(Buenos Aires) L’opposant vénézuélien en exil Edmundo González Urrutia a rencontré samedi le président argentin Javier Milei et a annoncé qu’il aurait un entretien avec Joe Biden aux États-Unis, où il se rendra dimanche, quelques jours avant l’investiture à Caracas de Nicolas Maduro, qu’il affirme avoir battu aux élections de juillet.
“Nous avons prévu une conversation avec le président Biden et nous attendons des détails concernant les nouvelles autorités” américaines, a déclaré M. González Urrutia lors d’une conférence de presse à Buenos Aires, faisant référence à Donald Trump qui prendra ses fonctions le 20 janvier.
On ne sait pas quand aura lieu l’entretien avec le président américain sortant.
Edmundo González Urrutia, un ex-diplomate de 75 ans, qui, après l’Argentine, se rendra en Uruguay, prévoit également de se rendre au Panama mercredi, puis en République dominicaine le lendemain.
Buenos Aires et Montevideo ne reconnaissent pas la victoire présidentielle de Nicolas Maduro, comme les États-Unis, l’Union européenne et d’autres pays d’Amérique latine.
“L’Argentine ne sera pas complice du silence face aux injustices et aux abus du régime Maduro”, a assuré à ce propos Javier Milei, dans un communiqué publié samedi.
« Liberté, liberté ! »
Le même jour, des centaines de Vénézuéliens se sont rassemblés sur la célèbre place de Mai, en face de la Casa Rosada, le palais présidentiel argentin. Depuis un balcon, l’opposant, aux côtés de M. Milei, a salué la foule qui l’acclamait.
« Un des moments les plus émouvants que j’ai vécu ! Vénézuéliens, nous nous retrouverons dans les rues de notre pays bien-aimé », a-t-il commenté sur la chaîne X.
Agitant des drapeaux, les participants à ce rassemblement ont scandé « Liberté, liberté ! « .
Luis Soto, un étudiant vénézuélien de 27 ans qui a émigré en Argentine il y a plus de six ans, tenait une pancarte sur laquelle on pouvait lire : « Faites ce qu’il faut, président. »
“Car ce seront des jours compliqués pour sortir de la tyrannie que nous avons”, a expliqué le jeune homme à l’AFP. “Ce ne seront pas des décisions faciles, mais s’il fait la bonne chose, nous lui faisons confiance.”
Edmundo González Urrutia, à qui l’Espagne a officiellement accordé l’asile le 20 décembre, a répété devant la presse qu’il retournerait au Venezuela « simplement pour prendre pleine possession » le 10 janvier, à la place de Nicolas Maduro, du « mandat que les Vénézuéliens ont donné ( pour moi).
“Nous espérons que (l’actuel président vénézuélien) contribuera à une transition pacifique et ordonnée”, a-t-il ajouté.
Samedi après-midi, M. González Urrutia devait se rendre à Montevideo pour rencontrer le président uruguayen Luis Lacalle Pou.
De fortes tensions
Le voyage de M. González Urrutia en Argentine a eu lieu au moment où les autorités vénézuéliennes offrent une récompense de 100 000 dollars pour toute information permettant sa capture et où les tensions entre Caracas et Buenos Aires se sont accrues suite à l’arrestation au Venezuela d’un gendarme argentin.
Les relations diplomatiques entre ces deux pays ont été rompues par les autorités vénézuéliennes après que Javier Milei ait remis en question la réélection de Nicolas Maduro.
La situation s’est encore dégradée ces dernières semaines, le Venezuela ayant arrêté un gendarme argentin qu’il accuse de « terrorisme », ce que Buenos Aires qualifie de « mensonge ».
Vendredi, la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a demandé à Caracas de fournir des informations sur le sort de cet homme, Nahuel Gallo, arrêté le 8 décembre.
“Ses droits à la vie et à l’intégrité personnelle risquent de subir un préjudice irréparable au Venezuela”, a déclaré cet organe de l’Organisation des États américains (OEA).
L’OEA « condamne la détention arbitraire (du gendarme) par le régime vénézuélien », a déclaré son secrétaire général, Luis Almagro.
Jeudi, l’Argentine a annoncé avoir déposé une plainte contre le Venezuela devant la Cour pénale internationale (CPI) pour « détention arbitraire et disparition forcée » de ce gendarme de 33 ans.
Nicolas Maduro a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle du 28 juillet par le Conseil national électoral – considéré comme aux ordres du pouvoir – alors que l’opposition vénézuélienne crie à la fraude.
M. Gonzalez Urrutia, qui s’était présenté au pied levé pour remplacer María Corina Machado, déclarée inéligible, a trouvé refuge en Espagne en septembre tandis que le leader de l’opposition vit caché au Venezuela depuis l’élection.