l’essentiel
Le réalisateur Grégori Baquet revient sur l’amitié entre son père et le photographe intemporel Robert Doisneau.
« Je n’ai sélectionné qu’une vingtaine de photos pour cette exposition, mais ma mère a tout un stock d’archives à la maison ! L’oeil pétillant, Grégori Baquet déambule entre les photos accrochées dans le hall d’entrée du Nouveau Théâtre du Jour. L’exposition « Doisneau-Baquet » réunit jusqu’au 22 mars deux grands amis, le photographe historique et le musicien et comédien aux multiples talents, père de Grégori.
Les deux amis avaient sorti un livre intitulé « Ballade pour violoncelle et chambre noire ». Son et image réunis cette fois sur les murs du théâtre. Son, image et mouvement à travers Grégori Baquet, réalisateur et comédien constamment dans l’action. En tant que réalisateur, c’est également le cas de Robert Doisneau.
« Il construisait ses photos, raconte Grégori, dans le sens où il demandait souvent aux gens de lui rejouer un échange, un mouvement qu’ils venaient d’effectuer. C’est l’histoire qui se cache derrière la célèbre photo du baiser à l’Hôtel de Ville de Paris. Il a vu ce couple s’embrasser, et il leur a demandé s’ils pouvaient lui reconstituer la scène pour la photo ! »
En attendant le moment parfait
Maurice Baquet avec Manhattan en arrière-plan, ou enseveli sous un mètre de neige et cherchant les clés de sa voiture… Certaines images (une seule est en couleur) ressemblent presque à des montages. C’est peut-être là que réside la magie de Robert Doisneau, architecte de l’image capable d’attendre indéfiniment le moment idéal pour activer la caméra. « Il fallait que ce soit juste. Si ça n’en valait pas la peine, ça n’en valait pas la peine. »
Grégori avoue un faible pour la photo de son père abritant son violoncelle sous son parapluie. « Je la voyais très souvent. Elle est devenue une carte postale que l’on pouvait trouver chez les bouquinistes et les maisons de presse… Si vous la regardez bien, vous remarquerez un peintre en arrière-plan. Cela donne corps à la légende selon laquelle même par temps pluvieux, rien n’arrête l’art ! »
L’histoire de ces images est celle de deux grands amis qui discutent, refont le monde, se racontent leur vie. « Ils inventaient des histoires, comme des enfants. La simplicité était leur mot d’ordre. Ils avaient un sourire un peu mélancolique, mais souhaitaient garder le bon côté des humains. »
La vie du musicien racontée en photos
Les anecdotes sont nombreuses. Maître visiteur, Grégori prend plaisir à faire revivre les moments vécus dans son enfance. « Robert était le parrain de mon frère Stéphane, il venait souvent à la maison. Mon frère possède toujours l’appareil photo Leica que Robert utilisait. Une fois, il a fait un court métrage, qui n’est jamais sorti… J’ai joué dedans, et ça a fonctionné de la même manière que pour ses photos : il attendait le bon moment. Cela pourrait durer très longtemps… Avec le violoncelliste Maurice Baquet comme fil conducteur, Doisneau raconte toute une vie.
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