du jour
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En Autriche, l’ÖVP s’est déjà associé à deux reprises au FPÖ pour gouverner au niveau fédéral. Mais les populistes de droite ne sont pas arrivés en tête des élections législatives et ont été contraints d’arroser leur vin. La situation est très différente aujourd’hui. Fier d’avoir été légitimé par les urnes, Herbert Kickl serait sans doute réticent au compromis. Il est également difficile d’imaginer qu’il cède le fauteuil de chancelier à l’ÖVP.
L’échec de ces coalitions plonge donc l’Autriche dans une impasse politique et déstabilise encore davantage un pays déjà politiquement et économiquement fragile. Herbert Kickl, qui n’a cessé de railler les efforts de la « coalition des perdants » pour s’emparer du pouvoir « comme si les élections n’avaient pas eu lieu », ne manquera pas de rappeler les partis traditionnels. Il n’a jamais caché son ambition de devenir le « Volkskanzler », le chancelier du peuple. Que ce nom ait déjà été donné à Hitler dans les années 1930 ne semble pas le déranger.