“Les deux! Tout d’abord, je connais très bien son entraîneur, Michaël Van der Plaetsen, et nous avons toujours beaucoup de plaisir à nous retrouver. Ensuite, Nafi ayant encore à l’époque le statut de double championne olympique, il devait voir comment se déroulait sa préparation et comment le COIB pourrait peut-être encore mieux l’accompagner sur la route des Jeux de Paris. Nafi a bien sûr déjà sa propre organisation où tout est très bien organisé mais quand on peut le lui permettre. pour gagner même si c’est plus d’un demi pour cent, je pense qu’il ne faut pas hésiter. Nous avons beaucoup parlé et souligné certains points, je pense, que nous lui avons montré toute notre confiance.
Vous avez même eu l’occasion de partager un de ses entraînements sur le 800 m. Ce que vous avez vu lors de votre visite vous a-t-il rassuré ?
« Oui, complètement. J’ai pu constater que le professionnalisme de Nafi et Michaël était poussé à 200%. Chaque journée d’entraînement commence par une visite chez le kiné, puis un bon échauffement, des étirements, un relâchement des fascias, avant de commencer la séance proprement dite. Et croyez-moi, ce ne sont pas de petites séances ! En termes de performances, Nafi faisait des choses qu’elle n’avait jamais faites auparavant. Spahl, notre chef de mission, et toutes les personnes impliquées au COIB pour dire que tout allait bien, que la préparation allait dans le bon sens. Bien sûr, on ne sait jamais comment s’entraîne la compétition, mais pour nous, c’est le cas. “était déjà très prometteur.”
Est-ce que rester en forme était pour elle l’essentiel avant d’aborder les Jeux Olympiques ?
« Oui, après les problèmes aux tendons d’Achille qu’elle avait vécus en 2023, il fallait surtout que Nafi retrouve toutes ses ressources physiques et puisse garder ce problème sous contrôle. Elle a très bien géré cet aspect avec son équipe médicale en Afrique du Sud et avec l’aide du Dr Bellemans et d’autres membres du personnel ici en Belgique.
mouetteL’euro ? Nafi dégageait tellement de confiance que nous savions que c’était le bon choix.
Avant les JO, il y avait un autre rendez-vous important en juin, les Championnats d’Europe à Rome où elle jouait sa qualification. Une formalité ?
« Nous n’avons jamais douté qu’elle se qualifierait pour cette épreuve mais je ne sais pas si on peut parler de formalité. Il ne s’agit jamais « juste » des Championnats d’Europe, cela reste une compétition de haut niveau, avec de la pression, des attentes et un heptathlon n’est jamais une tâche facile. Mais je n’étais pas d’accord avec l’avis de certains qui considéraient qu’il était risqué d’attendre l’une des dernières occasions de le faire. qualifier. Le risque de blessure est toujours là. en athlétisme. Et s’il y avait eu un accident comme une chute, il y avait quand même un plan B. Quoi qu’il en soit, Nafi dégageait tellement de confiance que nous savions que c’était le bon choix.
Et le déroulement de la compétition lui a donné raison…
« Elle a remporté son troisième titre de championne d’Europe avec un bon total de points (NDLR : 6 848)elle n’a pas seulement essayé de se qualifier. On voyait qu’elle était déjà en forme et qu’elle appréciait la piste. Après cet Euro, tous les observateurs étaient rassurés sur les capacités mentales et physiques de Nafi.»
Euro d’athlétisme : Nafi Thiam remporte son troisième titre européen et valide son ticket pour Paris, Noor Vidts troisième
Celui-ci se présentait comme le grand favori à Paris. Était-elle particulièrement nerveuse à son arrivée ?
« Pas à ma connaissance ! Je n’étais pas au village mais je suis évidemment allé saluer Michaël. J’ai préféré laisser Nafi dans sa bulle de concentration. Elle semblait très bien préparée et sereine, ce que m’a également dit son entraîneur.
mouetteOn a presque regardé davantage les performances de Noor (Vidéos) que ceux de Nafi…
La première journée de l’heptathlon a confirmé ses bonnes intentions, avec une deuxième place provisoire à 48 points de Katarina Johnson-Thompson. Qu’avez-vous ressenti à ce moment-là ?
“Confiant. Et je dois vous dire une chose : on a presque plus regardé les performances de Noor Vidts, qui pouvait finir troisième ou quatrième, que celles de Nafi qui se dirigeait petit à petit vers l’or ! Avec la marge qu’elle a sur ses adversaires lors de la deuxième journée, nous savions qu’elle partait bien.
Une blessure lors du saut en longueur a bien failli compromettre la fin de son heptathlon. Aviez-vous cette information dans le stade ?
« Oui, j’ai reçu l’information assez rapidement mais sans connaître la gravité exacte de sa blessure et surtout sans connaître l’impact qu’elle aurait sur la suite de la compétition. Quand on m’a dit qu’elle avait un problème au genou mais qu’elle allait pouvoir continuer, j’ai quand même poussé un soupir de soulagement. Quand je l’ai vue travailler avec le javelot, j’ai su qu’il était dans le sac.
N’avez-vous pas compté les secondes qui ont suivi l’arrivée du KJT sur 800 m ?
“Oui bien sûr, j’étais assis dans les tribunes avec ma partenaire Evi (Van Acker)et j’avais même mon temps en main, pour Nafi et pour Noor. Pour le premier, on a très vite compris que tout allait bien, et pour le second c’était aussi une fin heureuse. Je ne vous cacherai pas qu’à l’arrivée de la confirmation de ces deux médailles, je me suis assis et j’ai versé une petite larme. Toutes les émotions ressortent dans un moment comme celui-ci. C’était une journée particulière, avec des montagnes russes comme on ne peut en vivre qu’en quelques heures aux Jeux Olympiques : je revenais du hockey, où les Panthers avaient malheureusement été battus pour le bronze, et je regardais dans le en quête de deux médailles, quelques minutes avant d’apprendre que Sarah Chaari avait également décroché une place sur le podium pour ses premiers JO.
Après ce troisième titre olympique, où placez-vous Nafi Thiam dans l’histoire du sport belge ? Y a-t-il encore place à la discussion selon laquelle elle est la plus grande championne que notre pays ait jamais connue ?
mouetteElle est sans aucun doute la plus grande athlète féminine belge de tous les temps.
« Pour moi, cela ne fait aucun doute : Nafi est la plus grande athlète belge de tous les temps. Non seulement elle est la plus grande olympienne, avec trois médailles d’or, mais quand on voit ce qu’elle a gagné comme titres mondiaux et européens entre chacun d’eux, il n’y a pas de discussion possible. Un mot pour résumer son parcours : extraordinaire.
Est-il réaliste de penser qu’elle pourrait encore participer aux Jeux de Los Angeles en 2028 ?
«C’est difficile à dire. Si elle prend bien soin d’elle et de son corps, si elle a l’envie d’y aller, je pense que c’est possible. Mais on se retrouve à nouveau dans des JO complets de quatre ans, et non pas trois comme entre les Jeux de Tokyo et ceux de Paris, et ça change quand même certaines choses. Nafi a raison de vouloir pouvoir profiter de ce qu’elle vient d’accomplir. viendra alors tout seul.
De nouveaux titres mondiaux ou européens peuvent-ils encore suffire à la motiver pendant quatre ans ?
« Je crois que Nafi, avec son palmarès aujourd’hui, ne pense plus ainsi. La seule vraie question à se poser est : est-ce que j’ai toujours envie de mener cette vie de sportif de haut niveau ? niveau? Le grand public sous-estime souvent l’importance des sacrifices consentis au quotidien et de l’investissement permanent que nécessite l’athlétisme. C’est dans le plaisir de pratiquer son sport que Nafi trouve sa motivation plus que dans le sport. objectifs que nous lui avons fixés. Le jour où elle ne voudra plus de cette vie, elle arrêtera, que ce soit avant ou après Los Angeles.